De l’Île Madame à la baie de Sylvie
Ici, quand l’Atlantique se fâche, c’est sérieux. Le souvenir de Xynthia a laissé des traces. Notamment chez les Mineau, producteurs bio à 100%. À leur table, les papilles s’emballent. Chez Sylvie Costa, aussi, qui ne jure que par ses moules… de Charron !
Le père Fouras… Cet éminent vieillard de l’émission TV « Fort Boyard » porte le nom de Fouras… Les-Bains. La veille de votre venue sur l’Île Madame, vous allez parcourir sa pointe, La Fumée, face à l’île d’Aix et au médiatique Fort Boyard. Un autre fort, beaucoup plus accessible, vous attend rue Vauban : le fort ou sémaphore de Fouras. Cette place for te défendait, comme les autres forts de l’estuaire de la Charente, l’entrée et la sortie des arsenaux royaux de la Marine, implantés à Rochefort. Classé monument historique en 1987, l’édifice bastionné se visite. De son esplanade, la vue est imprenable sur l’estuaire. Et quand le vent souffle, il décoiffe. Vous vous y rendrez à pied, en profitant de la promenade aménagée de l’avenue Charles de Gaulle. Pour aller sur l’Île Madame, pas d’aménagement et point de bitume. L’île, posée dans l’estuaire, entre les îles d’Aix et d’Oléron, est accessible à pied, en voiture ou en camping-car, mais à marée basse, uniquement. De l’avenue de l’Île Madame, vous prendrez la queue – peut-être derrière un bus ? – à l’entrée de la Passe-auxBoeufs. La passe d’environ un kilomètre est roulante. Le trajet est un peu long car les premiers cent mètres, tout en galets, sont très caillouteux. Et on parle parfois de gros cailloux ! Attention, jaugez votre temps de traversée. Il sera identique au retour et il s’agit de ne pas se faire prendre par la marée ! Les curieux pourront jeter un coup d’oeil au fort et, dès la pointe de Surgères, se familiariser sur le sentier piétonnier – il fait le tour de l’île – avec la plus petite des îles charentaises et sur laquelle la famille Mineau, Elisabeth, Jean-Pierre et JeanPhilippe, leur fils, habitent et travaillent. Ils cultivent, élèvent et produisent en bio : sarrasin, avoine, pois cassés, orge, moutarde, sa licorne, moutons, palourdes, huîtres de claires, crevettes impériale set sel. Et pendant que Jean-Philippe fait admirer sa culture de moutarde, le papa fait de la pédagogie auprès de jeunes enfants. Un déjeuner dégustation chez eux sera un pur moment de bonheur ! Un bonheur qui ne fait pas oublier qu’ici même, « Xynthia a détruit l’ancienne ferme. Nous nous sommes réfugiés dans le grenier, dans le noir : l’électricité s’est coupée quand l’eau est montée. » 70 petits kilomètres, par La Ro
chelle, séparent la ferme-auberge des Mineau, de la guinguette « La Ponetère » de Sylvie Costa, posée au bord de l’eau sur le port du Corps de garde. Et chez Sylvie, repas rime avec mouclade ! Vous êtes dans la baie de l’Aiguillon, réserve naturelle nationale, espace de vasières et prés salés. De Lagord par Esnandes et Charron, la route sur laquelle vous vous êtes engagés est cernée par l’eau et la nature. Charron, porte de la baie, est réputée pour sa mytiliculture. On y produit, récolte, contrôle et conditionne les moules de bouchot « La Charron ». 300 km de lignes de bouchots. Ainsi l’on comprend mieux le ballet, au port du Pavé, des tracteurs et de ces étranges embarcations, en aluminium et à fond plat, qui vont et viennent au rythme de deux heures après la marée basse. « Mes moules sont d’ici et rien que d’ici ! » Le ton est donné, et la cuisinière super sympa ! Elle n’a pas hésité à me révéler sa recette. Et je lui ai promis de la transmettre. La voici pour deux personnes : 2 litres de moules, 50 cl de lait, 20 cl de crème, 1 verre de vin blanc, 1 oignon, 2 têtes d’ail, 20/30 g de beurre charentais, sel, poivre, citron ! Au fond du faitout, faites revenir ail et oignons dans le beurre, mouillez au vin blanc. Jetez les moules. Dès qu’elles s’ouvrent, gardez-les au chaud. Filtrez le jus, mélangez au lait. Ajoutez la crème, le curry, et laissez cuire quelques minutes. Versez la sauce sur les moules. Réchauffez. Avant de servir, arrosez au jus de citron. Et Sylvie a ajouté sur son petit papier… « À déguster ! »