Deux jours en ville : Colmar . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pour ceux qui ne connaissent pas l’Alsace, il n’y a pas meilleure entrée en matière. Moins impressionnante que sa grande soeur Strasbourg, dont elle n’est éloignée que d’une petite heure de route, Colmar en est une sorte de résumé dont les principaux centres d’intérêts se concentrent autour d’un centreville animé et coloré.
Il sera difficile d’éviter le cliché… Alors prêtons-nous y de bonne grâce et filons vers le quai de la Poissonnerie où une enfilade de maisons à colombages aussi pittoresques que célèbres borde la Lauch. Et reconnaissons que ces anciennes demeures de bateliers et de pêcheurs valent vraiment la photo, tellement emblématiques de l’Alsace avec leurs façades bigarrées. Dans la « petite Venise », les barques à fond plat qu’utilisaient autrefois les maraîchers avaient paraît-il l’allure de gondoles. Aujourd’hui elles embarquent les touristes pour des balades au fil de l’eau, emmenées par des « gondoliers » qui ont depuis longtemps délaissé l’huile de coude pour le moteur électrique. Si l’aventure vous tente, rendez-vous Pont Saint-Pierre
(durée 30 mn). Sinon remontez vers l’ancienne douane (ou Koïfhus). Edifiée au XVe siècle, à l’intersection de la Grande Rue et de la rue des Marchands, alors principaux axes de circulation, cette massive bâtisse aux tuiles vernissées trône sur l’une des places les plus pittoresques de Colmar par ses nombreuses maisons à pans de bois au milieu desquelles détonne le rose de la superbe Maison du Pèlerin (1571). Les nombreuses terrasses alentours sont autant d’invitations à se prélasser en les admirant. Sans oublier, bien sûr, la fameuse fontaine Schwendi dédiée au commandant de l’armée sous l’empereur Maximilien. Parti combattre les turcs en Hongrie, la légende raconte qu’en revenant, il introduisit le cépage de tokay en Alsace. Cela méritait bien un hommage dont se chargea le sculpteur Auguste Bartholdi, l’enfant du pays. Plus connu pour sa monumentale Statue de la Liberté installée dans l’avant-port de NewYork, ne manquez pas la visite du très intéressant musée qui lui est consacré dans sa (jolie) maison natale. Mais si le temps vous est compté, privilégiez le Musée Unterlinden. Installé dans l’ancien couvent des dominicaines dont on fera le tour du charmant cloître, le retable d’Issenheim consacré à SaintAntoine en constitue l’exceptionnel fleuron. Exécutés début XVIe siècle par Grünewald, ses 24 panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale ornée de sculptures étonnent par le réalisme des détails et l’intensité dramatique qui s’en dégage. Autre oeuvre majeure : la Vierge au Buisson de Roses de Schongauer (1473)
admirablement conservée dans l’imposante église des Dominicains dont arcades élancées et dépouillement participent à la sensation d’écrasement que ressent le visiteur. A vrai dire nous lui préférons les couleurs chaudes du gré jaune de Rouffach qui servit à la construction de la collégiale Saint-Martin à partir de 1235. Le tympan du portail central n’est pas sans rappeler celui de la cathédrale de Strasbourg. A deux pas, la façade la plus photographiée de Colmar, celle de la maison Pfister. Cette demeure bourgeoise construite en 1537 se distingue par sa galerie en bois, son oriel à deux étages et ses ornements. Dans le même registre, l’étonnante maison des Têtes (1609) voit son imposante façade parsemée d’une centaine de visages grimacants. Avec les maisons Kern, Adolph, ou celle des Chevaliers de Saint-Jean, les demeures médiévales et Renaissance constituent le fonds de commerce du tourisme à Colmar. Bordée d’un petit canal, la rue des Tanneurs réunit un bel échantillon de maisons à colombages fort bien restaurées.
Hautes et étroites, leur grenier servait de séchoir à peaux dès le XVIe siècle. Au fil de vos promenades, levez les yeux au ciel pour admirer le florilège d’enseignes qui surplombent certains commerces, dont cert a i n e s n e ma n q u e n t p a s d’humour. Pour faire une pause, la Place du 2 Février que borde l’ancien hôpital et le Temple Saint-Mathieu se présente comme un vaste espace vert d’inspiration contemporaine, avec arches et haubans. Un peu en retrait, la Place du Sergent-Chef Kouider Guerroudj offre l’attrait de quelques terrasses confidentielles. Audelà du coeur historique, les points d’intérêts de Colmar se situent au sud de la vieille ville. Larges avenues et belles demeures datant de la fin du XIXe, début XXe offrent un contraste saisissant. Quant au Champ-deMars, il constituait déjà en 1745 un havre de verdure propice aux promenades. On y admirera la fontaine Bruat et le monument du général Rapp dédiés à deux colmariens illustres et signés Bartholdi, décidement incontournable.