Cahier exclusif : les 142 aires de services de l’île des Baléares à Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
rouge. Mais Wareham va résonner dans la tête de beaucoup d’entre vous si je vous dis « Lawrence d’Arabie ». C’est en effet dans cette campagne, au camp de Bovington, qu’une promenade à moto – une Brough Superior –, le 13 mai 1935, fut fatale à T.E Lawrence. Les admirateurs se rendront dans l’église St-Martin où se trouve un gisant de Lawrence en habit de Bédouin. Nous n’en avons pas fini avec ce personnage emblématique, mais continuons notre visite. Le must à Wareham : prendre une collation, voire déjeuner ou dîner, à l’auberge « The Old Granary ». Un prix très raisonnable pour des plats délicieux. Et s’il fait beau, ce moment-là vous le passerez en terrasse, bien installé sur les bords de l’eau. Ensuite, direction Swanage. Pour sa promenade le long de la plage, son estacade en bois et sa baie. Mais aussi et surtout pour The Great Globe. Le grand globe terrestre de Swanage est l’une des plus grandes sphères de pierre au monde. Il est construit en pierre de Portland, un calcaire de la période Jurassique exploitée sur l’Île de Portland, ici, dans le Dorset. Pas tout à fait une île mais plus précisément une presqu’île rattachée par un isthme à la ville de Weymouth. Pour dénicher ce globe de près de 40 tonnes et 3 mètres de diamètre, l’itinéraire est un brin compliqué. Première étape : rejoindre Swanage. Si vous souhaitez profiter du bon air que procure la baie de cette station balnéaire, pas de problème mais visez bien, visez juste au niveau stationnement. À savoir, le Main Beach parking Car Park, sur Victoria avenue. Aucun souci pour s’y garer. Et vous êtes à 500 mètres de la plage. Pour le globe, programmez Durlston Road. Le Durlston Country Car Park est au bout par Lighthouse Road, la route du phare. Et encore une fois, aucun souci pour se garer avec un camping-car. De la place, en veuxtu en voilà ! De là, vous partirez à pied sur St Catherine Road vers le Seventh Wave (un snack), puis un petit chemin gravillonné vous mène au globe avec une vue superbe sur la côte, la baie de Swanage et la Manche. Cette première vision du Dorset maritime va vous donner envie d’en savoir plus, d’en connaître un peu plus. Car il y a deux faces à ce superbe comté du Dorset. Côté pile, la mer, côté face, une campagne improbable, habillée de villages à toit de
chaume. Dans l’immédiat, et si la nuit vous tombe dessus, un coin sympa peut faire office de bivouac pour une nuit : le parking du phare. Pour atteindre le phare de l’île de Portland, encore une fois, aucun souci ! Et franchement l’endroit est idéal pour rêver du grand large, sous le balayage d’un superbe feu. De Weymouth – comptez une heure pour le rejoindre de Swanage – suivre Portland Beach Road, une immense plage, puis une p’tite grimpette, A.354, Pennsylvania Road, Southwell Road – vous en profitez pour jeter un oeil à cette carrière qui exploite la fameuse pierre de Portland – et enfin Portland Bill Road. Le phare de l’île de Portland est là qui vous tend la main, tout proche d’un grand parking. Extra ! Ici vous en prenez plein les mirettes : embruns, bon air, iode, vent, réverbération… Cette pointe est si dégagée qu’elle s’offre à tous les vents et caprices météorologiques ! Quant au phare, il est superbe avec sa grosse collerette rouge. Ses mensurations sont assez classiques : 41 mètres de haut, 43 pour le feu – allumé pour la première fois en 1906 –, et 153 marches. Il est largement battu par celui de l’île Vierge dans le Finistère Nord : 397. Les marins l’identifient grâce à sa signature : sa lumière qui porte jusqu’à 24 miles clignote quatre fois toutes les 20 secondes. Mais vous apprendrez tout cela et bien plus encore en franchissant son seuil car il est ouvert à la visite.
150 km de falaises
Le lendemain matin, c’est à une balade très rafraîchissante que je vous convie. Direction Durdle Door. Vous programmerez Lulworth sur le « Gi Pi S». Certainement l’un des sites maritimes, sinon « Le » site le plus remarquable de la côte du Dorset. Mais sachez-le, pour contempler cette porte-là, il vous faudra en franchir une
autre, qui s’ouvre et se ferme à heure fixe. Et d’emblée vous êtes mis devant le fait accompli, quittant la B.3070 pour, sur votre droite, une petite route d’accès : « Pay and Display ». L’entrée du site dépend en partie d’un camping et de son gardien qui veille. Mais le matin, le désagrément d’une horloge qui sonne l’heure de sortir illico ne se pose pas. Et au bout du chemin… La mer et un paysage que l’on peut qualifier de grandiose. Une icône du paysage anglais, comme peut l’être notre aiguille creuse à ÉtretatÉtretat. Cette porteporte, cette « Arche », est sisituée sur une côte que nos amis anglais connaissent bien et qu’ils nomment couramment « Jurassic Coast ». 150 kilomètres de littoral accidenté, constitué principalement de falaises. Tous les ingrédients pour de superbes balades et de belles photographies. Cette… Jurassic Coast est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Et « Durdle Door », là où nous sommes, et « Lulworth Cove », là où nous nous rendrons, sont deux des principaux points attractifs de cette frange accidentée du littoral anglais. Et si la randonnée sur des chemins balisés ne leur suffit pas, les passionnés de fossiles se feront un plaisir de dénicher-là des traces d’un passé lointain, voire de visiter le Dorset County Museum de Dorchester. Un établissement passionnant. Ainsi le Pliosaure – une grosse bébête de la fin du Crétacé – n’aura plus de mystère pour eux, pour vous ! À peine 10 minutes – par la B.3070 – séparent Durdle Door de Lulworth Cove. D’ailleurs beaucoup partent de Lulworth pour, empruntant un sentier balisé, filer vers l’arche ! Ici pas d’arche donc,donc mais une impression-impression nante baie, quasi fermée. Ce cratère à ciel ouvert qui s’ouvre sur la Manche surprend tous ceux qui l’approchent. Et pour l’approcher vous stationnez votre camping-car en descendant Main Road… Quant à se balader sur cette étrange crête, aucun risque : un sentier est balisé.
Sur les traces de Lawrence d’Arabie
Voilà pour le Dorset, côté mer. Mais il existe un autre Dorset. Un comté plus effacé dans sa géographie bocagère et forestière. Un comté qui reflète parfaitement l’ambiance XIXe et le cadre rural des romans de Thomas Hardy : ils se déroulent presqu’exclusivement dans cette campagne anglaise, superbe, que je vous propose de visiter. Et pour bien débuter ce voyage de l’intérieur, une destination : Shaftesbury. Vous êtes à une bonne heure de la côte. Le camping-car n’aura aucun mal à se frayer un chemin sur les quelque 60 kilomètres qui vous mènent vers cette grosse bour
gade. Un conseil, faites-le un dimanche après-midi : il vous sera ainsi plus aisé de stationner au car park de Bell Street ou mieux, sur le parking du Tesco. À pied, vous vous dirigerez vers le lieu emblématique de la ville : Gold Hill. Gold Hill… Lorsque vous êtes sur High Street – la rue principale avec ses commerces, ses pubs…– dirigezvous vers l’église St Peter’s church. Et là, prenez cette ruelle très étroite, à peine visible, coincée entre la bâtisse religieuse et le Costa Coffee. Vous y êtes ! Descendez… Gold Hill vous plonge, l’espace d’un instantané, dans une Angleterre d’époque. En l’occurrence, le XVe… À l’époque les rues étaient pavées : celle-ci l’est demeurée. Sa rangée de maisons historiques balise une perspective unique et très… romantique ! Vue d’en haut – c’est le meilleur emplacement pour réaliser des photographies – on s’attend à voir surgir une paysanne, un ramoneur, des enfants qui courent… Gold Hill est tel un décor de cinéma, mais bien réel. Et si vous descendez cette rue, ce que vous ne manquerez pas de faire, attention, car Dieu que la pente est raide lorsqu’il s’agit de la remonter pour rebrousser chemin ! On parlait de cinéma… Gold Hill servit de décor dans la version du film de 1967 de Thomas Hardy « Loin de la foule déchaînée ». Quoique ma préférence va désormais à la version de 2015. Ce « Far from the Madding Crowd » – chef-d’oeuvre de Hardy – est d’une beauté inégalée : les paysages marins battus par tous les vents et la campagne du Dorset y sont sublimés. Comme le furent sur les écrans du monde entier les paysages de “Lawrence of Arabia” de David Lean. Soit dit en passant, le film débute par l’accident de moto qui coûta la vie au personnage de Thomas Edward Lawrence, mort dans le Dorset le 19 mai 1935. Tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au personnage feront ce pelérinage qui va les mener au cimetière de Moreton. Et après, pourquoi ne pas aller vous rafraîchir au « Moreton Tea rooms » où les murs sont couverts de photographies du célèbre officier de sa majesté. Ensuite, direction Clouds Hill. Là, à proximité d’un camp militaire, le cottage isolé de Lawrence. Il est… minuscule.
C’est la demeure d’un solitaire, gérée désormais par le National Trust et transformée en musée. Vous la trouverez sur la paroisse de Turners Puddle, district de Purbeck. C’est également le National Trust qui gère le domaine et la maison de Thomas Hardy. Nous sommes, vous êtes, à Thorncombe. Hardy aimait la nature, et en se promenant dans les bois de Thorncombe, il est facile d’imaginer le jeune Thomas marchant dans les arbres, bâton à la main, naviguant dans la région qu’il connaissait si bien. Il écrivait : « Pour les habitants d’un bois, presque tous les arbres ont leur voix et leurs caractéristiques. » Quant à la maison – maison de la famille Hardy, grand-mère, père et Thomas – elle vous est ouverte. Depuis le salon confortable où la famille se réunissait jusqu’à la chambre où Hardy travaillait sur ses romans, notamment « Far From the Madding Crowd » (Loin de la foule déchaînée), merveilleusement bien adapté pour le cinéma en 2015 – il fut intégralement tourné dans le Dorset – tant il est le reflet de cette Angleterre où le temps semble s’être arrêté.