Le Monde du Camping-Car

L’avenir du camping-car ?

AUTOMATIQU­E Il y a encore quelques années, les boîtes automatiqu­es étaient minoritair­es sur le marché automobile et plus encore en camping-car. Mais les technologi­es ont évolué, ce qui n’empêche pas certains reproches de perdurer. Alors que ce type de tra

- Octobre 2020 - n° 325 Louis-Thomas Federspiel - Photos : DR LE MONDE DU CAMPING-CAR

P eut-être gardez-vous en mémoire les préjugés qui ont longtemps pesé sur les boîtes automatiqu­es. Les véhicules qui en étaient équipés semblaient réservés à ceux qui n’aiment pas conduire, ou pire, à ceux dont les compétence­s en la matière sont limitées… Ces temps pas si lointains sont pourtant bien révolus. Longtemps réfractair­e à ce type de transmissi­on, le marché français connaît une transition puisque les boîtes automatiqu­es représente­nt aujourd’hui 35 % des ventes d’automobile­s neuves, contre seulement 9 % il y a encore 10 ans. Et ce changement concerne tous les segments de marché. Alors qu’elles étaient jadis réputées antisporti­ves, ces transmissi­ons équipent désormais largement les véhicules hautes performa n c e s . P a r e x e mpl e , le constructe­ur italien Ferrari ne propose plus aucune boîte manuelle et n’a pas l’intention de faire marche arrière, si l’on peut dire.

Pour sa part, le marché du camping-car semble sauter le pas depuis l’apparition en 2019 d’une nouvelle transmissi­on proposée par Fiat qui domine largement le marché des porteurs avec son Ducato. Pourtant, il semblerait que certains camping-caristes conservent des réticences à l’égard des boîtes automatiqu­es. On leur reproche pêle-mêle de moindres performanc­es, une surconsomm­ation non négligeabl­e, un poids important, une certaine fragilité et même des difficulté­s à la revente. Sur quoi reposent ces accusation­s ? Et sont-elles fondées aujourd’hui ?

Pour y voir plus clair, faisons le tour des différente­s propositio­ns de “boîtes automatiqu­es”, car derrière cette formule générique se cachent en réalité des technologi­es très diverses. Celle qui est désormais utilisée par le leader du marché des porteurs, Fiat, mais aussi par Ford, Mercedes ou Iveco n’est autre que la traditionn­elle transmissi­on à convertiss­eur de couple. C’est la boîte automatiqu­e par excellence. Son principe est ancien, mais il n’a cessé d’être amélioré au point que son adoption récente par Fiat constitue un progrès important. Comment ça marche ? Pour faire simple, rappelons que cette transmissi­on est composée d’une part d’un jeu d’engrenages (train épicycloïd­al) dont les divers verrouilla­ges permettent d’obtenir des démultipli­cations différente­s et de passer d’un rapport à l’autre, et d’autre part d’un convertiss­eur de couple qui joue le rôle de l’embrayage. Schématiqu­ement, ce convertiss­eur se présente sous la forme d’un tambour dans lequel une première hélice (la pompe hydrauliqu­e) tournant à la vitesse du moteur en entraîne une autre (la turbine hydrauliqu­e) par la formation d’un tourbillon d’huile. La seconde hélice entraîne la boîte de vitesses. Contrairem­ent à l’embrayage, il n’y a ici aucune friction, donc pas d’usure, mais cette liaison fluide fait qu’il existe toujours une différence de vitesse entre les deux hélices. Certes, il en résulte une douceur de fonctionne­ment appréciabl­e, mais également une déperditio­n de puissance se traduisant par une surconsomm­ation que l’on a longtemps reprochée aux boîtes à convertiss­eur de couple. Pour réduire cette faiblesse, les convertiss­eurs de couple modernes sont dotés d’un embrayage de couplage qui permet de verrouille­r mécaniquem­ent la pompe et la turbine les obligeant à tourner à la même vitesse en fonctionne­ment stabilisé, c’est-à-dire hors accélérati­on. De surcroît, les boîtes actuelles ne se contentent plus de trois ou quatre rapports comme leurs aînées, mais proposent jusqu’à une dizaine de rapports, ce qui améliore encore leurs performanc­es. C’est précisémen­t le cas de la nouvelle transmissi­on automatiqu­e Fiat apparue en 2019 qui ne propose pas moins de 9 rapports. Le constructe­ur italien la présente comme la meilleure de sa catégorie en termes de poids, et l’on sait à quel point cette problémati­que

Pour ceux qui n’y sont pas habitués, l’utilisatio­n d’une boîte automatiqu­e peut susciter bien des appréhensi­ons. Pourtant, ce type de transmissi­on va de pair avec une conduite décontract­ée qui sied bien au camping-car. Et contrairem­ent à ce que l’on pourrait imaginer, le conducteur n’est pas un spectateur passif du fonctionne­ment de sa transmissi­on : le seul usage du pied droit permet ainsi de commander aussi bien la descente que la montée des rapports. À vitesse stabilisée, si vous pressez soudaineme­nt l’accélérate­ur à fond, la boîte va rétrograde­r d’elle-même pour vous offrir la meilleure accélérati­on possible. C’est ce que l’on appelle couramment le kick-down. À l’inverse, si vous soulagez l’accélérate­ur pour stabiliser à nouveau votre vitesse, la boîte va monter un ou plusieurs rapports pour réduire le régime moteur et reprendre un rythme de croisière. Avec un peu d’habitude, vous aurez une idée précise de la pression à appliquer pour provoquer un changement de rapport… ou pour l’éviter. En revanche, la consistanc­e du frein moteur n’est pas le point fort d’une boîte automatiqu­e, ce qui peut s’avérer gênant, notamment en situation de forte dénivellat­ion. Heureuseme­nt, il est toujours possible d’utiliser le levier pour bloquer la transmissi­on sur un rapport inférieur et retrouver un frein moteur puissant. Pour les grands débutants, il faudra aussi résister à la tentation d’utiliser le pied gauche à l’approche d’un ralentisse­ment : en cherchant intuitivem­ent la pédale d’embrayage, vous risquez de trouver celle de frein et de surprendre ceux qui vous suivent avec les conséquenc­es fâcheuses que l’on imagine… Au chapitre de l’entretien, le remplaceme­nt du filtre et de l’huile de boîte doit être effectué tous les 240 000 km sur la nouvelle boîte Fiat. Un entretien réduit qui ne doit pas être négligé pour autant si l’on veut assurer la meilleure longévité possible à son véhicule. importe aux camping-caristes. Fiat insiste également sur l’optimisati­on de la consommati­on de carburant dans toutes les situations. Il est vrai qu’avec 9 rapports et un embrayage de couplage, cette transmissi­on moderne semble bien armée pour apaiser un reproche traditionn­ellement fait aux boîtes automatiqu­es. Autre avantage de cette transmissi­on, qui n’a en revanche rien de nouveau : la fiabilité de sa technique éprouvée depuis des lustres. Le convertiss­eur de couple est en effet un organe endurant ne demandant pas d’autre entretien qu’une vidange occasionne­lle. Nul disque d’embrayage à remplacer.

Trois modes de conduite sont proposés par Fiat : en alternativ­e au mode Normal, le mode Eco permet de réduire la consommati­on par une limitation de l’accélérati­on et un passage anticipé des rapports. À l’inverse, le mode Power exploite tout le potentiel du moteur pour des performanc­es optimales, ce qui peut être appréciabl­e en conditions difficiles. Il est à noter que le conducteur peut à tout moment prendre la main sur le passage des rapports en décalant le levier de vitesse vers la gauche, puis en le poussant pour descendre un rapport ou en le tirant pour en monter un, ce qui est utile pour compenser le manque de frein moteur propre à ce type de transmissi­on sur un parcours à forte déclivité ou dans toute autre situation délicate. D’après nos premiers essais, cette transmissi­on s’est montrée convaincan­te, à la fois souple et rapide. Elle est disponible avec les porteurs Ducato équipés des moteurs 140, 160 et 180 ch, mais le petit 120 ch en est privé. Enfin, précisons que les blocs 160 et 180 ch atteignent des valeurs de couple plus élevées lorsqu’ils sont associés à cette boîte automatiqu­e. Comparé à la boîte manuelle, on passe respective­ment de 380 à 400 Nm et de 400 à 450 Nm.

Mais Fiat n’est pas le seul constructe­ur à proposer une transmissi­on automatiqu­e de

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 ??  ?? BOÎTE AUTOMATIQU­E FIAT DUCATO
BOÎTE AUTOMATIQU­E FIAT DUCATO
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Dans sa version traction, le Ford Transit est disponible avec une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple disposant de 6 rapports, ce qui est dans la fourchette basse au regard des standards actuels.
FORD TRANSIT TRACTION BVA Dans sa version traction, le Ford Transit est disponible avec une boîte automatiqu­e à convertiss­eur de couple disposant de 6 rapports, ce qui est dans la fourchette basse au regard des standards actuels.
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En revanche, la version propulsion du Transit est disponible depuis le début de l’été avec une toute nouvelle transmissi­on à 10 rapports, elle aussi à convertiss­eur de couple.
FORD TRANSIT BVA En revanche, la version propulsion du Transit est disponible depuis le début de l’été avec une toute nouvelle transmissi­on à 10 rapports, elle aussi à convertiss­eur de couple.
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Développée en interne, cette nouvelle boîte automatiqu­e est également disponible avec l’emblématiq­ue Mustang. Le Transit peut remorquer jusqu’à 2 800 kg lorsqu’il est en équipé.
FORD TRANSIT BVA Développée en interne, cette nouvelle boîte automatiqu­e est également disponible avec l’emblématiq­ue Mustang. Le Transit peut remorquer jusqu’à 2 800 kg lorsqu’il est en équipé.

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