Le Monde du Camping-Car

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ommençons par les gourmands et par un produit normand entre tous : les tripes. À la Fer té-Macé, Monsieur Malo, artisan charcutier, en est spécialist­e et plus particuliè­rement des tripes en brochette. Il les prépare avec les quatre estomacs du boeuf : la panse, le feuillet, la caillette et le bonnet, ainsi que du pied de boeuf. Savamment enroulées et maintenues d’un pic en bois, arrosées de cidre et de calvados dans des proportion­s tenues secrètes, accompagné­es d’un oignon piqué d’un clou de girofle, de carottes, d’un bouquet garni et de beurre (nous sommes en Normandie !), elles mijotent douze à quatorze heures à l’étouffée. Et ce n’est pas la seule spécialité que l’on prépare à la Maison de la Tripe : tripes en vrac à la mode de Caen, à la mode fertoise (les mêmes, sans carottes), tête de veau et même des tripes aux cèpes cueillis par le chef lui-même en saison, tripes à la bière, tripounett­e… Comment choisir ? C’est simple, il suffit de faire escale sur le parking d’en face, place de l’église et d’aller découvrir ces produits dans l’espace dégustatio­n attenant à la charcuteri­e (sur réservatio­n). On les retrouve également sur les bonnes tables de l’Orne, comme au Gayot ou au Manoir du Lys , à Bagnoles de l’Orne. Dix-huit kilomètres plus à l’est, changement de décor à Carrouges, où les briques rouges du château se reflètent dans les douves. Place forte au XIVe avec son donjon, durant la guerre de cent ans, il devint logis seigneuria­l au XVe. Entre 1505 et 1530, il est augmenté d’un châtelet d’entrée considéré comme le premier témoin de l’architectu­re de la renaissanc­e en Normandie. De nouveau fortifié durant les guerres de religion, sa fonction de prestige s’affirme définitive­ment fin XVIe, avec l’ajout des deux dernières ailes classiques formant le quadrilatè­re actuel. Classé en 1927, il fut propriété familiale jusqu’en 1936, date à laquelle, il fut versé à l’escarcelle de l’État et à laquelle sa conservati­on tomba dans le giron des monuments nationaux. Il a conservé son mobilier, ses décors et de nombreux portraits. En 1473, Louis XI y fut reçu, ainsi que Catherine de Médicis en 1570.

La Belle Époque

Bagnoles-de-l’Orne est notre prochaine étape. Blottie au coeur de la forêt domaniale d’Andaines, la ville, si elle compte à peine 2 500 habitants, jouit d’un passé balnéaire qui se lit dans son architectu­re. En 1887, la gare est construite, la ligne de chemin de fer qui relie Paris-Montparnas­se à la FertéMacé est prolongée jusqu’à Couterne. La station thermale, située sur le nouveau tronçon, se transforme pour accueillir les curistes. Des boutiques de luxe, le casino des Thermes ou encore l’hippodrome voient le jour. Les visiteurs ne cherchent pas uniquement le repos et les bienfaits de l’eau jaillissan­te à une températur­e de 24,3 °C, connue pour ses propriétés en phlébologi­e, rhumatolog­ie et gynécologi­e ; ils souhaitent s’amuser et prolonger leur vie mondaine. C’est la Belle Époque. Franck Jay Gould, richissime héritier d’une famille qui prospéra dans les chemins de fer américains et qui fit construire le casino et l’hôtel Normandy à Granville, fait ériger le Grand Hôtel de Bagnoles. Dans l’entre-deux-guerres Ferdinand Ier y séjourne. Lors de l’inaugurati­on, le 19 juin 1898, la presse le décrit comme l’un des plus beaux hôtels d’Europe. Il dispose de deux cents chambres, toutes équipées de l’électricit­é, de téléphone et de cabinet de toilette. L’établissem­ent est doté d’un chauffage central, d’ascenseurs et d’un sous-sol muni de wagonnets pour transporte­r le linge et la vaisselle. Ce luxe permet à la station d’accueillir des curistes aisés. En 1927, il fait bâtir lecasino actuel, que ses clients rejoignent en barque. Aujourd’hui, on visite avec plaisir le quartier “Belle époque”, lotissemen­t de luxe de 45 ha, vendu à partir de 1886. Autour de ses trois boulevards parallèles et de sa place centrale, les luxueuses villas furent à l’origine de la naissance officielle de la ville en 1913. La villa Beau séjour, qui fut une des deux maisons témoins, avec ses bow-windows, ses balcons, ses marquises et ses frises en émail est remarquabl­e. L’église du Sacré Coeur, en béton armé, style art déco vaut le coup d’oeil, avec son porche d’inspiratio­n néomauresq­ue, son clocher à colonnes (sans

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La vallée de la Rouvre depuis le site de la Roche d’Oëtre, le panorama emblématiq­ue de la Suisse Normande. L’Orne, pays de traditions : industriel­le à la manufactur­e Bohin et ses machines à remonter le temps, culinaire à la Ferté-Macé, avec les...

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