« On n’est pas dans les Experts »

Aubigny. « On n’est pas dans les Experts, ici, madame ». Julien Duchoze, le procureur, n’a pas apprécié qu’un « petit dégât matériel » finisse à la barre du tribunal correctionnel. Le problème, c’est que l’accrochage de la place de l’Eglise à Aubigny n’a pas livré tous ses secrets.

Le 23 décembre 2016, André (1) est interpellé dans l’un des bars de la commune. Un témoin aurait vu une voiture reculer dans la sienne. « Son aile arrière a été enfoncée », commente la présidente, Claire Pian. Le témoin note la plaque d’immatriculation du véhicule mis en cause. Le poursuit, même. « Il prendra des photos de la voiture, qui a continué sa route vers Nieul-le-Dolent ». Cette voiture, c’est celle de Monique (1). La quinquagénaire circulait bien sur cette route, ce jour-là, à la même heure. « Mais je ne me suis pas arrêté à Aubigny », maintient-elle à la barre.

Une version remise en cause par le procureur : « On pourrait avoir un doute s’il y avait une demande de dommages et intérêts formulée par la victime ou une tentative de fraude à l’assurance. Mais là… Madame a percuté ce véhicule et ne veut pas assumer sa responsabilité. Ce que je trouve ridicule ». S’il admet que l’enquête n’est pas allée au bout des choses, il conclut : « On n’est pas non plus sur une scène de crime. On ne va pas faire un prélèvement de la peinture ! » Il requiert 150 € d’amende et une suspension de permis de trois mois.

Me Corinne Girard, avocate de la défense, plaide la relaxe : « C’est quoi l’intérêt de ma cliente ? Elle n’est pas stupide. Elle a maintenu ses déclarations depuis le début ». Ce qu’elle fera encore, en guise de conclusion : « Ça fait trente ans que je passe par là et je ne m’arrête jamais sur ce parking. Je veux bien assumer, mais pas quand je n’y suis pour rien ».

La présidente, Claire Pian, décide de relaxer la prévenue. « La procédure comporte trop de carences. Le doute doit vous bénéficier ».