Le Monde du Plein Air

La sérénité au volant

Les nombreux progrès techniques concernant la sécurité de nos autos, tant sur le plan dynamique que passif, facilitent la traction des caravanes. Encore faut-il adapter sa conduite. D’où ces différents conseils.

- Par F. L. / Photos B. Réjou/G. Cousseau /DR

Avant même de prendre la route, on est tenu de respecter un certain nombre de critères techniques relatifs à la traction. Vous savez qu’il faut impérative­ment ne pas dépasser le poids tractable homologué de votre auto. Et encore, que le poids total autorisé en charge (PTAC, ou encore MTAC, MMAC, mention carte grise F2 ) de votre caravane ne peut non plus être dépassé. Toutes ces obligation­s ont une raison : surchargée, la caravane devient dangereuse, ses freins perdent leur efficacité, ses pneumatiqu­es chauffent et éclatent (voir plus bas). Enfin, la tractrice elle-même est mise à rude épreuve avec une charge remorquée trop lourde : écrasement du train arrière, embrayage et freinage trop sollicités, tenue de route improbable… D’où le strict respect à tenir envers la réglementa­tion.

Le poids en flèche

Le « poids en flèche » ou « poids au timon » se mesure à l’arrêt, caravane stabilisée et bien à plat sur un terrain dur : avec un pèse-personne ou un appareil de mesure spécifique (pèse-flèche), on relève le poids que constitue l’appui de la tête d’attelage. En général, il est conseillé d’aller jusqu’à 7% du poids total de la caravane, sans dépasser la mention

C’est sur l’autoroute où l’on doit être le plus vigilant, à cause de la vitesse et des turbulence­s induites par la prise au vent. qui figure sur la tête d’attelage. Ce poids garantit la tenue route : s’il est trop léger, ou négatif (la caisse bascule en arrière), la caravane va rapidement louvoyer et devenir dangereuse. S’il est suffisant, la caravane suivra bien la voiture. Trop lourd, en revanche, le poids en flèche va écraser le train arrière de la voiture. Le train avant risque de délester, la tenue de cap se dégrader, voire sa motricité si l’auto est une traction.

D’où la préférence de certains utilisateu­rs pour les propulsion­s, les 4 roues motrices ou les vrais 4x4. Notez qu’une valeur maxi admissible pour l’attelage de la tractrice figure dans tout manuel technique automo

La distance de freinage est augmentée avec une caravane. D’où la nécessité de réduire l’allure, sans attendre les radars automatiqu­es… bile : elle correspond à la valeur S inscrite aussi sur la ferrure. Ne la dépassez pas : si en roulant, la caravane a tendance à délester avec l’appui du vent, au freinage, la valeur peut doubler.

Répartitio­n des masses

Les masses se positionne­nt toujours au plus bas de la caravane, au-dessus et autour de l’axe de l’essieu ou des essieux, pour descendre au maximum le centre de gravité. Cela bien sûr en ayant respecté le poids en flèche. Les transferts de masse dans la caravane, en effet, pourraient considérab­lement nuire à votre tenue de route, notamment en virage, et vous faire perdre votre trajectoir­e. Pensez à bien amarrer les charges, ou à les stabiliser sur des tapis antidérapa­nts : des caisses, des valises ou des jerrycans peuvent donner des coups de boutoir (et du coup abîmer votre caravane). Autant que possible, ne partez pas avec les réserves d’eau pleines, qui prennent de la charge utile.

Contrôle des pneumatiqu­es

Ils supportent tout : les pneus doivent être surveillés, examinés et changés au bout de quelques années (5 à 6 ans maxi selon les profession­nels). Avant chaque départ, vérifiez la pression des pneus, et n’hésitez pas, selon les préconisat­ions de chaque manufactur­ier, d’ajouter 200 à 300 g. Un pneu sous-gonflé éclatera rapidement, surtout quand il s’agit de petites roues (on en voit de moins en moins sur les nouvelles caravanes). A la bonne pression, le pneumatiqu­e se déformera moins et chauffera moins. Un grand classique : dès les départs en vacances, on voit des petites caravanes sur le bord de la route, dont les pneus ont éclaté. Pas de contrôle de pression et bande de roulement déformée, c’est l’accident à coup sûr.

La bonne vitesse

Le Code de la Route ne limite réglementa­irement que l’allure des attelages dont le PTRA est supérieur à 3500 kg (article R 413-8, 80 km/h sur route et 90 km/h sur autoroute). Pour les autres, rien. Cela ne veut pas dire qu’il faut rouler dans l’insoucianc­e, au contraire. Outre la prise au vent, il y a les descentes, deux situations à risque. Du reste, on rencontre souvent une limitation de vitesse spécifique illustrée par une caravane, et qui concerne toutes les versions de plus de 250 kg, autant dire toutes les caravanes et une bonne partie des remorques (référence officielle panneau XM4x). Dans tous les cas, il faut rester maître de sa vitesse, et anticiper les distances de freinage et toutes les manoeuvres à venir (changement de direction, dépassemen­t, virage, etc.). Dès que l’on ne sent plus son volant, que la tenue de cap semble floue, c’est que l’on roule trop vite.

Dépasser, être dépassé, croiser

Avant de dépasser un véhicule (poids lourd par exemple), assurez-vous de pouvoir vous rabattre totalement… Sur autoroute ou voie rapide, quand vous pouvez utiliser tranquille­ment la deuxième voie, pour éviter l’aspiration du camion, rétrograde­z pour « tendre » votre attelage et écartez-vous suffisamme­nt du poids lourd. Rabattez-vous ensuite, à bonne distance, en enclenchan­t le rapport supérieur pour retrouver un régime moteur de croisière (sur les boîtes automatiqu­es, utilisez les rapports en mode séquentiel). Généraleme­nt, les routiers sympas vous feront un appel de phare… Remarque : si votre auto en a la puissance, et que la route vous le permet, doublez plutôt en montée ! La caravane suivra mieux la voiture (voir « louvoiemen­t et mise en lacet », plus bas) et sera moins exposée au vent, car la force principale dynamique qu’elle subit est le « tirage » de la voiture. Si vous êtes doublé, à l’inverse, essayez autant que possible de coller à la droite de la chaussée, pour limiter l’aspiration (notable quand c’est un bus ou un poids lourd). Lors d’un croisement, enfin, on peut ressentir une « gifle » quand on tracte une caravane. Là encore, si possible, collez à droite.

Louvoiemen­t et mise en lacet

On l’a vu, la perte de trajectoir­e d’une caravane vient soit de pneumatiqu­es sous-gonflés, d’un poids en flèche insuffisan­t ou d’une mauvaise répartitio­n des masses, placées trop sur l’arrière de la caisse. Ou encore d’un coup de volant brutal de la part du conduc

Ce panneau autoroutie­r indique le plus souvent des descentes ou traversées de zones ventées. Soyez vigilants.

teur. A une certaine allure, que les ingénieurs appellent « vitesse critique », la caravane commence à louvoyer. Tout dépend bien sûr de sa prise au vent, de la voiture, de la météo et de la chaussée, des conditions de circulatio­n. La descente est particuliè­rement délicate, d’où les panneaux de limitation de vitesse que l’on voit sur les autoroutes. Quand la caravane louvoie, il faut impérative­ment ralentir. S’il n’y a personne derrière vous, n’hésitez pas à freiner fermement. Autrement, lâchez l’accélérate­ur et allumez vos feux de détresse pour vous signaler auprès des autres conducteur­s. N’accélérez jamais : contrairem­ent à des idées reçues, la vitesse ne fait qu’amplifier le mouvement de louvoiemen­t, et la caravane, en balayant la route, risque de se décrocher ou de vous entraîner hors de la chaussée. Abordez donc les descentes en ralentissa­nt, et en surveillan­t bien la caravane qui doit rester en appui constant sur votre voiture, bien dans sa trajectoir­e. De la même façon, ne doublez jamais en descente, ou quand le vent est trop fort. Ne suivez pas non plus de trop près les gros poids lourds ou les camions-citernes, porte-voitures, etc., qui déplacent beaucoup d’air et peuvent vous déstabilis­er par leurs turbulence­s. Si vous devez les doubler, attendez de rouler sur une portion moins exposée au vent, ou encore réalisez le mouvement dans une montée, si la puissance moteur vous le permet.

Freiner en douceur

Toutes les caravanes modernes disposent d’un frein à inertie. Cela contribue à limiter le supplément de distance de freinage induit par sa masse (déjà 30 % de plus qu’avec une auto seule !). Une caravane équipée de freins en bon état (neufs ou contrôlés) conservera une meilleure trajectoir­e en cas de brusque ralentisse­ment et solliciter­a bien sûr moins les freins de la voiture. Dans tous les cas, anticipez les situations où il va falloir freiner, et évitez de « piler ». La plupart des voitures du parc auto étant maintenant équipées d’ABS, le risque de dérapage est plus limité. Toutefois l’ABS ne réduit pas la distance de freinage.

Situations diverses

Dans les ronds-points et croisement­s, adoptez des mouvements amples, sans couper les trajectoir­es. Avertissez les usagers longtemps

Côté auto, un empattemen­t long, des voies larges et une masse plus importante que celle de la caravane facilitent la traction.

à l’avance avec vos clignotant­s, et prenez garde aux autos qui peuvent surgir sur vos angles morts. Surveillez toujours les roues de votre caravane dans les rétroviseu­rs : elles doivent passer partout, ne pas heurter les trottoirs ou les bordures. D’où l’importance d’anticiper les trajectoir­es, et de ne pas coller à droite dans les intersecti­ons, si vous devez tourner. Parfois, il est préférable de prendre les itinéraire­s poids lourds.

Reculer avec une caravane

La marche arrière est la manoeuvre la plus délicate, et toutes les autos ne sont pas équipées de systèmes électroniq­ues pour la faciliter. En résumé : si vous ne pouvez dételer et que vous voulez diriger votre caravane, quand elle n’est pas équipée d’une aide à la manoeuvre type « mover », placez-vous autant que possible en ligne droite. Pour emmener votre caravane à droite, tournez les roues à gauche et reculez doucement : la boule d’attelage fait pivoter l’attelage en sens inverse. Décrivez ensuite une trajectoir­e courbe en ramenant doucement et progressiv­ement le volant en ligne droite, puis vers la droite. Dirigez ensuite votre caravane en affinant sa trajectoir­e avec quelques petits coups de volant. Pour reculer à gauche, faites l’inverse : le volant doit être braqué à droite au début de la manoeuvre. Dans tous les cas, évitez de vous retrouver « en angle » avec le timon touchant votre pare-chocs. Surveillez

aussi que vous avez suffisamme­nt de place pour que la voiture puisse se mouvoir… Une vidéo pour expliquer la marche arrière, sur le site du : https://www.lemondedup­leinair.com/bienfaire-une-marche-arriere-en-angle-avecune-caravane/

Permis : rappel B, B96 et BE

Sur notre site internet, vous retrouvere­z toutes les explicatio­ns réglementa­ires liées aux permis de conduire. Toutefois, un petit rappel s’impose. Le permis B permet de tracter une caravane dont le PTAC n’excède pas 750 kg. Il est aussi valable pour toute combinaiso­n de poids (PTAC) caravane + auto quand la somme ne dépasse pas 3500 kg. Le permis B 96 (formation en auto-école) permet d’avoir un attelage dont l’ensemble (somme des PTAC) n’excède pas 4250 kg. Le permis BE, enfin, soumis à des épreuves théoriques et pratiques, autorise la conduite d’ensembles attelés dont la somme des PTAC dépasse 4250 kg. Attention, cette réglementa­tion s’applique uniquement pour les conducteur­s d’un véhicule de catégorie B (PTAC 3500 kg maxi). Enfin, c’est le PTAC qui est pris en compte pour les permis, et jamais les poids réels. Remarque : le permis BE (ancienneme­nt E) ne fait plus l’objet de renouvelle­ment par visite médicale, sauf pour les conducteur­s déjà soumis à un contrôle médical.

Les rafales de vent gênent considérab­lement la traction. Soyez très prudents.

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