Deux jours en ville : Arles .
Aux portes de la Camargue, Arles recèle un patrimoine exceptionnel qui plonge ses racines dans plus de 2 000 ans d’histoire. Il faut prendre le temps de s’en imprégner, à la manière des plus grands artistes qui ont apprécié la douceur de vivre et la lumière de la discrète cité provençale.
Van Gogh y trouva lumière, couleurs et harmonie. Il aima tellement Arles que son oeuvre y fut la plus prolifique : près de 300 dessins et peintures réalisés entre février 1888 et mai 1889. Il y a des entrées en matière moins flatteuses… De son passage, Arles cultive la mémoire, en conserve pieusement les traces. Et si la fondation éponyme n’expose de l’artiste que La Chauve-souris (prêt du Van Gogh Museum d’Amsterdam), elle accueille régulièrement certaines de ses plus belles oeuvres à l’occasion d’expositions temporaires et se consacre surtout à mettre en lumière ses influences sur des artistes contemporains qu’elle expose. Les inconditionnels du peintre se renseigneront donc sur le calendrier de la Fondation Van Gogh pour programmer leur séjour. En suivant l’excellent circuit-découverte thématique mis en place par l’office de tourisme, ils trouve
ront un moyen original de découvrir la cité en enchaînant les lieux répertoriés où Van Gogh planta son chevalet, de la place du Forum où fut peint son célèbre Café le soir au jardin de la Maison de Santé qu’occupe aujourd’hui la médiathèque, sans oublier les Arènes emblématiques de la cité et principal site touristique. Si les Rencontres photographiques constituent chaque été depuis cinquante ans le fer de lance d’une vie culturelle dynamique, si de nouveaux pôles artistiques sortent de terre pour étoffer une programmation déjà très fournie, la richesse touristique de la cité camarguaise provient d’abord de son exceptionnel patrimoine archéologique dont les monuments majeurs datent de l’époque romaine et sont, pour la plupart, classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Des Arènes (Ier siècle), imposantes au premier regard, on pourra parcourir les galeries parsemées d’une soixantaine d’arcades qui en font le tour, mais c’est en grimpant vers les gradins des travées supérieures que l’édifice, parmi les plus imposants de son temps, dévoile toute sa majesté : 20 000 spectateurs pouvaient assister aux combats de gladiateurs ou autres courses de taureaux ! Le théâtre antique constitue l’autre monument incontournable du centre d’Arles. Dégradé par les assauts du temps et des hommes qui le transformèrent en carrière au
Moyen-Âge, il n’en subsiste pour l’essentiel que le dallage de la scène, une partie des tribunes (pouvant initialement accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs) et deux superbes colonnes. Éminemment romantique mais pas autant cependant qu’une petite promenade aux Champs-Élysées... Rien à voir avec la célèbre avenue parisienne, les Alyscamps d’Arles désignent un p r e s t i g i e u x c i me t i è r e d e l’époque gallo-romaine à la fin du Moyen-Âge ! Un peu à
l’écart du centre-ville, il n’en subsiste aujourd’hui qu’une allée bordée de sarcophages et noyée dans la verdure qui mène à l’ église romane Saint-H on orat( XIIe ). À la suite de Van Gogh, Gauguin succomba lui aussi au charme des lieux. Amateurs de vieilles pierres, consacrez donc quelques heures à la visite du musée Arles Antique qui regroupe des collections de statues romaines (dont un buste de César retrouvé dans le Rhône en 2008), et d’ustensiles datant de la préhistoire à l’Antiquité tardive. Sinon, les Thermes de Constantin (IVe siècle) méritent un rapide coup d’oeil à l’occasion d’une vivifiante promenade le long du Rhône (quai Marx Dormoy) qui vous mènera au musée Réattu. Cet ancien prieuré des chevaliers de l’Ordre de Malte est réputé pour sa collection d’art contemporain qui comprend notamment une série de dessins de Picasso. Une autre balade vous mènera de la place de la Major, où les gardians font bénir leurs chevaux en l’église Notre-Dame chaque 1er mai, à la tour des Mourgues, la mieux conservée du rempart antique qui ceignait la cité. Prenez le temps
de flâner dans ce quartier paisible de l’Hauture en parcourant la succession de petites rues enchevêtrées autour de la charmante place de la Redoute. Le quartier de la Roquette a également su préserver son âme de village, à l’écart de l’affluence touristique. L’ancien fief des pêcheurs et des mariniers recèle quelques cours intérieures et beaux hôtels particuliers dont on pourra lorgner la façade à l’occasion d’un détour par la jolie place Paul Doumer. Ici, on n’est pourtant qu’à quelques encablures de la vivante place de la République, caractérisée par son obélisque romain planté devant l’hôtel de ville (XVIIe siècle) dont on admirera la voûte du vestibule, les sculptures de la façade et la tour de l’horloge. Mais c’est surtout le remarquable portail finement sculpté de l’église Saint-Trophyme, représentant le Jugement dernier, qui retient l’attention... Une invitation à pénétrer dans l’édifice roman dont le cloître constitue le point d’orgue. Datés du XIIe siècle, ses piliers sculptés en font l’un des plus beaux de Provence et l’un des incontournables de votre visite en Arles.