PREMIER REPORTAGE en camping-car
Deux jeunes journalistes complètement étrangers au secteur du camping-car ont été invités à tenter l’expérience du véhicule de loisirs par le site Internet Yescapa (spécialisé dans la location de camping-cars entre particuliers). Nous étions là pour recue
Si vous re gardez de temps en temps le journal télévisé, vous êtes forcément tombé par hasard sur un reportage consacré au campingcar. “Ah, ces journalistes, ils n’y connaissent rien, et donnent leur avis sur tout”, avez-vous pesté sans pour autant changer de chaîne. Eh bien nous allons enfin apprendre ce qui se passe quand deux jeunes journa- listes découvrent le campingcar pour de vrai. L’a i r e d e camping-cars d’Hourtin est à moitié déserte en cette matinée du mois de mai, sous un ciel bleu quasi estival. Une jeune femme en robe jaune et sandalettes sort d’un fourgon Dreamer : “J’ai passé une nuit atroce ! Ça m’a dégoûtée du camping-car.” Anissa a 27 ans. Elle travaille depuis quelques mois au service culture
et loisirs en Ile-de-France du quotidien Le Parisien. “Je n’ai pas dormi de la nuit à cause d’un bruit qui se déclenchait à chaque fois que je fermais l’oeil. J’ai même envisagé de partir dormir dehors. J’ai trouvé comment faire mais seulement ce matin : toute la nuit, j’appuyais sur le mauvais bouton. Il y a une fuite d’eau dans la douche. C’est vraiment le combo de la lose.” Guillaume la rejoint. Grand et rigolard, il a un peu l’allure guillerette et désinvolte du détective Magnum. “Pendant que je passais devant un camping-car, il y avait Jean-Jacques Bourdin à la radio”, nous raconte-t-il, heureux et dépaysé. Ce Lyonnais natif d’Annecy est blogueur pour le site Internet Presse-Citron, spécialisé dans l’actualité des nouvelles tech- nologies. Guillaume vient de passer la nuit dans une capucine Adriatik d’un peu plus de dix ans d’âge. Et il a parfaitement bien dormi, au point de se lever plus tôt que prévu pour une balade sur les rives du lac d’Hourtin. Anissa et Guillaume ne se sont pas retrouvés là par hasard : ils sont les invités du site Internet Yescapa, spécialisé dans la location de camping-cars entre particuliers. Pendant trois jours et deux nuits, ils vont mener une petite vie de camping-caristes, en t r e La c a n a u , Ho ur t i n , Montalivet et Soulac-sur-Mer. Pourquoi une telle invitation ? La start-up Yescapa souhaite familiariser des journalistes avec la pratique du camping-car et leur faire connaître ses activités, de manière à permettre à ces jeunes rédacteurs de transmet- tre à leurs lecteurs l’envie de tenter comme eux l’expérience du camping-car. Et ce n’est pas si mal parti. A Valentine et Caroline, organisatrices du voyage qui arrivent pour le petit-déjeuner, Anissa raconte les mésaventures de la nuit, et commence à en sourire. Guillaume, quant à lui, entre deux bouchées de brioche industrielle, se remémore ses souvenirs d’enfance : “Mes parents avaient un J7 aménagé. Ma mère préparait le café pendant que mon père conduisait, porte latérale ouverte.” La nostalgie s’invite autour de la table pliante du petit-déjeuner, mais pas pour longtemps. Le planning de la journée est serré, il est temps de prendre le volant. Anissa ne souhaite pas conduire, c’est donc Guillaume qui se charge du fourgon. Le soin de piloter la capucine est laissé au journaliste du Mo nd e du Camping-Car… Et la route ne posera aucun problème. Elle conduira les chanceux reporters chez un éleveur d’huîtres puis dans un restaurant de Saint-Vivien-de-Médoc, pour s’ache ver sur la plage de Montalivet. C’est une fois en maillot de bains, allongés sur le sable sous un soleil de grandes vacances, qu’ A n i s s a et Guillaume passent aux confidences. “Moi, le camping-car, ce n’est pa s mo n tr u c , comme n ce Anissa. En vacances j’aime avoir plus de confort que dans le quotidien. Déjà que dans la vie mon studio à Paris fait 30 m2… En camping-car, t’es un peu en mode djobi-djoba.” Il faut dire que la jeune femme, qui a grandi dans la banlieue parisienne, n’est pas une enfant de la balle. “Je pense que l’esprit du camping-car, on en hérite, nous ditelle avec lucidité. Avec mes parents, on ne faisait pas ça.” Pour autant, n’allons pas croire qu’Anissa soit une citadine douillette. C’est une voyageuse, qui a baroudé en Iran et en Australie avec une copine dans un petit van aménagé. Mais l’expérience lui a laissé de mauvais souvenirs : “En Australie, le dernier jour on entre dans un par-
“En camping-car, t’es un peu en mode djobi-djoba.” Anissa
king souterrain. La hauteur à la sortie n’était pas la même qu’à l’entrée. On a bloqué le parking, et ça nous a coûté 1 000 $ chacune (environ 660 €).” Guillaume, lui, n’est pas du tout néophyte. “J’ai toujours associé le voyage à l’itinérance en camping-car, parce que c’est comme ça qu’on voyageait avec me s p a re nt s qu a n d j’ é t a i s enfant. Le vivre-ensemble dans le camping-car, c’est une des premières valeurs qui m’ont été inculquées : avec ma soeur on se disputait pour savoir qui dormirait sur le hamac.” Quelques années plus tard, les parents ne sont plus du voyage, mais l’aventure continue : “Mes premières vacances entre potes, c’était dans un combi Volkswagen à toit levable. Un tour d’Europe de l’Est pendant un mois. Au bout de 40 km on pète le câble d’embrayage.” Guillaume évoque alors “les premières engueulades entre potes à cause de la promiscuité, les coups de flippe quand tu cherches un endroit où dormir, qu’il est 23 heures et que tu ne sais pas où t’arrêter.” Guillaume continue son récit; on découvre qu’à chaque étape de sa vie un fourgon aménagé est dans les parages : “A 30 ans, j’ai récupéré un van prêté par des amis à Bordeaux. On a voyagé avec ma copine, en Espagne et au Pays basque, et c’est au pied du camping-car que j’ai fait ma demande en mariage, devant un panorama incroyable, assis sur un fauteuil Decathlon face au soleil couchant.”
Les vidanges, on en rit
La suite du voyage permet à nos deux camping-caristes en herbe d’appréhender la réalité de la pratique du camping-car. La nuit sur l’aire de Grayan-etl’Hôpital, dont la borne n’accepte que les jetons. C’est donc à Soulac-sur-Mer que les deux journalistes procèdent aux vidanges exigées par les propriétaires des véhicules. Sans se boucher le nez, mais en riant beaucoup. On retrouve les loueurs, justement, quelques heures plus tard. Les véhicules leur sont rapportés chez eux. S’ensuit un bref état des lieux, lors duquel les deux propriétaires se montrent peu scrupuleux. “J’ai eu de la casse sur une baie, une fois, explique Luc, propriétaire de la capucine. C’est un enfant qui avait forcé dessus. L’assurance de Yescapa m’a dédommagé.” A l’heure de dresser le bilan du séjour, Anissa est beaucoup plus positive qu’au départ. “On aurait beaucoup moins ri si on n’avait pas été en camping-car. Quand on a pris le petit-déjeuner devant la mer sur l’aire de Soulac, et même les rigolades pendant la vidange, ça fait tomber les barrières, ça crée des situations hyperdrôles. Ça révèle les besoins primaires de l’homme, et ça empêche d’être snob.” Guillaume lui aussi est satisfait : “Quand tu es au volant, tu te sens responsable. Il y a toujours le moment où tu te vois dans le rétro, et tu te dis « c’est moi, là». Au moment de prendre la route, tu sais qu’il va falloir faire très attention, avec de grands angles morts et un grand gabarit. Il y a un côté très père de famille.” Pour ces deux jeunes journalistes, la première expérience du camping-car fut donc avant tout une sympathique aventure humaine.