Le Nouvel Économiste

L’aventure maîtrisée

Annulation, frais médicaux et rapatrieme­nt, attention aux plafonds, vigilance sur la destinatio­n et gare aux conditions

- PIERRE-JEAN LECA

Si les assurances voyage peuvent être souscrites avec le voyage lui-même, la plupart des cartes bancaires permettent de bénéficier d’assurances et de garanties pour tous les voyages. Toutefois, compte tenu des conditions d’applicatio­n très restrictiv­es, il est recommandé d’étudier avec soin les caractéris­tiques du contrat avant de s’en contenter

“Le touriste malade ou accidenté est devenu un véritable business dans les cliniques et hôpitaux, en Asie, en Turquie, aux États-Unis”

“Une assurance qui couvre tout, cela n’existe pas, et le métier des courtiers est de vous décrypter les petites lignes pour bien choisir.” Julie Debrabant, Chapka Assurance.

Le marché de l’assurance-voyage se porte bien. Alors que les frais médicaux ne cessent d’augmenter à l’étranger, les voyageurs français ont bien compris l’intérêt de se couvrir contre des pépins qui pourraient mettre leur situation financière à très rude épreuve. Face au maquis des offres disponible­s, comment choisir ? En se tournant vers une assurance voyage en fonction de ses besoins, en étudiant avec attention deux principaux ppoints : les conditions d’annulation,, et surtout la couverture de l’hospitalis­ation. Aux États-Unis par exemple, la facture peut grimper très vite ! Et l’assurance proposée avec la carte bancaire n’est souvent pas suffisante.

Les imprévus n’arrivent pas qu’aux autres. Les particulie­rs qui prévoient de partir lors des prochaines vacances hors de France ont tout intérêt à prendre une assurance voyage. En cas de pépin, cette dernière peut leur éviter des conséquenc­es financière­s graves. Cette assurance est conçue pour protéger l’assuré avant, mais aussi pendant toute la durée de son voyage, et selon son budget, ses garanties sont plus ou moins étendues. Avant même de partir, prendre une assurance-voyage est une garantie d’avoir une assurance annulation : en cas de souci, l’assuré pourra sous certaines conditions repousser la date de son départ ou se faire rembourser. Pendant son séjour, l’assurancev­oyage protège l’assuré en cas de problème. S’il tombe malade ou s’il a un accident, elle lui permet d’être couvert ainsi que sa famille pour ses frais de soins et pour le rapatrieme­nt, même lors d’un décès. L’assureur détache généraleme­nt un médecin de sa société pour mettre en place les soins nécessaire­s avec les équipes locales. Si les assurances voyage peuvent être souscrites avec le voyage luimême, la plupart des cartes bancaires permettent maintenant de bénéficier d’assurances et de garanties pour tous les voyages. Toutefois, compte tenu des conditions d’applicatio­n très restrictiv­es, il est recommandé d’étudier avec soin les caractéris­tiques du contrat avant de s’en contenter. Une chose est sûre : le marché de l’assurance-voyage se porte bien. Allianz y voit par exemple une poche de croissance importante. Depuis 2014, le numéro un de l’assurance a rassemblé dans une seule et même filiale toutes ses activités Bto-BtoC réalisées via de grands partenaire­s, c’està-dire les assurances et services accolés à des cartes bancaires ou à des produits de grande consommati­on (automobile, voyage, électromén­ager, etc.). Entre les offres des voyagistes, des assureurs privés ou les couverture­s intégrées dans les cartes bancaires, vers quelle assurance voyage se tourner pour bénéficier de la protection nécessaire ?

Mieux vaut prévenir

L’assurance voyage est nécessaire pour prévenir des accidents et risques à l’étranger. Quels sont-ils ? En premier lieu, l’annulation. Il s’agit ici de protéger son budget vacances, de couvrir un risque financier. “C’est très important car les prestatair­es de tourisme (avion, hôtel, location de maison, etc.) appliquent des pénalités d’annulation de plus en plus sévères. Par exemple : 100 % si vous annulez votre vol sec sur Easyjet même 5 minutes après l’avoir acheté”, indique Julie Debrabant, responsabl­e marketing, communicat­ion & digital chez Chapka Assurance. Deuxièmeme­nt, les frais médicaux à l’étranger : ils atteignent des sommets et augmentent chaque année. “Le touriste malade ou accidenté est devenu un véritable business dans les cliniques et hôpitaux, en Asie, en Turquie, aux États-Unis”, constate Alexandre Cordier, directeur du développem­ent commercial chez Ava Assurance. “Par exemple 200 000 euros pour un AVC aux États-Unis, assorti d’un rapatrieme­nt médicalisé. Si vous avez besoin d’un simple médecin à Boston un dimanche soir, comptez 1 500 dollars la consultati­on !”, renchérit Julie Debrabant. Enfin, troisième risque : les bagages. “Si vous partez en Amérique du sud, alors attention à bien garder vos bagages très près de vous… vous risquez d’être heureux d’avoir une assurance !”, précise la responsabl­e de Chapka Assurance. Très souvent, les Français

pensent qu’ils sont déjà assurés par ailleurs. “Il est donc important pour eux de vérifier précisémen­t le contenu de ces assurances, ils pourront ainsi choisir de souscrire des assurances adaptées ou

complément­aires.” L’assurance assistance couvre les frais de santé, le rapatrieme­nt, la responsabi­lité civile, les bagages. Cette assurance peut être souscrite jusqu’à la veille du départ. De son côté, l’assurance annulation seule couvre uniquement les cas d’annulation de voyage. Elle doit être souscrite dans les 48 heures suivant l’achat du séjour. Enfin, l’assurance multirisqu­e couvre l’assistance sur place et l’annulation avant le départ. Elle doit être souscrite dans les 48 heures suivant l’achat du séjour.

Les points de vigilance

Choisir son assurance voyage nécessite de balayer différents critères afin de trouver une assurance qui va correspond­re à la destinatio­n et aux besoins du voyageur. Par exemple,p ppour un départp aux États-Unis ou en Australie, où les frais médicaux sont très élevés, l’assurance devra offrir de meilleures garanties qu’un contrat pour visiter l’Afrique, continent où les coûts médicaux sont moins importants. “Concernant les frais médicaux, c’est le plafond des frais qui est important. Là on ne plaisante pas, il faut disposer d’une forte couverture. Les assureurs sont toujours un peu frileux à donner des plafonds suffisants ! Les assurances en inclusion que l’on trouve dans les cartes ou les multirisqu­es habitation sont souvent insuffisan­tes”, prévient Julie Debrabant. Par exemplep pour les États-Unis, un plafond de 30 000 euros est trop faible. “Nous conseillon­s plutôt entre 150 000 et 500 000 euros. C’est vrai que pour des destinatio­ns chères, plus le plafond est élevé, mieux c’est”, assure Alexandre Cordier. Sharone Touitou, community manager de l’assureur ACS, partage ce point de vue sur l’importance du plafond des frais médicaux. Au-delà, elle insiste

sur l’importance de la prise en charge des frais directemen­t par l’assurance dès le premier euro, et non en complément de la Sécurité sociale. “La Sécurité sociale ne rembourse les frais médicaux à l’étranger que sur la base des tarifs français. Ce qui peut faire une nette différence à la charge de l’assuré d’un pays à l’autre, prévientSi l’assureur détermine son propre remboursem­ent par rapport à la base de la sécurité sociale, il y a risque que l’assuré y aille de sa poche au final.” Attention également aux montants de franchises : trop importante­s, elles pèseront sur l’assuré. “Les cartes bancaires mettent des franchises à 75 euros par exemple. Donc pour une simple consultati­on, vous n’êtes pas remboursé”, avertit Julie Debrabant. Par ailleurs, le voyageur doit s’assurer que l’assistance rapatrieme­nt sera opérée par un assureur dont le réseau est suffisamme­nt développé, pour qu’il ne reste pas plus longtemps que de raison dans son lieu d’hospitalis­ation

à l’étranger. “Pour bien choisir, il n’y a pas de recette miracle : il faut prendre le temps de lire le contrat et si cela vous semble compliqué, il faut alors appeler le service client qui doit être en mesure de vous expliquer ce qui est couvert par l’assurance, mais surtout ce qui ne l’est pas. Car une assurance qui couvre tout, cela n’existe pas, et le métier des courtiers est de vous décrypter les petites lignes pour bien choisir”, estime Julie Debrabant. Une bonne assurance est donc une assurance bien présentée avec des garanties claires, des exclusions précises, un service client qui répond aux questions et qui prend du temps pour expliquer l’intérêt, mais aussi les limites du contrat. Attention également à l’assurance proposée par les grands sites de voyage (Lastminute, Booking…). Celle-ci vous est souvent facturée au prix (très) fort, mais n’est pas toujours très complète. Le prix dépend vraiment des garanties souhaitées, de la destinatio­n et de la durée. “Pour un séjour de moins d’un mois, l’assuré peut trouver facilement un tarif aux alentours de 35 euros, ce qui est peu onéreux. Mais pour un voyage plus long, le tarif peut atteindre une quarantain­e d’euros par personne et par mois. Pour une famille de trois personnes partant 6 mois à l’étranger, le coût de l’assurance tourne autour de 600 euros”, explique Sharone Touitou. D’où l’intérêt de comparer les offres pour trouver la plus adéquate, plutôt que de souscrire celle du voyagiste qui sera standard et unique.

“Les assurances en inclusion que l’on trouve dans les cartes ou les multirisqu­es habitation sont souvent insuffisan­tes en termes de plafond des frais médicaux”

Les cartes bancaires, nécessaire­s mais pas toujours suffisante­s

Beaucoup de Français pensent être complèteme­nt protégés par leur carte bancaire. “Ce n’est pas toujours le cas, il y a des conditions

d’applicatio­n très restrictiv­es pour certaines garanties, comme avoir payé son voyage avec ladite carte bancaire. La durée du voyage, par exemple, est plafonnée à 90 jours, les garanties sont limitées. Les assurances de cartes bancaires standards, qu’il s’agisse de Visa ou Mastercard, sont très sommaires, avec moins de 11 000 euros de plafond pour les frais médicaux. Même pour les cartes Gold, Premier ou Infinite, le plafond 155 000 euros est trop faible”, estime Alexandre Cordier, d’Ava Assurance. De plus, le parcours de remboursem­ent s’avère très compliqué puisque l’assurance de la carte intervient après le remboursem­ent de la

Sécurité sociale. “Résultat, le voyageur est confronté à deux problèmes. En cas de petite dépense, moins de 100 euros par exemple pour une visite chez un médecin et les médicament­s, l’applicatio­n de la franchise fait que l’assureur de la carte bancaire ne rembourser­a pas grand-chose. En cas de gros pépins, comme une longueg hospitalis­ation aux États-Unis avec un coût qui dépasse le plafond de la carte, l’assuré peut rapidement se retrouver dans une situation financière très, très grave, car il devra rembourser la différence à l’hôpital”, détaille Alexandre Cordier. Son groupe propose des assurances comprises entre 50 et 100 euros par mois, des montants qu’il juge raisonnabl­es compte tenu des services offerts. Interrogé dans le cadre de ce dossier, un porte-parole de Mastercard rappelle que le service d’assurance voyage est de la responsabi­lité de l’émetteur, c’est-à-dire de l’établissem­ent bancaire qui fournit la carte à son client. Toutefois, précise-t-il, Mastercard veille à ce qu’un carnet des charges soit respecté. “Concernant l’assistance, cette dernière fonctionne pour le titulaire de la carte, son conjoint et ses enfants, que le voyage ait été ou non payé avec la carte. La garantie s’applique s’ils accompagne­nt le titulaire d’une carte MasterCard, et même s’ils voyagent sans lui pour le titulaire d’une carte Gold MasterCard”, indique Mastercard. La société financière insiste sur l’importance de signaler avant toute dépense sa situation au numéro de téléphone d’assistance inscrit au dos de la carte. C’est en effet à cette condition que le service d’assistance fonctionne. Une fois la procédure enclenchée, le service d’assistance pourra mettre le voyageur en contact avec des médecins, des hôpitaux, etc. Il pourra ensuite déterminer dans quelle mesure il faudra organiser un rapatrieme­nt et dans quels délais. “Concernant, l’assurance hospitalis­ation et les plafonds de couverture, tout dépend de la carte, reconnaît Mastercard. Nos cartes s’adaptent aux exigences de nos clients : plus la carte est haut de gamme, plus les services proposés répondront à des besoins spécifique­s.” En conclusion, tout dépend de la carte bancaire car les garanties diffèrent ! Un détenteur de carte Visa/Mastercard classique est couvert en assistance (mais pas garanti en cas d’annulation, par exemple). Pour une carte haut de gamme (Gold ou Premier par exemple), le détenteur est couvert pour presque tout, mais à concurrenc­e de plafonds assez faibles. L’assurance voyage est alors un complément aux garanties de la carte bancaire, avec des plafonds beaucoup plus élevés. Les détenteurs de cartes bancaires très haut de gamme (du type Platinium, black) n’ont quant à eux souvent pas besoin de souscrire une assurance complément­aire.

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“La Sécurité sociale ne rembourse les frais médicaux à l’étranger que sur la base des tarifs français. Ce qui peut faire une nette différence à la charge de l’assuré d’un pays à l’autre.” Sharone Touitou, ACS.
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 ??  ?? “Les assurances de cartes bancaires standards, qu’il s’agisse de Visa ou Mastercard, sont très sommaires, avec moins de 11 000 euros de plafond pour les frais médicaux.” Alexandre Cordier, Ava assurance.
“Les assurances de cartes bancaires standards, qu’il s’agisse de Visa ou Mastercard, sont très sommaires, avec moins de 11 000 euros de plafond pour les frais médicaux.” Alexandre Cordier, Ava assurance.

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