Au fil de la Saône
Pénétrer l’intimité et la fraîche innocence des paysages variés et remarquables du Val de Saône, c’est comme saisir le bucolique dans une peinture de Monet. Une superbe échappée belle.
Démarrez à Vesoul. Le vieux centre est très agréable à arpenter avec ses bâtiments affichant les visages architecturaux d’une poignée de siècles ayant habité le Moyen Âge. Il réside un certain charme dans le paysage alentour. Pour vous en rendre compte, montez à la colline de La Motte, là où trône la chapelle éponyme à laquelle on a associé souvent un miracle. Dans ce tendre coeur de verdure, vous embrassez d’un regard le Val de Saône. Dirigez-vous alors sur Vaivre-et-Montoille. Par ici, c’est le lac qui retient votre attention. Bi e n q u’ a r t i f i c i e l , i l s’ o f f re comme un superbe parc aquatique et un site de pêche prisé des locaux. Re joig nez Port-surSaône. Le fleuve commence à planter son décor et à décliner son éloquence le long de son parcours. Depuis le petit port fluvial, sur les berges de la Saône, une balade ombragée vous permet de goûter à la tranquillité d’une contrée discrète et timide. Ses multiples beautés cachées se méritent. Poursuivez sur Sceysur-Saône-et-Saint-Albin. La cité de caractère construite en amphithéâtre sur les bords du fleuve abrite quelques spécimens de patrimoine qui valent le détour : port de plaisance, fontaines et calvaires, ancien château des Princes de Bauffremont, et surtout le tunnel de Saint-Albin. S’invitant élégamment dans le paysage végétal, ce tunnel long de 631 mètres a été construit sous Napoléon III. L’édifice est classé aux Monuments Historiques.
Il a permis de relier deux bras de la Saône en navigation. Que vous choisissiez d’explorer l’entrée amont ou aval du canal, peu importe ! Chacune nourrit inlassablement votre âme bucolique. Autre halte, cette fois à Rupt-surSaône qui se découvre entre deux rideaux de feuillus. La petite cité rurale dégage une certaine majesté. Dotée d’un riche patrimoine, on la surnomme également le village « aux trois collines » : une colline pour son château médiéval, une autre pour son église qui jouxte le mausolée du comte d’Orsay et une autre qui accueille les vestiges du couvent des Minimes. Le château médiéval se visite. Vous remarquez d’abord l’imposant donjon daté du XIIe siècle. Son côté austère délie l’imagination sur l’histoire de la région. Vous découvrez ensuite tout un ensemble hétéroclite d’annexes érigées au fil des siècles : l’orangerie, la gentilhommière, le pav illon de chasse… avant de perdre une nouvelle fois votre regard sur la beauté crue du fleuve. Prochaine étape : Ray-sur-Saône. Le paysage change. La route en lacets qui perçait délicatement la frondaison végétale bordant le cours d’eau choisit maintenant de s’immiscer gaiement dans un superbe no man’s land. Des pâturages et des champs cultivés à perte de vue, un vaste horizon ondulé de vallons et quelquefois barré par de gros rouleaux de paille, quelques vaches goûtant pleinement à la liberté d’un si beau et vaste espace… Et puis, finalement, Ray-sur-Saône apparaît dans le paysage comme un îlot d’humanité posé dans un écrin de jade. Après avoir largement profité du décor, grimpez jusqu’au château, à l’élégance princière, qui domine le village. Vous apprécierez sûrement les essences remarquables qui agrémentent le grand parc avant de souligner le sublime parvis en éventail annonçant la ligne architecturale Louis XV de cet édifice médiéval remanié. La visite est possible le week-end. Faites un écart plus au sud maintenant, en vous éloignant de la Saône pour atteindre Gy et l’intérieur du pays. Patrimoine bâti, patrimoine végétal… Le vieux village, son château et ses fameuses pelouses sèches peuplant les Monts de Gy sont autant de curiosités qui enrichissent cette échappée belle. Remontez ensuite sur Gray pour renouer avec la Saône tout en flânant le long de son vieux pont jusqu’à l’ancien centre du bourg. Vous pourrez parcourir également ses musées, notamment le musée Baron Martin qui présente, dans l’ancien château du XVIIIe siècle, de superbes collections de peintures, de sculptures et d’archéologie. Concluez cette incursion en vallée de l’Ognon, à Pesmes. Labellisé « Plus beaux villages de France », la petite cité comtoise affiche encore quelques restes médiévaux : des vestiges de tours et de remparts, le château fort et ses salles voûtées abritant cheminées, lambris et parquets. Bourg castral, bourg noble, vous apprécierez la promenade à l’intérieur du village. Depuis la berge, le mur de fortifications confère une rusticité à la petite cité qui contraste délicieusement avec la douceur de vivre qui l’habille désormais. N’hésitez pas à visiter le château des Forges, ancienne demeure qui témoigne encore de la vie d’un industriel au XIXe siècle.