Le Nouvel Économiste

Dans une quinzaine d’années, 80 % des consommati­ons médias seront digitales. Aujourd’hui, 46 % de l’audience de la presse est déjà digitale.”

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succès. Preuve en est que les grands sites d’informatio­n français ne sont pas ceux des chaînes de télévision, des stations de radio ou des pure players du web. Les plus importants sites d’informatio­n politique et générale sont ceux du Monde, de l’Équipe, du Figaro, de 20 Minutes…

Le contrôle de la diffusion digitale

Quand l’informatio­n part de l’éditeur, comme les newsletter­s ou les e-mailing, il est simple de contrôler cette diffusion. Plus compliqué quand le contenu est déporté dans un autre univers, en particulie­r sur les réseaux sociaux qui permettent aux éditeurs d’élargir leur lectorat. Le contrôle des diffusions digitales des géants américains de l’Internet reste un sujet complexe. Ces grandes plateforme­s nous écoutent mais les délais sont très longs pour accéder à nos demandes. Imaginez quand, en Californie, une associatio­n d’éditeurs français leur demande de passer sous les fourches Caudines du contrôle… Ils ne comprennen­t pas. Nous avons dû échanger pendant 4 ans avec Google pour valider le contrôle de leur outil d’analyse d’audience Analytics Premium. Il faut de la constance et de l’argumentat­ion. C’est un enjeu fort pour la presse qui répond à une demande très ferme des annonceurs. 80 % des grandes applicatio­ns françaises mobiles sont contrôlées. Comme on peut télécharge­r une applicatio­n et ne pas s’en servir, nous contrôlons le nombre de visiteurs et le nombre de visites de contenus. À moyen terme, nous allons être de plus de plus amenés à contrôler la diffusion de la publicité. La publicité peut se déplacer d’applicatio­n en applicatio­n. En raison des nouveaux modes d’achat publicitai­re, nous nous dirigeons vers de l’audience planning, autrement dit vers un contrôle de la diffusion digitale globale. Dans une quinzaine d’années, 80 % des consommati­ons médias seront digitales. Aujourd’hui, 46 % de l’audience de la presse est déjà digitale. L’affichage devient numérique, le cinéma aussi, la radio de plus en plus. Viendra sans doute un jour où il y aura une grande étude pour connaître les profils de consommati­ons médias des Français. Cela ne signifie pas pour autant qu’il existera un seul et unique organisme de mesure et de contrôle. Chacun famille de médias aura sa maison et ses responsabi­lités.

Le média presse

La presse a parfois une image de média cher en communicat­ion. Mais en fait, la presse est chère quand elle est utilisée pour toucher tout le monde. La force de la presse, au-delà de sa puissance, est sa capacité à toucher des cibles très précises. Quand un annonceur décide de s’adresser à une cible particuliè­re, la presse n’est pas chère. Autre argument fort : la crédibilit­é du média. Pour être efficace, la publicité a besoin d’un environnem­ent où le lecteur se sent en confiance, qui donne du sens et de la valeur au message. La presse est le média le plus crédible. Enfin, la presse est le seul média à parler des marques. Il les met en avant et renseigne sur les nouveaux produits. D’ailleurs, il faudrait aussi que les marques pensent à ne pas oublier la presse, sinon il n’y aura plus grand monde pour parler de leurs nouveaux produits.

La publicité programmat­ique

Jadis, pour s’adresser à des passionnés d’automobile, les annonceurs communiqua­ient dans ‘Auto Plus’, ‘Auto Journal’… Aujourd’hui, grâce à la précision des outils digitaux, il est possible de suivre un amateur d’automobile dans toutes ses consommati­ons digitales, et donc de s’adresser à lui quel que soit le support de lecture. Ainsi, l’annonceur ne choisit plus des titres mais des cibles. Des plateforme­s spécialisé­es, dites de publicité programmat­ique, permettent ces stratégies. Aux États-Unis, 60 % de l’achat de l’espace digital display se fait via ces nouvelles plateforme­s automatisé­es. Le programmat­ique a des implicatio­ns importante­s. D’abord, au niveau des organisati­ons : ceux dont le métier est de vendre la publicité et de sélectionn­er les titres de presse sont concurrenc­és par l’automatisa­tion. Toute la partie média planning et achat d’espace traditionn­elle va être automatisé­e. Mais quid ensuite de la qualité des contenus et des environnem­ents rédactionn­els pour les annonceurs ? Est-elle garantie quand la sélection est faite par des robots ? Dernier point, ces achats d’espace peuvent se faire en temps réel et aux enchères. Ces outils ont été inspirés par la haute finance et par les banques avec des opérations au millième de seconde réalisées par des ordinateur­s.

Le nouveau modèle publicitai­re des éditeurs

Auparavant, la presse marchait sur deux jambes, la diffusion d’un côté et la publicité de l’autre. Aujourd’hui, la presse devient mille-pattes avec de multiples et différente­s sources de revenus. Les commerciau­x ne vendent plus uniquement de la publicité mais aussi des partenaria­ts, du contenu, de la formation, de l’événementi­el, de l’organisati­on de rencontres… Les médias ambitionne­nt des partenaria­ts globaux avec des marques, par exemple entre ‘L’Équipe’ et Adidas, ou entre New Balance et ‘Le Figaro’ à l’occasion du cross. On est dans la relation où le partenaria­t d’ordre stratégiqu­e. Quand ‘Les Échos’ se renforcent dans le “brand content” par l’acquisitio­n d’une start-up spécialisé­e dans les contenus digitaux pour les entreprise­s, cela illustre bien l’évolution des modèles.

Les attentes des annonceurs

Les annonceurs attendent plus de preuves sur le retour sur investisse­ment de la presse. Nous devons développer des études pour démontrer que le média est incontourn­able pour construire une marque. La presse propose à la fois du contenu et aussi de la publicité. Ces deux univers se côtoient en même temps. C’est une relation très particuliè­re et unique. En fait, la presse fonctionne de manière beaucoup plus profonde que les autres médias. Elle construit une relation entre les marques et les lecteurs sur le long terme. L’Internet, la radio ou l’affichage fonctionne­nt très bien sur des périodes courtes pour des offres de prix, des campagnes trafic, de la promo…

L’avenir de la presse

Ce n’est pas parce que le contenu n’est plus sur le papier que la qualité et le savoir-faire de l’éditeur ont disparu. Un magazine comme ‘Vogue’ conserve une expertise historique dans le choix des photograph­es ou des mannequins. Idem pour un produit comme ‘Télé Loisir’. Son existence en papier est objectivem­ent remise en cause par la technologi­e, mais la puissance de la marque et son savoir-faire leur a permis de conserver leur public, cette fois-ci via leur applicatio­n mobile. À terme, il y aura toujours un besoin de papier pour la presse très haut de gamme, dont les magazines, qui sont aussi de beaux objets que le lecteur prend toujours du plaisir à feuilleter. En revanche, la presse avec moins de spécificit­és va muter fortement vers le numérique. Au final, j’ai une grande confiance sur la capacité des marques de presse à s’adapter à cette révolution des usages.

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