Des huîtres à savourer et des cabanes de plage
Terre avancée vers la mer, le Cotentin offre de multiples raisons d’y séjourner. Voici deux circuits à programmer sur la péninsule, agrémentés d’étapes maritimes pleines de charme. Point de départ de ce périple : le havre de Regnéville-sur-Mer.
Première étape, sur les franges de ce bord de mer, Agon-Coutainville, bien connue des promeneurs : sa pointe est classée site naturel depuis 1989. Elle abrite de nombreuses espèces d’oiseaux comme le Belon ou la Huppe, végétales dont la salicorne et, plus originale, la lavande de mer. Pour ce circuit, vous partez du havre de Regnéville-sur-Mer. Les havres… Ils ont donné leur nom à un lieu : « La côte des Havres ». Le plus souvent ils sont occupés par de vastes vasières et prés-salés. Celui de Regnéville, l’un des plus grands, se referme à hauteur du vieux pont de la Roque, brisé mais superbe, avec ses arches qui enjambent La Sienne. Trois seront détruites par les Alliés : il constituait l’ultime solution de repli vers Avranches pour les troupes ennemies. La D650 qui longe le havre vous mène à AgonCoutainville, notre étape gastronomique. Certes à « Agon », on peut savourer les frites, réputées, de chez Groult. Mais je vous propose une nouveauté. Rendezvous avec Jean Rouvière, « Chez le Père Gus » ! Et pas de souci pour y stationner votre campingcar. Roulez sur la D 651, direction Blainville-sur-Mer, en longeant le havre de Blainville, vers le n°4 de la zone conchylicole d’Agon. Et à gauche, au rondpoint, direction Gonnev ille (D144). Créée par Au…Gus…te, au début des années 80, c’est Jean, son fils, la trentaine, qui se retrouve désormais aux commandes de l’entreprise ostréicole et d’une équipe avec laquelle il élève une huître creuse de pleine
mer, commercialisée en Basse et Haute Normandie. « On fonctionne avec des tracteurs à marée basse. Ici, nous n’avons pas de port mais des cales. Notre huître de pleine mer est corsée, iodée, elle a du caractère. Vous pourrez la déguster, l’acheter pour l’emporter, voire, si vous craquez – l’air de la mer ça donne faim – vous restaurer sur place. » Car Jean a eu la bonne idée d’ouvrir son comptoir à huîtres. Tout nouveau, tout beau et super accueillant. Génial ! Vous prendrez ensuite la direction de Gouville-sur-Mer. Étape idéale, si vous avez envie de passer la nuit en camping-car, face au grand large. Ici, à Gouville-surMer, les vents d’ouest, après avoir nettoyé l’île de Jersey – elle est juste en face –, soufflent sur de superbes dunes. Vous trouverez l’aire de camping-car sur le bord de mer, rue du Beau Rivage. La plage est juste en face et les cabines sur la gauche. Nichées dans les dunes, ces ravissantes cabines de plage aux toits colorés font l’attrait du lieu. Elles sont apparues au temps des premiers bains de mer, au milieu du XIXe siècle. À l’époque, un hôtelier emmenait ses clients à la plage en charrette. Pendant la Seconde Guerre les cabanes ont disparu. Aujourd’hui, leurs propriétaires en bichonnent soixante-neuf qui donnent à ce paysage, de sable et d’oyat, sa touche pastel, succès assuré pour les photographies, comme le ballet photogénique des tracteurs qui ramènent à terre bateaux de bulotiers – vous êtes en zone IGP du bulot de Granville – et chalands d’ostréiculteurs ! Autre endroit, autre époque : la forteresse redoutable de Pirou, la cerise de ce programme. Pourquoi un tel déploiement de douves, de remparts, de retranchements dans ce pays bien plat ? Le havre de SaintGermain-sur-Ay, tout proche, constituait une zone de débarquement parfaite pour les bateaux à faible tirant d’eau des envahisseurs normands. Il fallait donc se défendre convenablement. Cinq portes défensives, pont, chemin de ronde, une basse-cour, chapelle, tourelle, tour carrée, boulangerie… Ce château-là dissimule bien son jeu, qui bénéficie d’une sauvegarde et d’une restauration remarquable. Enfin n’oubliez pas d’admirer la Tapisserie de Pirou, qui conte la légende des oies de Pirou. Mystère…