La côte merveilleuse
Nous sommes en pays catalan, au pied du massif des Albères, là où les Pyrénées se jettent dans le bleu profond de la Méditerranée. Nous suivons cette côte rocheuse, sauvage et préservée, communément appelée Côte vermeille… une vraie merveille ! De la plage du Racou, située juste au sud d’Argelès-sur-Mer, à Cerbère, dernière ville française avant l’Espagne, nous en prenons plein les mirettes.
La côte sablonneuse est derrière nous. Argelèssur-Mer, capitale française du camping avec plus d de cinquante terrains sur cet cette seule commune, même flanquée de ses immenses plages, n’aurait pas pu nous retenir bien longtemps. Devant, la côte Vermeille, si jolie palette de couleurs, est plus attirante. Sa route, qui serpente entre criques turquoise et vignes vertes plongeantes, est dans notre ligne de mire. Et à l’évidence, nous ne sommes pas les seuls sur ce parcours sinueux d’à peine plus de vingt-cinq kilomètres. Le soleil est là, comme souvent dans cette pointe de France où il brillerait plus de trois cents jours par an. Pour être précis, la côte Vermeille débute juste au sud d’Argelès-sur-Mer, au niveau de la plage du Racou. De là, on distingue déjà très bien les premières falaises à l’horizon. Et pour être tout aussi précis, sur cette merveilleuse côte au profil déchiqueté, quatre grandes étapes pour autant de villes, nous attendent : d’abord Collioure, la plus exceptionnelle, ensuite Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et enfin Cerbère. Plus loin ? La route ne s’arrête évidemment pas, elle passe par l’ancien poste frontière, désormais couvert de graffitis, et vous mène en Espagne sur la Costa Brava (et Port-Bou, son premier village).
Française ou espagnole, à chacune son nom, mais au final, il s’agit toujours et encore de la côte catalane.
Collioure, bien plus qu’en peinture
Dans toute région, il y a toujours un joyau qui brille plus que les autres. Ici, assurément, c’est Collioure. Un charme intemporel pour cette cité, dominée par son château royal et reconnaissable entre toutes grâce à la tour de son église Notre-Dame-des-Anges. Le dôme de celle-ci est sans doute l’élément le plus observé et photographié de tout le port de Collioure. Pour sa situation géographique, avec la Méditerranée en fond, mais aussi grâce à la présence d’une douzaine d’encadrements vides positionnés à divers endroits de la ville, offrant de formidables points de vue sur l’édifice. Original et amusant, il s’agit là d’un concept d’installation créé par l’artiste Marc-André 2 Figuères. Chacun peut ainsi y choisir son propre point de vue et laisser place à son inspiration, en captant l’ambiance du site. Sachez d’ailleurs que d’illustres peintres l’ont fait avant vous. Picasso, Matisse, Derain, Chagall – excusez du peu – ont posé leurs chevalets à Collioure. Ils ont tant aimé cette ville. Ils étaient éblouis par la lumière et les couleurs du site. On les comprend. Suivez
donc le « chemin du fauvisme », honorant Henri Matisse comme André Derain, un circuit spécifique ponctué de reproductions d’une vingtaine de leurs tableaux dans les rues de Collioure. Soyez aussi curieux. Profitez de votre passage pour aller chercher quelques panoramiques sur la baie, depuis la tour Madeloc perchée à plus de 650 m d’altitude, le fort Saint-Elme ou encore le phare vert en empruntant la jetée derrière la chapelle SaintVincent. Partez évidemment à l’assaut du château royal, solidement posé sur un éperon rocheux d’une trentaine de mètres. À partir du XIIe siècle, celui-ci fut occupé par différents rois de royaumes distincts. Reconstruit par les rois de Majorque au XIIIe siècle afin d’en devenir leur résidence d’été, il fut fortifié bien plus tard par Vauban – au XVIIe siècle – avant d’être transformé en prison en 1939. Soyez gourmands également. Depuis des siècles, Collioure s’illustre dans la préparation des anchois. Les maisons Roque et Desclaux sont les incontournables spécialistes du genre, avec des ateliers de salaison qui se visitent pour montrer tout le savoir-faire des ouvrières dédiées à cette activité ancestrale. Avec modération, il vous reste encore à tester les vins AOC de Collioure, qui ne manquent pas non plus de caractère. Collioure est belle, photogénique, intéressante et délicieuse.
Escale à Port-Vendres
À quelques tours de roues de Collioure, Port-Vendres, qui porte bien son nom, la pêche étant un élément indissociable de la ville. Avec plus de quatre mille tonnes de poissons débarqués et commercialisés, il s’agit tout simplement du premier port de pêche du département des Pyrénées-Orientales. Et chaque jour, sur les quais, c’est le défilé des filets, le déchargement des caisses de poissons pour la criée et la queue devant le cabanon de vente, aussi. À l’arrivée des bateaux de pêche, en début d’après-midi, les amateurs de bar et de daurade accourent. Un spectacle en soi. Mais le plus beau du parcours routier est bel et bien à venir. En quittant Port-Vendres vers le sud, très vite, vous découvrez l’anse de
Paulilles. Entre le cap Béar et le cap de l’Abeille, il s’agit là d’une vaste crique adossée aux contreforts des Albères qui abrite les trois plages de Port-Vendres, séparées par des promontoires boisés. Mais le site est aussi celui de l’ancienne dynamiterie Nobel où pendant plus d’un siècle, des générations de Catalans (de 1875 à 1984) ont travaillé formant un véritable village ouvrier. Depuis, le site – classé – est devenu un lieu de mémoire qui se visite. Côté terre, la nature y a repris ses droits. Côté mer, dans les eaux limpides, masque et tuba sont souvent de sortie.
Banyuls : grande bleue et grand cru
En poursuivant votre route, c’est encore l’eau, ce bleu intense de la Méditerranée, qui colore votre itinéraire, mais pas que. Le paysage ne trompe pas. Le vin est là. Vous approchez de Banyuls-sur-Mer et avant déguster ce qui se fait de mieux en AOC Banyuls (rouge, rosé et blanc) et AOC Banyuls grand cru (exclusivement en rouge), vous pouvez déjà apprécier