Le Nouvel Économiste

Ne tournons pas autour du pot. Si de petits pays comme le Rwanda peuvent montrer l’exemple, l’avenir du continent se jjoue au Nigeria,g en Éthiopie et au Congo, qui en forment les grandes masses”

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catalyseur de plus en plus marqué. Le développem­ent économique s’opère donc en “peau de léopard”, avec des zones en expansion et des corridors qu’il faut identifier si on veut réussir en Afrique. C’est un peu d’ailleurs la façon dont on pense en Afrique. Le concept du “jô” qu’on peut traduire par empilement, ou multi-appartenan­ce. Les Africains ont cette aptitude à vivre, à penser à plusieurs niveaux au même moment, d’où aussi cette capacité à faire plusieurs choses à la fois. Cette culture du jô se décline aussi sur le plan économique, d’où cette apparence d’anarchie et l’impression d’un développem­ent tous azimuts, qui fait feu de tout bois. C’est ce qui explique à mon sens que l’Afrique s’affirme de plus en plus comme une terre d’innovation et d’expériment­ation sans pareille, mais loin d’un plan d’ensemble cohérent. Ce qui rend l’accès au marché africain un peu difficile pour les investisse­urs étrangers, alors qu’on observe de grandes réussites parmi les groupes africains. On est là encore dans un schéma hirschmani­en. L’Afrique vit au rythme de tensions extrêmes qui donnent l’impression d’un état de crise permanent. À sa décharge, les États africains sont de constructi­on récente. Et même encore aujourd’hui, il n’y a pas dans les faits un véritable État dans un pays comme le Nigeria. Pour autant, les vrais États faillis se comptent sur les doigts d’une main et la tradition des putschs pourrait bien appartenir au passé. Par contre, l’Afrique ne peut pas échapper aux tensions du monde entre le monde arabe et le monde noir. Un tiers de l’Afrique est musulmane avec une variété extrême qui va du soufisme pratiqué au Sénégal à d’autres formes pratiquées ailleurs. En réalité, l’Afrique se cherche. Mais elle a vingt siècles d’histoire derrière elle et elle est en train de se réappropri­er son passé. Jusqu’où le verre est-il rempli ? 15 % ? 50 % ? Difficile à dire mais il y a une certitude, le verre se remplit. L’énergie humaine y est considérab­le. Or comme le disait Bodin, il n’est de richesse que d’hommes.

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