Le Monde du Camping-Car

Deux jours en ville : Arles .

- Texte et photos : Éric Haroutel

Aux portes de la Camargue, Arles recèle un patrimoine exceptionn­el qui plonge ses racines dans plus de 2 000 ans d’histoire. Il faut prendre le temps de s’en imprégner, à la manière des plus grands artistes qui ont apprécié la douceur de vivre et la lumière de la discrète cité provençale.

Van Gogh y trouva lumière, couleurs et harmonie. Il aima tellement Arles que son oeuvre y fut la plus prolifique : près de 300 dessins et peintures réalisés entre février 1888 et mai 1889. Il y a des entrées en matière moins flatteuses… De son passage, Arles cultive la mémoire, en conserve pieusement les traces. Et si la fondation éponyme n’expose de l’artiste que La Chauve-souris (prêt du Van Gogh Museum d’Amsterdam), elle accueille régulièrem­ent certaines de ses plus belles oeuvres à l’occasion d’exposition­s temporaire­s et se consacre surtout à mettre en lumière ses influences sur des artistes contempora­ins qu’elle expose. Les inconditio­nnels du peintre se renseigner­ont donc sur le calendrier de la Fondation Van Gogh pour programmer leur séjour. En suivant l’excellent circuit-découverte thématique mis en place par l’office de tourisme, ils trouve

ront un moyen original de découvrir la cité en enchaînant les lieux répertorié­s où Van Gogh planta son chevalet, de la place du Forum où fut peint son célèbre Café le soir au jardin de la Maison de Santé qu’occupe aujourd’hui la médiathèqu­e, sans oublier les Arènes emblématiq­ues de la cité et principal site touristiqu­e. Si les Rencontres photograph­iques constituen­t chaque été depuis cinquante ans le fer de lance d’une vie culturelle dynamique, si de nouveaux pôles artistique­s sortent de terre pour étoffer une programmat­ion déjà très fournie, la richesse touristiqu­e de la cité camarguais­e provient d’abord de son exceptionn­el patrimoine archéologi­que dont les monuments majeurs datent de l’époque romaine et sont, pour la plupart, classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Des Arènes (Ier siècle), imposantes au premier regard, on pourra parcourir les galeries parsemées d’une soixantain­e d’arcades qui en font le tour, mais c’est en grimpant vers les gradins des travées supérieure­s que l’édifice, parmi les plus imposants de son temps, dévoile toute sa majesté : 20 000 spectateur­s pouvaient assister aux combats de gladiateur­s ou autres courses de taureaux ! Le théâtre antique constitue l’autre monument incontourn­able du centre d’Arles. Dégradé par les assauts du temps et des hommes qui le transformè­rent en carrière au

Moyen-Âge, il n’en subsiste pour l’essentiel que le dallage de la scène, une partie des tribunes (pouvant initialeme­nt accueillir jusqu’à 10 000 spectateur­s) et deux superbes colonnes. Éminemment romantique mais pas autant cependant qu’une petite promenade aux Champs-Élysées... Rien à voir avec la célèbre avenue parisienne, les Alyscamps d’Arles désignent un p r e s t i g i e u x c i me t i è r e d e l’époque gallo-romaine à la fin du Moyen-Âge ! Un peu à

l’écart du centre-ville, il n’en subsiste aujourd’hui qu’une allée bordée de sarcophage­s et noyée dans la verdure qui mène à l’ église romane Saint-H on orat( XIIe ). À la suite de Van Gogh, Gauguin succomba lui aussi au charme des lieux. Amateurs de vieilles pierres, consacrez donc quelques heures à la visite du musée Arles Antique qui regroupe des collection­s de statues romaines (dont un buste de César retrouvé dans le Rhône en 2008), et d’ustensiles datant de la préhistoir­e à l’Antiquité tardive. Sinon, les Thermes de Constantin (IVe siècle) méritent un rapide coup d’oeil à l’occasion d’une vivifiante promenade le long du Rhône (quai Marx Dormoy) qui vous mènera au musée Réattu. Cet ancien prieuré des chevaliers de l’Ordre de Malte est réputé pour sa collection d’art contempora­in qui comprend notamment une série de dessins de Picasso. Une autre balade vous mènera de la place de la Major, où les gardians font bénir leurs chevaux en l’église Notre-Dame chaque 1er mai, à la tour des Mourgues, la mieux conservée du rempart antique qui ceignait la cité. Prenez le temps

de flâner dans ce quartier paisible de l’Hauture en parcourant la succession de petites rues enchevêtré­es autour de la charmante place de la Redoute. Le quartier de la Roquette a également su préserver son âme de village, à l’écart de l’affluence touristiqu­e. L’ancien fief des pêcheurs et des mariniers recèle quelques cours intérieure­s et beaux hôtels particulie­rs dont on pourra lorgner la façade à l’occasion d’un détour par la jolie place Paul Doumer. Ici, on n’est pourtant qu’à quelques encablures de la vivante place de la République, caractéris­ée par son obélisque romain planté devant l’hôtel de ville (XVIIe siècle) dont on admirera la voûte du vestibule, les sculptures de la façade et la tour de l’horloge. Mais c’est surtout le remarquabl­e portail finement sculpté de l’église Saint-Trophyme, représenta­nt le Jugement dernier, qui retient l’attention... Une invitation à pénétrer dans l’édifice roman dont le cloître constitue le point d’orgue. Datés du XIIe siècle, ses piliers sculptés en font l’un des plus beaux de Provence et l’un des incontourn­ables de votre visite en Arles.

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Les arènes ont été édifiées au Ier siècle de notre ère, sur le modèle du Colisée de Rome. Avec leurs deux étages d’une soixantain­e d’arcades, elles figurent parmi les plus imposantes du monde romain.
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1 1. Avec une longueur de 136 m pour 107 m de large, l’amphithéât­re en forme d’ellipse pouvait accueillir 21 000 spectateur­s. C’est aujourd’hui le monument le plus visité d’Arles.
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2. Arles, ce fut aussi une multitude de sujets d’inspiratio­n pour le peintre Van Gogh. Notamment cet établissem­ent caractéris­tique de la Place du Forum, sujet de son célèbre « Café la nuit ». 2
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3. Comme le quartier de la Roquette, celui de l’Hauture reste à l’écart de l’animation touristiqu­e. Ses petites rues et places lui donnent des allures de village.
3 3. Comme le quartier de la Roquette, celui de l’Hauture reste à l’écart de l’animation touristiqu­e. Ses petites rues et places lui donnent des allures de village.
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1. Au soleil couchant, les ruines du théâtre antique constituen­t un cadre éminemment romantique en plein coeur de la cité. 2. Le décor n’a pas beaucoup changé depuis que Van Gogh planta son chevalet dans le jardin de la Maison de santé, aujourd’hui transformé­e en médiathèqu­e. 3. Outre son cloître, l’église Saint-Trophime dévoile un remarquabl­e portail sculpté de style roman méridional tardif, qui date du XIIe siècle.
La plus belle vue sur le vieil Arles s’apprécie depuis l’aire de stationnem­ent des camping-cars située en bordure du Rhône. 1. Au soleil couchant, les ruines du théâtre antique constituen­t un cadre éminemment romantique en plein coeur de la cité. 2. Le décor n’a pas beaucoup changé depuis que Van Gogh planta son chevalet dans le jardin de la Maison de santé, aujourd’hui transformé­e en médiathèqu­e. 3. Outre son cloître, l’église Saint-Trophime dévoile un remarquabl­e portail sculpté de style roman méridional tardif, qui date du XIIe siècle.
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