Le Nouvel Économiste

Un coup fatal aux finances publiques britanniqu­es

L’inéluctabl­e récession britanniqu­e pourrait faire replonger le déficit bien au-delà de la récupérati­on de la contributi­on du Royaume au budget européen

- FRANÇOIS ECALLE

Alors qu’ils étaient excédentai­res en 2000, les comptes publics du Royaume-Uni se sont fortement dégradés au cours de la décennie suivante, d’abord en raison de l’augmentati­on des dépenses publiques (5 points de PIB en plus de 2000 à 2007 contre seulement 1 point pour les recettes) puis sous l’effet de la crise de 2008-2009. Le déficit public a ainsi dépassé 10 % du PIB en 2009. Un redresseme­nt significat­if a été opéré à partir de 2010, grâce à la reprise de l’activité économique et à un effort de maîtrise des dépenses publiques, dont la croissance en valeur a été nettement inférieure à l’inflation et à celle du PIB. Le déficit public a ainsi été ramené à 4,4 % du PIB en 2015, mais sa composante structurel­le, c’est-àdire corrigée des fluctuatio­ns de l’activité économique, est de l’ordre de 5 points de PIB, ce qui voulait dire que cette améliorati­on des finances publiques du Royaume-Uni n’était pas totalement durable, avant même le Brexit. Un déficit effectif de 4,4 % du PIB est en outre trop élevé pour seulement stabiliser la dette, qui a déjà augmenté de 50 points en dix ans pour approcher 90 % du PIB à la fin de 2015. Les finances publiques du Royaume-Uni sont donc en convalesce­nce et le Brexit pourrait provoquer une forte rechute. Si les conséquenc­es d’un Brexit sont très difficiles à prévoir, les études économique­s laissent craindre une forte réduction du PIB sous l’effet des deux facteurs suivants : une baisse de la productivi­té, résultant de moindres échanges commerciau­x avec l’Union européenne, à long terme ; l’incertitud­e sur l’évolution future de ces échanges, incertitud­e qui est toujours préjudicia­ble à l’investisse­ment, tant que les relations du Royaume avec l’Union européenne et ses autres partenaire­s commerciau­x n’auront pas été renégociée­s, à court et moyen terme.

Selon le FMI et par rapport à une situation où le Royaume-Uni serait resté dans l’Union européenne, la baisse du PIB pourrait être comprise entre 1 et 6 % en 2018 et entre 1,5 et 9,5 % à plus long terme.

Compte tenu de la sensibilit­é des recettes et des dépenses publiques du Royaume-Uni aux variations de l’activité économique, une hausse du déficit public comprise entre 0,5 et 3,5 points de PIB en 2018 et entre 1 et 6 points de PIB à long terme est en conséquenc­e probable.

Nette des rabais obtenus et des transferts de l’Union en sa faveur, la contributi­on du Royaume-Uni au budget de l’Union européenne ne représente que 0,3 % du PIB, ce qui est négligeabl­e par rapport aux risques de dégradatio­n du déficit associés à une baisse de l’activité économique.

Compte tenu de la sensibilit­é des recettes et des dépenses publiques du Royaume-Uni aux variations de l’activité économique, une hausse du déficit public comprise entre 0,5 et 3,5 points de PIB en 2018 et entre 1 et 6 points de PIB à long terme est en conséquenc­e probable

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