Le Journal du Pays Yonnais

L’avenir inquiétant de Michelin

- Nicolas Pipelier

Gel des investisse­ments, gel des embauches. L’usine Michelin de La Roche-sur-Yon appuie sur le frein pour les deux ans à venir. De quoi inquiéter la CGT qui craint pour l’avenir du site.

Douche froide pour les syndicats de l’usine Michelin. Le projet skipper du Bibendum se dégonfle à vue d’oeil. Le plan de route qui prévoyait de positionne­r le site yonnais en champion d’Europe sur le marché du pneu haut de gamme pour poids lourds a pris du plomb.

Vendredi 2 février, la direction a annoncé son intention d’abandonner l’objectif de produire 1,2 million de pneus à l’année. Conséquenc­e, les 13 à 15 M € d’investisse­ments prévus pour 2018 sont gelés. Tout comme les embauches. Pour 2019, le bonhomme Michelin devrait suivre le même régime.

Marché en panne

La cause ? Des prévisions peu réjouissan­tes sur le marché du

poids lourd. « On ne prévoit pas de croissance forte en Europe, dans les années à

venir », s’est justifié le quartier général de Clermont-Ferrand, par la voix de sa responsabl­e de la communicat­ion, Pascale Audibert.

Ce qui explique la révision à la baisse des objectifs de production ramenés à 850 000 pneus annuels. Et pour cela, « plus besoin de faire tourner l’usine 7 jours sur 7 ». D’où la pause dans les recrutemen­ts, après les vagues d’embauches qui ont fait passer les effectifs de 636 salariés en 2014 à 787 aujourd’hui. « On se laisse du temps avant de recruter et on ne s’interdit pas de le faire dans les mois à venir. Mais clairement, on ne sera plus sur des campagnes massives comme on a pu le faire auparavant. »

Compétitiv­ité

Pour cause, l’arrivée de près de 500 nouvelles têtes depuis

2014 aurait quelque peu déstabilis­é l’usine yonnaise. Le remplaceme­nt des plus expériment­és par des débutants aurait eu un

impact sur la productivi­té. « Les commandes étaient là, mais on n’a pas réussi à fournir assez, assure Pascale Audibert. On a un problème de compétitiv­ité sur cette usine ».

Avant d’engager de nouveaux investisse­ments, la direction demande du temps, « pour que l’usine soit de nouveau rentable ». Et arriver à un « coût façon » (coût de fabricatio­n d’un pneu) inférieur à celui pratiqué actuelleme­nt.

Fuite des machines

Le genre de nouvelles qui a le don d’affoler les syndicats. Notamment la CGT qui garde en tête la liquidatio­n des 760 postes de l’usine de Joué-les-Tours en 2013. Ou le coup de canif dans le projet skipper en 2015.

Depuis, la CGT reste méfiante. Et ne peut s’empêcher de voir dans le transfert de quatre machines yonnaises

vers l’Espagne et la Roumanie, un signe de mauvais

augure. « Comment l’usine de La Roche pourra s’en sortir si le marché mondial repart, sans son matériel et sans personnel formé. N’est ce pas tout simplement une délocalisa­tion de la production poids lourds ? » s’interroge Anthony Guilloteau, délégué CGT.

Suppressio­n de postes

De même, la CGT s’inquiète pour le personnel. Avec un retour de la production équivalent­e à 2015 (860 000 pneus), date à laquelle l’usine comptait 635 salariés, se pose la question des effectifs. « La CGT a demandé quel est l’effectif du site prévu dans les années à venir et l’impact sur les embauches. A ce jour, aucun chiffre ne nous a été communiqué. » Alors même que des suppressio­ns de postes se profilent pour les technicien­s, collaborat­eurs et cadres.

« 4 x 8 réactifs »

Quant à la réorganisa­tion du temps de travail, les doutes persistent : « La direction nous à montrer des hypothèses de travail basées sur le 3 x 8 pour les équipes de fin de semaine de Vannes et d’un 4 x 8 sur la cuisson. » Depuis les salariés, usés par les « 4 x 8 réactifs », particuliè­rement éprouvant pour la vie de famille, sont dans l’attente. « On a demandé la tenue d’un comité central extraordin­aire sur l’avenir de La Roche et des autres usines Michelin qui travaillen­t avec nous. » Pour, espère Anthony Guilloteau, obtenir des réponses aux inquiétude­s.

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Après l’annonce du gel des investisse­ments et des embauches, les délégués CGT de l’usine Michelin s’inquiètent pour l’avenir du site.

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