Le Nouvel Économiste

Brexit, une calamité ou un espoir ?

C’est bien l’ Europe qui est la question et le modèle b rit an nico américain qui est la solution

- BERTRAND JACQUILLAT

D’aucuns voient dans le résultat des élections ayant conduit au Brexit une calamité qui correspond à un funeste enchaîneme­nt, lequel ne serait pas sans rappeler les années 1930 avec la grande dépression et la montée du nazisme. Nous n’en sommes certes pas là, mais certains aspects sont tout de même inquiétant­s : la perte de confiance des citoyens dans leurs institutio­ns, au premier chef les institutio­ns européenne­s ; la remise en question de la fluidité des frontières devant la montée du repli sur soi ; une nette tendance à la perte d’optimisme quant au futur qui est apparu bien avant la crise financière. En effet, dès 2005, Alan Greenspan, alors chairman de la Réserve fédérale américaine, s’inquiétait et déclarait ne pouvoir tolérer une situation où la plupart des Américains étaient confrontés à une baisse de leur pouvoir d’achat depuis plusieurs années. Et la situation ne s’est pas améliorée ppour autant ppuisqueq les inégalités­g n’ont jamais été aussi marquées aux États-Unis qu’en 2015, ce qui donne un écho particulie­r à la montée d’une culture nihiliste parmi les peuples. Enfin, dernier trait commun avec les années 1930, un certain délitement de l’ordre mondial, avec la lassitude avouée des États-Unis d’Amérique à exercer leur rôle de gendarme du monde.

L’UE a tout fait à l’envers

Et c’est au moment où l’Europe a besoin d’une cure toute britanniqu­e que le Brexit l’emporte. Car l’histoire, la tradition, les institutio­ns, la culture démocratiq­ue du Royaume-Uni et l’expérience politique des Britanniqu­es auraient pu fournir à l’Europe de solides repères pour corriger ses défauts. Ceux-ci ont été abondammen­t ressassés pendant la campagne britanniqu­e du référendum : défaut de légitimité démocratiq­ue, difficulté­s de gouvernanc­e, manque d’efficacité et un gigantesqu­e excès de bureaucrat­ie et de réglementa­tion : de l’uniformisa­tion de la taille des niches canines à celle des méthodes de fabricatio­n des fromages de chèvre… L’Union européenne a tout fait à l’envers. C’est bien l’Europe qui est la question et le modèle britannico-américain qui est la solution. L’Europe a besoin de se réformer et ce de façon différenci­ée. Poursuivre l’intégratio­n dans le domaine de l’euro qui n’a pas été dotée du cadre d’accompagne­ment politique et budgétaire pour rester un succès, et réformer le système de Schengen qui ne peut fonctionne­r sans un renforceme­nt de la protection des frontières extérieure­s. Dans d’autres domaines en revanche, l’Union pourrait avantageus­ement s’allégerg et même distribuer les compétence­sp avec les États membres selon le principe de subsidiari­té. Dans un effort de réforme à mener, le pragmatism­e, le bon sens, le refus de la régulation excessive et de la centralisa­tion qui caractéris­ent les Britanniqu­es seraient les bienvenus, surtout en leur absence. Gardons l’espoir que ces caractéris­tiques prévaudron­t dans les nouveaux projets qui seront proposés pour l’Europe.

Dans un effort de réforme à mener, le pragmatism­e, le bon sens, le refus de la régulation excessive et de la centralisa­tion qui caractéris­ent les Britanniqu­es seraient les bienvenus, surtout en leur absence

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