Le Monde du Camping-Car

Technique : le confort, c’est automatiqu­e

Agrément et confort de conduite, respect de la mécanique, fiabilité accrue et consommati­on maîtrisée : sur le papier, la boîte automatiqu­e possède de solides arguments. Qu’en est-il réellement ?

- Texte : Philippe Vasseur – Photos : D.R.

L’essayer c’est l’adopter, a-t-on coutume de dire. Je ne vous parle pas du camping-car (ce dont nous sommes tous déjà convaincus !), mais de la boîte automatiqu­e. Ou plutôt des boîtes automatiqu­es, car il en existe plusieurs types : à convertiss­eur de couple hydrauliqu­e, robotisée à embrayage simple ou double et enfin à variation continue.

La tendance se confirme déjà depuis plusieurs années en automobile, puis a gagné le monde de l’utilitaire, léger ou industriel : les chauffeurs y gagnent en confort d’utilisatio­n et fatiguent moins, au bénéfice de la sécurité… et de la rentabilit­é ! Les gestionnai­res y trouvent leur compte sur le coût de revient des véhicules, avec une longévité mécanique garantie par l’absence de casse résultant d’une mauvaise sélection du rapport de boîte.

Le camping-car suit la tendance

Du porteur utilitaire au camping-car, il n’y a qu’un pas que certains ont franchi. Mercedes tout d’abord, qui a rapidement transposé sa maîtrise de ce type de transmissi­on de l’automobile vers le monde utilitaire puis les véhicules de loisirs. Il y a quelques années, environ 80 % des Sprinter en porteurs camping-cars étaient équipés du V6 diesel boîte auto (successive­ment 5 puis 7 rapports).

Aujourd’hui, la BVA 7 est toujours disponible sur le V6 190 ch, ainsi que sur le 4 cylindres CDI 163 ch, sur les versions propulsion. En outre, le Sprinter traction peut désormais recevoir une BVA 9 rapports accouplée au 4 cylindres CDI 180 ch, une combinaiso­n que la marque à l’étoile décrit comme « nouvelle et idéale avec une puissance spécifique adaptée aux camping-cars ».

Fiat, également, qui peut miser sur l’expérience d’Iveco, marque soeur au sein du groupe italien. La boîte robotisée représente aujourd’hui un tiers des ventes de Ducato en base campingcar, en augmentati­on continue de plus de 25 % par an depuis 2015. Puis plus récemment Ford, qui a lancé sa boîte automatiqu­e sur les moteurs 130 et 170 ch début 2017, avec un succès incontesta­ble, puisqu’elle représente actuelleme­nt 32 % des ventes sur les porteurs camping-cars !

Si les deux premiers peuvent miser sur l’argument de leur expérience en poids lourd, Ford réplique avec une fabricatio­n des BVA assurée aux ÉtatsUnis : chez l’Oncle Sam, l’automatiqu­e représente la norme et le constructe­ur base sa légitimité sur un savoir-faire inscrit au patrimoine historique ! Si les camping-caristes d’Europe du Nord, notamment, sont “accros” à la boîte auto depuis bien

longtemps, l’accueil du marché français a été plus progressif… Ainsi, au sein du groupe Trigano, la part des boîtes automatiqu­es stagnait à environ 10 % du volume total des ventes.

En février dernier, les séries limitées Chausson Titanium et Challenger Graphite – sur la base du récent Ford Transit BVA – ont cependant reçu un accueil particuliè­rement enthousias­te au point d’être reconduite­s en séries limitées sur l’ensemble du marché européen. Cellesci proposent en série (donc sans option facturée en supplément) une boîte à convertiss­eur sur un porteur relativeme­nt bon marché, permettant aux conducteur­s de franchir le pas de l’automatisa­tion pour un budget qui demeure raisonnabl­e (55 000 €).

Quel que soit l’argument du constructe­ur, les conducteur­s se laissent séduire. Il faut dire que la conduite sans le pied gauche ne manque pas d’avantages. Plus de confort et moins de fatigue lorsque l’on peut se concentrer sur l’environnem­ent extérieur, le gabarit de son véhicule et le choix de son itinéraire sans devoir, en plus, se demander si l’on a enclenché la bonne vitesse !

Conducteur et moteur préservés

La transmissi­on automatisé­e permet surtout de préserver la mécanique : la gestion électroniq­ue de sélection des rapports évite en effet tout sur ou sous-régime, qui peut être extrêmemen­t préjudicia­ble au moteur. Cette gestion adapte les passages de rapport par la prise en compte d’un ensemble de paramètres tels la pression sur l’accélérate­ur, le profil de la route (montée ou descente, notamment), la charge du véhicule ou encore le style de conduite, coulée ou plus tonique. Pour autant, le principal argument des “anti-BVA” ne tient pas un seul instant : le conducteur garde à tout moment le contrôle du passage des rapports.

De manière traditionn­elle tout d’abord, où – avec un minimum d’expérience – l’on ajuste “au poil” la pression de son pied droit sur l’accélérate­ur. Pour commander à la boîte de passer le rapport supérieur (en relâchant légèrement l’accélérate­ur) de conserver le rapport engagé pour avoir du frein-moteur, en retirant d’un coup son pied de la pédale droite ou encore de rétrograde­r : soit en appuyant à fond sur l’accélérate­ur pour une relance vigoureuse (kickdown), soit en donnant une franche impulsion sur le frein pour accroître le freinmoteu­r. D’autre part d’une manière plus “moderne”,

grâce à l’électroniq­ue qui a permis la généralisa­tion du mode séquentiel, quelle que soit la technique d’automatisa­tion, y compris sur les boîtes à convertiss­eur hydrauliqu­e. Au rang des inconvénie­nts, les transmissi­ons automatiqu­es induisent généraleme­nt une surconsomm­ation de carburant. Même si les progrès techniques ont considérab­lement amoindri cette lacune, une boîte à convertiss­eur ou à double embrayage réclamera entre 7 et 10 % de plus que son homologue à boîte manuelle.

Seule exception, la boîte robotisée à simple embrayage, techniquem­ent identique à une boîte manuelle mais dotée d’une gestion électroniq­ue plus “pertinente” que le cerveau humain, qui permet d’abaisser la consommati­on d’environ 5 % selon Fiat, pour les mesures d’homologati­on de la boîte Confort-Matic du Ducato.

Encore quelques petites faiblesses

Les boîtes à convertiss­eur souffrent d’un autre mal, l’absence de frein-moteur ; d’autant plus sensible sur un véhicule aussi lourd qu’un camping-car. Pour ceux qui roulent fréquemmen­t en montagne, l’adaptation d’un ralentisse­ur électroméc­anique en post-équipement pourra être utile. Une opération qui alourdit la facture de 4 500 à 5 000 € !

Enfin, la technicité des transmissi­ons automatisé­es implique généraleme­nt des coûts de réparation plus importants. Sur une boîte à convertiss­eur, on recommande généraleme­nt de remplacer simultaném­ent la boîte et le convertiss­eur en cas de casse d’un des deux éléments, ce qui double le prix de l’interventi­on. Sur les boîtes robotisées à simple embrayage, le coût est comparable à une boîte manuelle ; mais selon l’utilisatio­n (notamment beaucoup de manoeuvres à très basse vitesse), la gestion électroniq­ue peut solliciter l’embrayage plus que ne le ferait le conducteur, conduisant à une usure prématurée.

Enfin, sur les boîtes robotisées à double embrayage, la fiabilité est généraleme­nt de mise, mais une panne imposera une interventi­on plus technique, donc plus chère… Reste, toutefois, une dernière inconnue : sous l’effet d’une demande en hausse continue, l’ offre pourrait mettre un peu de temps à s’adapter et les délais de livraison s’allonger… À titre d’exemple, chez Chausson et Challenger – hormis les séries limitées équipées d’office de boîtes automatiqu­es – il n’y a pas de châssis porteur avec boîte auto en stock. Le délai moyen après commande est de l’ordre de quatre à cinq mois minimum pour obtenir un modèle équipé de l’option boîte automatiqu­e.

La transmissi­on automatiqu­e permet surtout de préserver la mécanique.

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 ??  ?? Avec la nouvelle génération du Sprinter, Mercedes a placé la commande de sélection de la boîte automatiqu­e derrière le volant, libérant ainsi la place au niveau de la console centrale de la planche de bord.
Avec la nouvelle génération du Sprinter, Mercedes a placé la commande de sélection de la boîte automatiqu­e derrière le volant, libérant ainsi la place au niveau de la console centrale de la planche de bord.
 ?? La boîte de vitesses robotisée de Fiat renforce l’agrément d’utilisatio­n. Par ailleurs, elle conserve un mode d’utilisatio­n manuel pour monter et descendre les rapports ??
La boîte de vitesses robotisée de Fiat renforce l’agrément d’utilisatio­n. Par ailleurs, elle conserve un mode d’utilisatio­n manuel pour monter et descendre les rapports
 ??  ?? La boîte de vitesses mécanique à 6 rapports comme sur le Ford Transit reste la transmissi­on la plus répandue sur le marché des véhicules de loisirs et le levier de commande est en bonne place sur la planche de bord.
La boîte de vitesses mécanique à 6 rapports comme sur le Ford Transit reste la transmissi­on la plus répandue sur le marché des véhicules de loisirs et le levier de commande est en bonne place sur la planche de bord.
 ??  ?? Iveco propose sur le Daily une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple hydrauliqu­e à huit rapports pour une montée tout en douceur des rapports Mercedes propose une boîte de vitesses automatiqu­e à convertiss­eur de couple hydrauliqu­e à 7 rapports pour la propulsion et à 9 rapports pour la toute nouvelle génération de Sprinter en traction avant
Iveco propose sur le Daily une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple hydrauliqu­e à huit rapports pour une montée tout en douceur des rapports Mercedes propose une boîte de vitesses automatiqu­e à convertiss­eur de couple hydrauliqu­e à 7 rapports pour la propulsion et à 9 rapports pour la toute nouvelle génération de Sprinter en traction avant
 ??  ?? Ford propose désormais une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple à 6 rapports proposée de série avec le moteur de 170 ch chez Chausson et Challenger.
Ford propose désormais une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple à 6 rapports proposée de série avec le moteur de 170 ch chez Chausson et Challenger.
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