Trois questions à François Feuillet, PDG du groupe Trigano*
■ Le contexte géopolitique du moment a poussé de nombreux Français à modifier leurs destinations mais aussi leur type de vacances, à l’heure des congés d’été. Le campingcar tire-t-il profit de ces nouveaux choix ? Le véhicule de loisirs répond à une triple attente : besoin de liberté, souci d’économie et attrait pour l’écologie. À ces fondamentaux s’ajoutent en effet des considérations touchant à la sécurité, à la préférence pour un tourisme diffus plutôt que de masse, autant d’arguments qui peuvent expliquer un regain d’intérêt pour des vacances en camping-car. La crise est vraiment terminée et grâce à des taux de crédit très bas, à la présentation de collections modernes, séduisantes et très bien équipées, on voit non seulement l’attrait des seniors pour la formule mais aussi l’émergence d’une nouvelle clientèle plus jeune, séduite de surcroît par une offre inédite du côté des vans et des fourgons.
■ Justement, vans et fourgons aménagés ont été en quelque sorte les vedettes du dernier salon du Bourget, avec une offre particulièrement riche et variée. Comment voyez-vous évoluer ce segment et répond-il aux attentes d’une nouvelle clientèle ? Il s’agit d’un phénomène que l’on observe partout en Europe. Le van représente déjà un quart des ventes sur le marché anglais et même un peu plus que cela en Allemagne. Si certains camping-caristes “classiques” ayant possédé un profilé ou un intégral passent au fourgon, on note aussi un intérêt manifeste de la part de clients n’ayant jamais eu de camping-car. Ils raisonnent comme pour l’acquisition d’une automobile, en coût mensuel plutôt qu’en prix d’achat, et ce véhicule remplace souvent la seconde voiture. Par ailleurs, il n’y a pas assez d’occasions à la vente, ce qui stimule le marché du neuf. Nous avons pris la mesure de cette attente chez Trigano et aurons, fin décembre 2017, triplé notre capacité de production, passant de 2 200 véhicules en 2014/2 015 à 6 600.
■ Au travers du groupe que vous présidez, cohabitent plus de vingt marques de camping-cars, avec des usines produisant principalement en France, mais aussi dans plusieurs pays d’Europe. Quel est votre secret pour continuer de gagner des parts de marché dans un secteur aussi concurrentiel ? Nous disposons en effet d’unités de production dans cinq pays. Les modèles qui y sont assemblés sont destinés au marché local comme à notre marché national. Toute la différence avec certains de nos concurrents se fait sur la recherche du meilleur rapport qualité/prix mais aussi sur cette idée forte qu’il faut être Italien quand on fabrique en Toscane, Espagnol dans la péninsule ibérique, Allemand de l’autre côté du Rhin ou Anglais outre-Manche… Trigano n’impose ni un goût ni des équipes françaises à des professionnels qui connaissent sur le bout des doigts les attentes de leurs clients.
(*) Trigano est le numéro 1 du camping-car en Europe. Le groupe emploie plus de 5 000 personnes dans neuf pays et réalise un CA supérieur à 1,3 milliard d’euros. Plus de 30 000 VDL ont été vendus par Trigano, dont 24 200 camping-cars (principales marques : Challenger, Chausson, Autostar, McLouis, Notin, CI, Roller Team, Bénimar, Eura mobil, Mobilvetta, Font-Vendôme, Rimor…)