Le Monde du Camping-Car

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le palais, celui de Ferdinand, a changé la donne ! Facteur depuis 1867, Ferdinand possède un jardin potager. En ce XIXe siècle il s’agit de se faire une idée du village de Hauterives : pas de grande route goudronnée qui le tranche en deux, ni de ruelles bitumées dans les quartiers d’en haut et d’en bas, qui descendent vers la Galaure, la rivière. Mais des charrettes, des voitures à cheval, des paysans, des paysannes, des vignerons, des meuniers… Et « Cheval », qui emprunte un chemin de terre pour se rendre dans son jardin, pauvre parcelle qu’il agrandira, car « Cheval » a un rêve : bâtir un palais. Chemin faisant, le facteur se tape une trentaine de kilomètres tous les jours sous la cagnat de l’été. Sur ce circuit de rocailles, allant de fermes en villages, il bute du côté de Tersanne sur un caillou, « sa pierre d’achoppemen­t ». Elle va provoquer l’idée de ce Palais, idéal, dont la constructi­on dura 33 ans. En 1969, André Malraux le considère comme un exemple unique d’architectu­re de l’art naïf. Il est classé monument historique! En 2017, 175 000 visiteurs ont pu déambuler autour et dans le palais. Suite au film « L’incroyable histoire du Facteur Cheval » avec Jacques Gamblin dans le rôle-titre, les gens qui découvrent ou redécouvre­nt cette histoire sont encore plus nombreux à venir lui rendre hommage.

Marcher sur l’eau

Notre tracé, peu enclin à la banalité, file du nord, de Hauterives, pour plonger droit vers le sud, vers un relief mythique et ses premiers contrefort­s ! À plus de 70 km, ce seigneur porte un nom massif : « Vercors ». Votre impatience de le rencontrer ne sera pas mise à rude épreuve : une heure et demie de trajet. Le temps d’appréhende­r cette barrière, ce mur, qui semble infranchis­sable au fur et à mesure que l’on s’en approche, et l’objectif de notre soirée sera atteint : un bivouac, bien planqué, en « autonomie camion », dans un paysage de rêve, Saint-Agnan en Vercors. Mais pas si vite… Notre route passe par Margès, Peyrin, Génissieux, Saint-Paul-les-Romans et traverse un lieu parfait pour une halte de midi et d’après-midi : Saint-Nazaire-enRoyans par la D.532. À l’entrée de la commune, prenez à gauche, le panneau : « bateau à roue, Aqueduc » ou rue des Marines. Une vaste aire vous permet de poser le camping-car sur les bords d’un petit lac (vous trouverez, le cas échéant, l’emplacemen­t d’un service vidange) : dans les années 1950, la constructi­on du barrage EDF sur l’Isère a eu pour conséquenc­e la création d’un lac artificiel sur la Bourne. Et l’aqueduc du canal de la Bourne, construit pour irriguer la plaine valentinoi­se, se visite. Prenez votre ticket et montez dans l’ascenseur qui vous hisse vers cette impression­nante réalisatio­n. Vous marcherez… presque, sur l’eau. Sous une solide grille, l’eau du canal file vers sa destinée. Vous la voyez, l’entendez. C’est captivant. Tout aussi captivant sera votre parcours qui, de Saint-Nazaire-en-Royans, vous mène au col de Proncel (1 100 m) : il décline un chapelet de villages… en Royans. SaintLaure­nt-en-Royans, Saint-Jean, Oriol, Pont… en-Royans ! Car c’est dans le Royans que naît la montagne. Les routes taillées à même les falaises sur le tracé d’anciennes muletières – Grands Goulets ou Combe Laval – donnent toujours des frayeurs à ceux qui les empruntent. Tenezle-vous pour dit ! Le col de Proncel est coloré de champs de bleuets, distillés pour ses précieuses qualités. En août, ces fleurs bleues pollinisat­rice nous racontent leur origine, Moyen-Orientales, et leur goût pour les champs à moissonner. Pour l’anecdote, le bleuet était récolté à Paris au XIXe siècle dans ce qui est actuelleme­nt les Champs-Elysées ! Sa fleur utilisée en phytothéra­pie soulage les irritation­s de la peau, des yeux et toutes les fois qu’il est question d’éclaircir la vue, de la fortifier. Le bleuet entre dans la constituti­on de nombreux collyres. Apaisantes, anti-inflammato­ires, ses propriétés lui valent d’être un ingrédient de choix pour la cosmétique natu

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Le Facteur Cheval a réalisé son rêve : un palais, qui se visite, se touche, s’admire.
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