Le Nouvel Économiste

LA MAIN INVISIBLE DU MARCHÉ

Dans un monde de turbulence­s, qu’attend-on d’un pays ?

- BERTRAND JACQUILLAT

Dans un monde de turbulence­s, qu’attend-on d’un ppaysy ? Tel était le thème des Rencontres Économique­s d’Aix-en-Provence qui se sont déroulées le week-end dernier. J’y ai coordonné un débat avec Carlos Ghosn et Patrick Pouyanné, modéré par Ruth Elkrief, intitulé “Une entreprise peut-elle être emblématiq­ue d’un pays ?”. La réponse est clairement oui, lorsque l’on considère les caractéris­tiques du pays tant du point de vue de son histoire, de ses pratiques sociales, de sa culture ou de la psychologi­e de son peuple. Globalemen­t, on pourrait construire un “mapping”, même très réducteur, des caractéris­tiquesq d’un pypays et des entreprise­s où il excelle. Aux États-Unis, les entreprise­s frontières au sens de Phillippe Aghion et disruptive­s du point de vue technologi­que qui correspond­ent bien au caractère entreprene­urialp et à l’appétencep­p ppour le risque du peuple américain et de ses élites. À l’Allemagne, les entreprise­s manufactur­ières lourdes de l’industrie, comme l’automobile et la machine-outil. À l’Italie, les entreprise­s du luxe vestimenta­ire et de la gastronomi­e ; à la Chine, les entreprise­s manufactur­ières low cost (pour l’instant) ; à la Suisse, les entreprise­s de précision telles que l’horlogerie et les sociétés bancaires ; à l’Inde, les entreprise­s informatiq­ues et aux Philippine­s les entreprise­s de centres d’appels, etc. Et La France ? La France a une histoire coloniale avec Total, créé en 1924 à la suite des accords Sykes Pirot, et qui constitue l’un des bras armés de la politique étrangère de la France. La France a une histoire industriel­le qui remonte loin, d’où l’importance de son industrie automobile. Il y a par ailleurs pléthore d’entreprise­s françaises de rang mondial qui sont le reflet de la culture française, dans le domaine du luxe, avec LVMH, Dior ou Hermès, dans le domaine du “bon vivre” avec les maisons de champagne, Pernod Ricard, et les acteurs de niches français dans les domaines culinaire et gastronomi­que, dans celui de la beauté, avec l’Oréal notamment. Il ressort de ces débats que les entreprise­s françaises sont le fleuron d’un pays moins compétitif qu’elles ne le sont. C’est aussi ce qqui ressort d’une étude de l’Observatoi­re sur l’État de la France dont Eight Advisory vient de publier la 2e édition, et qui se pose la question de savoir si la France sort renforcée après cinq années de crise sur la base des classement­s internatio­naux concernant les différents facteurs d’attractivi­té d’un pays. Sauf pour ce qui concerne les classement­s des écoles de commerce, des université­s, des entreprise­s innovantes et de la liberté de la presse, la France a régressé depuis cinq ans dans les classement­s – économie, liberté d’entreprend­re, compétitiv­ité, corruption. Ce hiatus entre micro et macroécono­mie ne peut perdurer trop longtemps, car leur divergence durable est simplement impossible. Et le pays perdrait un peu de son âme si les entreprise­s devaient abandonner leur nationalit­é.

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