La presqu’île du Cotentin La terre du bout des terres
De la plus grande rade artificielle du monde à Cherbourg, au plus petit port de France à SaintGermain-des-Vaux, en passant par le deuxième plus haut phare d’Europe à Gatteville et l’un des « Plus Beaux Villages de France » à Barfleur, la presqu’île du Cotentin est le pays de tous les superlatifs.
Jacques Prévert en avait fait sa terre d’adoption. « Une pierre, deux maisons, trois ruines… un jardin, des fleurs… une douzaine d’huîtres… d un rayon de soleil, une lame de fond… » : dans le célèbre inventaire du poète, le Cotentin n’est jamais bien loin. Il faut dire qu’à travers ses espaces naturels préservés, cette « terre du bout des terres » a tout pour inspirer les esprits créatifs. A travers son patrimoine culturel et historique tout autant. En attestent les fortifications du port de Saint-Vaastla-Hougue signées Vauban. Elles sont classées Patrimoine Mondial par l’Unesco et sont entourées par les parcs à huîtres qui valent au petit village de pêcheurs de la côte est de la presqu’île le respect des gastronomes du monde entier. Au nord, un autre port : Barfleur. Labellisé parmi « Les Plus Beaux Villages de France », on y découvre à travers d’étroites maisons de pêcheurs en granit. La commune peut également s’enorgueillir de posséder le 2e plus haut phare d’Europe. 365 marches permettent d’atteindre le sommet perché à 75 mètres du phare de Gatteville, d’où l’on découvre un panorama à 360 degrés à couper le souffle ! Vers l’ouest, un autre ouvrage fascine par
son aspect tout aussi monumental : l’ensemble de digues qui protègent le port de Cherbourg. Derrière, c’est la plus grande rade artificielle de la planète qui s’offre aux regards. La ville, résolument tournée vers le grand large, abrite la Cité de la Mer, aménagée dans l’ancienne gare maritime transatlantique où trône « Le Redoutable », tout premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins français.
Terre d’inspiration
A l’ouest de la presqu’île, changement de décor. On quitte les
rivages jalonnés d’ouvrages militaires de défense, pour un littoral conservé à l’état brut. Le cap de la Hague, longé par le sentier littoral des Douaniers, offre une suite de panoramas vertigineux, succession de hautes falaises et de baies abritant de belles plages de sable ou de galets. Ces 72 km de sentiers balisés, sur le seul territoire de La Hague, permettent de découvrir les grands sites de la péninsule : le Nez de Jobourg, d’où on aperçoit les îles anglo-normandes, la baie d’Ecalgrain, le phare de Goury, ouvrage essentiel veillant sur le Raz Blanchard. C’est là que, sur la route maritime la plus fréquentée du monde, sévit l’un des courants les plus forts de la planète, courant qui peut atteindre les 20 noeuds… L’atmosphère tumultueuse de l’endroit contraste singulièrement avec le calme dégagé par deux des curiosités de la région. D’abord Port Racine. C’est « le plus petit port de France » dit-on. Et vu sa taille, on peut penser que c’est la vérité ! Ensuite, et non loin de là, à Omonvillela-Petite, la Maison Prévert que l’on peut visiter. Le poète et scénariste y a vécu les dernières années de sa vie et il est enterré au cimetière de la commune. Cette terre a tout pour inspirer les créatifs : le peintre Jean-François Millet en est une autre illustration. Le peintre cofondateur de l’école de Barbizon est originaire de la région. Sa maison natale à Gréville-Hague, non loin de la maison Prévert, se visite également. Quitter la côte est difficile, mais la visite de quelques villages de l’intérieur à travers le Parc Naturel Régional des Marais du Bessin et du Cotentin vaut la peine. Citons en particulier le joli village de Saint-Saveur-le-Vicomte, à l’ambiance écossaise, dont le château médiéval est des plus intéressants. Enfin, en revenant vers l’est, impossible de ne pas aller à Sainte-Mère-Eglise et sur la plage d’Utah Beach, hauts lieux du Débarquement de 1944, où s’est écrite