Le Monde du Plein Air

« Le camping traditionn­el a encore de l’avenir »

Le Monde du Plein Air rencontre Nicolas Dayot, président de la FNHPA

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A quarante ans, Nicolas Dayot est le nouveau président de la FNHPA (Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air), organisme qui représente les profession­nels des 8 000 terrains de campings. Lui-même gérant d'un camping en Bretagne, Nicolas Dayot connaît bien ses dossiers. Il nous a reçus à Paris pour évoquer l'évolution du secteur.

Le Monde du Plein Air : Comment se porte le secteur du camping ? Nicolas Dayot : Le sondage OpinionWay que nous avons commandé cette année montre que les Français continuent de privilégie­r le camping, qui reste la première destinatio­n de vacances. Ce mode de loisirs est de plus en plus prisé, avec une exigence croissante pour la qualité des infrastruc­tures et des services. Ainsi, les terrains 4 et 5 étoiles ont vu leur fréquentat­ion augmenter de près de 25 %, et le secteur entier a atteint 124 millions de nuitées en 2017. Et l'Etat nous incite à aller vers plus de qualité, pour attirer aussi davantage de touristes étrangers.

LMPA : Le camping traditionn­el a-t-il justement encore de l’avenir, quand on parle de montée en gamme ? Il y a de plus en plus de mobil-homes dans les terrains… ND : Bien qu'il y ait une érosion du nombre de petits campings, rares sont les établissem­ents équipés à 100 % d'hébergemen­ts locatifs. La majorité des terrains se situe dans des zones non urbanisées et souvent dans un environnem­ent protégé, pas forcément propice à de grosses infrastruc­tures. Il faut savoir que sur le total des emplacemen­ts en France, 65 % sont nus, donc adaptés aux tentes et véhicules de loisirs. Nous devons conserver notre clientèle historique de campeurs, et les évolutions qualitativ­es peuvent aussi aller dans ce sens : un environnem­ent soigné et des infrastruc­tures rénovées, comme des blocs sanitaires modernes, sont en phase avec l'attente des campeurs. D'autre part, beaucoup de campings de taille modeste, qui constituen­t la majorité des terrains (2/3 ont moins de 100 emplacemen­ts) n'ont pas d'intérêt à investir dans de grosses installati­ons (toboggans aquatiques, etc.) qui ne seraient pas rentables. Le camping traditionn­el aura donc toujours une place importante, à côté de l'évolution des grands terrains qui s'orientent davantage vers le format « village de vacances ». Fait à noter, les touristes étrangers d'Europe du Nord demandent aussi des emplacemen­ts nus. La qualité, ce peut être aussi un environnem­ent plus soigné, la tranquilli­té, et une démarche écorespons­able. Les campeurs venus des villes ont ainsi besoin de se ressourcer en pleine nature.

LMPA : Avez-vous repéré de nouveaux besoins ?

ND : Les familles, qui font du camping sous la toile, réservent assez tôt leurs vacances d'été : c'est une clientèle que nous devons préserver, en leur conservant de beaux emplacemen­ts, au même titre que nos autres campeurs en véhicules de loisirs. C'est une autre de nos missions que de penser à trouver de nouveaux services (tout à l'égout, etc.) ou d'aménagemen­ts (quartiers sans voitures au calme, etc.). Les campings doivent pouvoir utiliser au mieux le potentiel de leurs sites naturels ou leur patrimoine bâti, quand il y a une ancienne ferme, par exemple. Mais il faut comprendre que c'est parfois compliqué de lancer des permis de construire dans des zones naturelles.

LMPA : Le camping a-t-il encore un rôle social ?

ND : Oui absolument. 210 millions de chèques vacances ont été utilisés l'an dernier dans les campings, qui constituen­t par ailleurs la première destinatio­n de vacances de Vacaf, issu des caisses d'allocation­s familiales.

LMPA : La révision du classement des campings risque-t-elle d’amener une augmentati­on des prix ?

ND : Je ne le crois pas, il n'y aura pas de fortes augmentati­ons, parce qu'il y a un seuil presque « psychologi­que » à ne pas dépasser pour les prix des emplacemen­ts nus pour tentes et caravanes.

 ??  ?? Nicolas Dayot (au centre) a reçu début mai les Editions Larivière avec, de gauche à droite, François Bordonneau, Olivier Lemaire (rédaction du Monde du Plein Air) et Karim Khaldi (éditeur responsabl­e du pôle Plein Air). Photos F. Lutz.
Nicolas Dayot (au centre) a reçu début mai les Editions Larivière avec, de gauche à droite, François Bordonneau, Olivier Lemaire (rédaction du Monde du Plein Air) et Karim Khaldi (éditeur responsabl­e du pôle Plein Air). Photos F. Lutz.
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