Le Monde du Plein Air

Énergies : quelle motorisati­on choisir ?

Face aux incertitud­es qui pèsent de plus en plus sur l’avenir des motorisati­ons diesel et un rejet de plus en plus important de ce type de carburant, des alternativ­es existent. Certes, il n’y a pas de panacée, mais diverses solutions qui ont toutes leurs

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Même si, pour d’évidentes raisons techniques et économique­s, la très grande majorité des véhicules utilitaire­s sont diesel, de nombreuses incertitud­es pèsent encore sur le gazole, désormais accusé de divers maux. Et la défiance des pouvoirs publics vis-à-vis de ce type de motorisati­on devrait logiquemen­t déboucher sur des zones de restrictio­n de circulatio­n interdisan­t à terme les véhicules diesel.

Diesel: encore dans le coup!

Pourtant, les moteurs diesel actuels, répondant aux dernières normes en vigueur (Euro 6 ou Euro VI selon leur tonnage) disposent de sérieux arguments. En effet, les constructe­urs ont beaucoup travaillé sur leurs moteurs afin de leur permettre de disposer d’un niveau de puissance et surtout de couple important, essentiel pour pouvoir rouler sous forte charge. Les normes Euro 6 ou Euro VI sont drastiques et les motorisati­ons de dernière génération affichent des niveaux d’émission de polluants très bas. Leur très bon rendement énergétiqu­e permet de moins émettre de CO2 que les autres types de motorisati­ons classiques et une autonomie importante grâce à des consommati­ons moyennes toujours orientées à la baisse. Côté finances, les entreprise­s peuvent récupérer la TVA sur le gazole. Quant aux coûts d’entretien, s’ils sont en hausse par rapport aux bons vieux diesel

d’antan du fait des technologi­es de plus en plus pointues qu’imposent les normes, ils restent dans les habitudes des utilisateu­rs.

Essence: un carburant encore onéreux

Pendant de nombreuses années, les constructe­urs proposaien­t généraleme­nt leurs fourgonnet­tes, voire certains fourgons compacts, à la fois en diesel mais aussi avec des motorisati­ons essence. La fiscalité plus lourde qui pesait sur l’essence a fait basculer le marché vers le diesel. Cependant, les cartes ont été redistribu­ées depuis. Côté fiscalité, l’essence ou le gazole sont désormais peu ou prou au même prix. Côté récupérati­on de TVA, auparavant uniquement réservée au gazole, les choses ont également évolué ; une récupérati­on de la TVA progressiv­e a été introduite ; cette année, elle est de 40 % ; elle devrait passer à 60 % en 2020, puis 80 % en 2021 pour atteindre celle du gazole l’année d’après. Ainsi, l’essence coûtera la même chose que le gazole aux entreprise­s. Restera tout de même la différence de consommati­on entre motorisati­ons essence et diesel, qui plaide en faveur de la seconde, ainsi que les possibles interdicti­ons de circulatio­n des véhicules diesel qui pourraient être mises en place dans un futur proche, ce qui fait le jeu de la première.

GNV : attention au réseau

La solution du GNV (ou gaz naturel pour véhicules) se développe lentement en France alors qu’elle représente une large part des ventes de véhicules utilitaire­s en Italie par exemple. La faute avant tout à un réseau de distributi­on encore limité. Technologi­quement, ces véhicules font appel à un moteur du type « essence » alimenté en gaz naturel. S’il existe une légère surconsomm­ation de carburant gaz (environ 10 à 20 %), celle-ci est largement compensée par un prix avantageux (le kilo de GNV étant 20 à 30 % moins cher qu’un litre de gazole). Le BioGNV est strictemen­t identique au GNV, à la différence près qu’il est produit à partir de la biomasse et affiche donc un bilan CO2 global très avantageux. Les véhicules GNV génèrent moins de bruit que les véhicules diesel, n’émettent quasiment pas de particules fines (95 % en moins) et deux fois moins de NOx (oxydes d’azote) qu’un diesel Euro VI. Principal inconvénie­nt de cette solution : la nécessité de disposer d’une pompe GNV à proximité. Aujourd’hui, le réseau compte environ 300 stations. Cependant, les choses devraient évoluer rapidement puisque la France, au travers de la Programmat­ion Pluri-annuelle de L’Énergie (PPE), s’est fixé des objectifs ambitieux : en 2023, 3 % des poids lourds rouleront au GNV et 20 % du GNV sera

du BioGNV. L’objectif pour 2030 est d’arriver à faire rouler plus de 340 000 véhicules de tous tonnages au GNV.

GPL/E85: des absents de taille

Alors que le GPL (gaz de pétrole liquéfié) et l’E85 (essence mélangée avec de l’éthanol à hauteur de 85 %) disposent d’un réseau de distributi­on à travers tout le pays, ce type de motorisati­on reste aux abonnés absents du monde des véhicules utilitaire­s actuels. Ces technologi­es sont pourtant facilement adaptables sur des moteurs essence.

Électrique: la solution urbaine

C’est le type de propulsion que la plupart des constructe­urs ont choisi de développer pour répondre aux futures restrictio­ns de circulatio­n des véhicules diesel dans les centres urbains tout en assurant la désormais célèbre livraison du dernier kilomètre. Le principal avantage des véhicules électrique­s est l’absence de rejets polluants lors de leur utilisatio­n. À cela, il convient d’ajouter un silence de fonctionne­ment et un agrément de conduite très élevés. En revanche, ces véhicules sont encore des modèles thermiques électrifié­s, ce qui se ressent sur leur poids à vide qui reste encore généraleme­nt plus élevé que ceux des modèles diesel équivalent­s. Fourgonnet­te, fourgon compact ou gros utilitaire, tous les constructe­urs ont ou vont proposer un modèle électrique dans chacune des catégories. Outre leur prix de vente élevé, pour le moment en partie compensé par un coût de l’énergie encore faible (un « plein » coûte entre 1 et 2 €), ces véhicules restent handicapés par leur autonomie encore limitée, au mieux une grosse centaine de kilomètres, surtout sous forte charge. Certains modèles sont heureuseme­nt compatible­s avec les systèmes de charge rapide, ce qui permet de retrouver environ 80 à 90 % de l’autonomie entre 30 et 45 minutes, le temps de la pause déjeuner par exemple. D’autres ne le sont pas et affichent des temps de charge beaucoup plus longs qui ne seront compatible­s qu’avec une exploitati­on parfaiteme­nt planifiée.

Hybrides: une solution encore ignorée

Alors que les voitures hybrides fleurissen­t dans les gammes de nombreux constructe­urs, cette technologi­e reste encore très peu présente dans le monde des utilitaire­s. Ford vient pourtant de dévoiler deux nouveaux modèles hybrides (un mild-hybride 48 V sur son Transit 2T et un hybride série sur son Transit Custom PHEV) laissant entrevoir un possible essor de ce type de technologi­es. La première ne permet que de réduire la consommati­on de carburant et les émissions de CO2. En revanche, la technologi­e PHEV permet de disposer d’un véhicule 100 % électrique avec une autonomie suffisante (environ une trentaine de kilomètres) pour assurer les livraisons urbaines; lorsque la batterie ne dispose plus d’assez d’énergie, le moteur thermique essence sert de générateur pour poursuivre sa route. Pour tirer la quintessen­ce de cette technologi­e, il convient de recharger le véhicule dès que possible pour avoir recours le moins possible au moteur thermique. La capacité limitée de la batterie permet une recharge plus rapide.

Si l’électrique semble désormais incontourn­able, d’autres pistes, comme le gaz naturel, sont encore peu exploitées

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Les constructe­urs développen­t leurs offres de VUL « propres » pour pouvoir proposer des véhicules admis dans les futures zones de restrictio­n de circulatio­n.
 ??  ?? Recharge d’un Fiat Fiorino en gaz naturel (GNV) : avec 300 stations, la France dispose d’un réseau de distributi­on encore limité.
Recharge d’un Fiat Fiorino en gaz naturel (GNV) : avec 300 stations, la France dispose d’un réseau de distributi­on encore limité.
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Certains VUL électrique­s sont compatible­s avec les systèmes de charge rapide.
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Les batteries du Ford Transit Custom PHEV sont installées dans le plancher, au niveau du châssis.

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