Itinéraire :
la côte vendéenne, en suivant le Tour de France + notre sélection de 17 campings
La Vendée est assurément un département pour les cyclistes. Non seulement il offre près de 1 800 km de pistes cyclables – dont une partie de la Vélodyssée – mais il a très souvent accueilli le Tour de France. Depuis 1976, cinq « Grand Départ » ont eu lieu en Vendée. Le sixième sera donné le 7 juillet prochain, à Noirmoutier-en-l’Ile. Voici, le long de la côte – et du trajet emprunté par les coureurs – quelques idées pour visiter la Vendée, des conches intimistes du Bois de la Chaise à Noirmoutier aux immenses plages de la Côte de Lumière, en passant par les étendues infinies du Marais Breton-Vendéen.
Début de ce voyage : Noirmoutier, longue bande de terre d’environ 20 km qui, vue du ciel, ressemble un peu à un hippocampe. Le dos de l’animal est recouvert d’une très longue crinière dorée, plus de quarante kilomètres de sable qui forment un cordon quasiment ininterrompu. De l’immense plage du Midi, du côté de Barbâtre, à la secrète et charmante Anse Rouge, au nordest de l’île, le choix est vaste, en tout cas à la hauteur de la fréquentation estivale, qui vient dé- cupler le nombre – modeste – de ses habitants. Le « ventre » de notre hippocampe, lui, ne comporte aucune plage. Du lieu-dit de Fort Larron – étendue de sable plutôt destinée aux pêcheurs à pied – à la pointe de la Fosse, la façade maritime est une longue succession de marais. Car l’île, qui a été entièrement défrichée au VIIe siècle, s’est vue consacrée à l’agriculture. On y récolte notamment diverses variétés de pomme de terre, dont fameuse bonnotte, rare (100 tonnes par an) et fragile, puisqu’elle ne peut être ramassée qu’à la main, une particularité qui faillit entraîner sa disparition dans les années 1960, à l’ère de la mécanisation à tous crins.
Des Bataves en Vendée
Autre activité liée à l’exploitation de la terre, les marais salants sont emblématiques de l’île. Comme une grande partie des surfaces cultivables, ils sont nés au XVIIIe siècle de la construction de près de 500 hectares de polders. On doit ces immenses travaux, qui durèrent presque cent ans, à l’impulsion d’une famille de marchands flamands. Ceux-ci ont d’ailleurs donné leur nom à la jetée Jacobsen, qui ferme
et protège le polder de la réserve naturelle de Müllembourg, 48 ha d’une biodiversité protégéeque l’on parcourt, Pataugas aux pieds et jumelles en mains. De marais en terres sablonneuses, de dunes en polders, les possibilités de balades sont nombreuses sur l’île, à pied et surtout à vélo. C’est le moyen de transport à privilégier, d’abord parce que l’île ne présente quasiment pas de relief, excepté vers le bois de la Chaise… et encore, on est à 22 m au-dessus du niveau de la mer ! Et puis, la petite reine est ici chez elle, sur les 83 km de pistes cyclables
qui courent à travers toute l’île, croisant tout ce qu’elle a de curiosités, du polder de Sébastopol aux moulins de La Guérinière et des marais salants aux plages secrètes de la côte nord, de l’Anse Rouge à la Linière, en passant par le Vieil, où furent tournées de nombreuses scènes du César et Rosalie de Claude Sautet.
Le Grand départ
Longue de 3 329 km, le 105e Tour de France partira de la capitale de l’île. Située au nord, dans la « tête » de l’hippocampe, Noirmoutieren-l’Ile est un enchantement : château-donjon du XIIe siècle (l’un des plus anciens de Vendée dans cet état), avec son musée retraçant l’histoire de l’île ; quartiers pittoresques de pêcheurs de Banzeau et des Coques (maisons blanches basses, tuiles, volets bleus, roses trémières) ; jetée Jacobsen, qui mène de Banzeau à la baie de Bourgneuf, croisant les marais salants et même un cimetière de bateaux… Alors, bien sûr, il y a aura du monde en ville le 7 juillet, dès 8 heures du matin pour l’ouverture du village du Tour. Comme de coutume, la caravane publicitaire s’élancera à 9 h 20, laissant la place aux coureurs qui, eux, partiront à 11 heures Malheureusement, comme en 1993, pour cause de marée montante, le Tour n’empruntera pas le fameux passage du Gois, cette route submersible de plus de 4 km qui relie l’île au continent. Pourtant, depuis vingt ans, la chaussée pavée a vu passer trois fois la Grande Boucle et en a même constitué le Grand Départ, en 2011. La course passera donc par le pont qui sera fermé à la circulation toute la journée du 7 juillet, entre 7 heures et 14 heures.
Le pays de Monts
Ouvert en 1971 et long de 583 m, le pont de l’île de Noirmoutier est le plus court des trois grands ponts français reliant une île (après Ré et Oléron). A sa sortie, le peloton se retrouvera à La Barre-de-Monts. A quelques kilomètres de Fromentine – où l’on prend le bateau pour l’île d’Yeu –, voici le Pays de Monts, dans cette zone-tampon entre deux régions, autrefois la Bretagne et le Poitou, aujourd’hui entre
Loire-Atlantique et Vendée. Ici, c’est l’extrémité nord-ouest de l’immense (45 000 hectares !) Marais Breton-Vendéen, qui forme un triangle entre Bourgneuf-en-Retz, Challans (célèbre pour ses canards et sa Foire des Quatre jeudis, voir encadré « événements ») et Saint-GillesCroix-de-Vie. Moins touristique que son cousin poitevin, le marais présente un paysage de prairies infinies, séparées par de longs canaux et de fins « étiers » (petits canaux
chargés de l’approvisionnement en eau de mer) que l’on parcourait en yole (barque à fond plat) conduite à la « ningle », longue perche qui pouvait servir, à l’occasion, à sauter par-dessus les bras d’eau, à la manière d’un Renaud Lavillenie ou d’un Jean Galfione des marais. On en apprendra plus sur ces objets, sur les canaux, sur la vie et les occupations des maraîchins, en visitant l’Ecomusée du Marais Vendéen-Le Daviaud. Pour bénéficier d’un panorama à 360° sur le marais, on pourra également monter au sommet de Kulmino, château d’eau reconverti en plateforme d’observation (voir encadré « à faire »).
Retour vers la mer
C’est ici aussi, du côté de La Barre-de-Monts, que commence la partie continentale de cette côte de Lumière qui, comme on l’a vu dans notre dernier numéro, se vante de recevoir 2 000 heures de soleil par an, dont profitent les visiteurs qui viennent se balader, se baigner et pratiquer toutes sortes de sports nautiques (surf, bateau, kite et char à voile…) sur les 140 km de plages qu’offre cette ceinture dorée. Entre La Barre-de-Monts et Notredame-de-Monts, les coureurs emprunteront la route départementale 38 qui ne passe pas le long de la mer. Ici, le littoral sauvage est séparé de l’urbanisation par un cordon dunaire et les 2 280 hectares de la Forêt de Monts dont La Barre-de-Monts se taille la part du lion, avec plus de 600 hectares qui séparent la commune de l’océan. Moins sauvage à partir de NotreDame-de-Monts, la forêt s’étend sur 25 km vers le sud jusqu’à Saint-Hilaire-de-Riez.
Sion, la rupture
Ici, à Sion-sur-l’Océan, entre Saint-Hilaire et Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le long cordon sableux qui courait depuis Fromentine se trouve soudainement stoppé par un plateau rocheux formant des falaises plongeant dans l’océan. Voici la Corniche Vendéenne, avec son alternance de criques sablonneuses, grottes et autres curiosités sculptées par l’Atlantique, les Cinq Pineaux (cinq énormes blocs posés sur l’eau) ou le Trou du Diable
dans lequel la mer s’engouffre violemment et duquel elle rejaillit en grandes effusions écumeuses… La Corniche Vendéenne marque aussi la fin de la forêt de Monts, qui laisse ici la place à la ville. Saint-Gilles-Croix-de-Vie est la réunion de deux bourgades (Saint-Gilles et Croix-de-Vie), chacune sur une rive de la Vie, rivière issue du marais Breton-Vendéen. Si la première était spécialisée dans la conserverie de poisson, la seconde était spécialisée dans la lointaine pêche à la morue. Leur réunion, en 1967, a donné un des ports de pêche les plus dynamiques de la façade ouest, dont les bateaux rapportent plusieurs milliers de tonnes de sardines chaque année. Devenue station balnéaire au début des années 1980, SaintGilles-Croix-de-Vie dispose d’une belle et longue plage sableuse, la plage de Boisvinet. Passé la pointe de Grosse Terre, à l’extrémité sud de la ville, les rochers cèdent à leur tour la place au cordon sableux. La corniche de Boisvinet, bordée de villas Belle Epoque, est
suivie d’une zone de dunes. Secrète, sauvage et donc hypertranquille, la plage du Jaunay reste assez peu fréquentée en été, d’abord parce que la baignade n’y est pas surveillée mais aussi à cause de la difficulté à y stationner. Elle est en revanche parfaitement accessible à vélo, par la « Boucle du Jaunay », circuit de 10 km qui fait partie des nombreuses possibilités offertes aux cyclistes par le département. Cet itinéraire ne sera pas emprunté par les coureurs, le 7 juillet. Le peloton devrait passer en pleine ville, devant la mairie, la gare et, via le pont de la Concorde, le symbole de l’union de SaintGilles et Croix-de-Vie, retrouver la D38 et filer vers les Sables d’Olonne.
Au sud, Les Sables
A l’approche de Brétignolles-sur-Mer, le cordon dunaire est à nouveau stoppé par un relief plus rocheux et découpé. Voici une nouvelle station balnéaire, réputée pour ses nombreux campings mais aussi et surtout pour ses quelque 13 km de plages où l’on trouve quelques-uns des plus fameux spots de surf de Vendée. La forêt (1 000 ha de pins et de chênes verts, tout de même !), et la dune reviennent ensuite, au sud, formant une jonction avec le pays des Olonnes et sa capitale. Entre mer et marais salants, Les Sables d’Olonne est une merveilleuse station balnéaire qui prend pied au nord sur un plateau rocheux, sur lequel se trouve le quartier typique de La Chaume, avec ses maisons basses et colorées, ainsi que la tour d’Arundel (XIVe siècle), qui sert depuis longtemps de phare. Celui-ci est une composante du système lumineu qui balise l’étroit chenal qui mène au port de commerce puis à Port Olona, port de plaisance créé à la fin des années 1970 et où ont lieu, tous les quatre ans depuis 1989, le départ et les arrivées du célébrissime Vendée Globe. A l’est du chenal se déroulent la Grande Plage et le Remblai, sur lequel se dressent de beaux immeubles au pied desquels il fait bon flâner, entre boutiques, cafés et restaurants…
Vers le Marais Poitevin
Si le parcours exact du Tour de France, route par route et rue par rue est encore loin d’être connu à l’heure où nous imprimons, on est sûr que le peloton va continuer à faire route vers le sud en suivant la mer, au moins jusqu’à l’Anse de l’Aiguillon. On est ici à la frontière avec la Charente-Maritime, juste en face de l’île de Ré. Après être passé à La Tranchesur-Mer, fameuse pour ses immenses plages, et ses très nombreuses possibilités de sport nautiques (voile, planche, surf…) pour tous les niveaux, le peloton rejoindra La-Faute-surMer, où il bifurquera en direction du nord. Après le village de Grues, la course traversera une grande partie du Marais Poitevin, direction Fontenay-le-Comte, arrivée de cette première étape. Le lendemain, dimanche 8 juillet, la course partira de MouilleronSaint-Germain, à une petite vingtaine de kilomètres au nord, pour la seconde étape vendéenne qui ralliera La Roche-sur-Yon…