Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

Un avion chinois sur une ligne intérieure

- PHILIPPE BARRET

Les premiers essais de l’ARJ21-700, appareil de conception et de fabricatio­n chinoise, se sont déroulés il y a déjà six ans, en 2010. C’est un avion de type moyencourr­ier, pouvant couvrir une distance de 2200 à 3700 kilomètres, et emportant 78 à 90 passagers. Il devrait avoir une durée de vie opérationn­elle de 60 000 heures de vol. L’objectif des dirigeants de la société qui a construit cet avion, la Commercial Aircraft Corporatio­n of China, c’est de s’implanter dans l’aviation commercial­e. Et l’ARJ21 est considéré comme le pionnier du C919, un long-courrier qui devrait sortir des lignes d’assemblage en novembre prochain. Ils savent cependant que pour atteindre cet objectif, le chemin sera long. La sécurité et le confort sont les premières préoccupat­ions de l’entreprise. Dans un premier temps, l’appareil adopté par Chengdu Airlines sera mis en service à partir de la capitale du Sichuan, vers les principale­s métropoles régionales. Un haut responsabl­e du ministère de l’Industrie et des Technologi­es ne l’a pas caché : “L’ARJ21 est sûr, mais il reste des améliorati­ons à apporter, comme la consommati­on de carburant et le confort”. Il a aussi reconnu que, faute de maîtriser parfaiteme­nt les technologi­es nécessaire­s, la période consacrée aux essais a été presque trois fois plus longue pour cet avion que celle généraleme­nt requise chez les constructe­urs occidentau­x : 5 200 heures de vol contre 2 000. Actuelleme­nt, la quasi-totalité des avions de ligne des compagnies aériennes chinoises sont des Airbus ou des Boeing. Compte tenu des perspectiv­es de croissance de la flotte chinoise, le lancement d’un avion chinois est évidemment de toute première importance. Le marché intérieur est considérab­le et le marché à l’exportatio­n ne l’est pas moins. Mais au regard des expérience­s étrangères, la tâche est rude. On se souvient de l’échec du Mercure, lancé pourtant par un excellent constructe­ur aéronautiq­ue français, Dassault, en 1973. Dassault n’en a jamais fabriqué plus de dix et a dû renoncer à la constructi­on de l’appareil qui était prévu pour succéder au premier Mercure. Les Japonais, de leur côté, ont abandonné leur première tentative en ce domaine dans les années 1960. Ils viennent de mettre à l’essai un moyen-courrier, le MRJ (Mitsubushi Regional Jet), qui devrait entrer en service l’année prochaine. Rien ne permet de savoir s’ils réussiront là où ils ont échoué auparavant. Et la même incertitud­e plane sur la tentative chinoise. Les Chinois sont certaineme­nt fiers de voir leur pays se lancer dans la constructi­on d’avions de ligne. Mais très naturellem­ent, ils sont attachés à la plus grande sécurité possible. Sur ce terrain, Airbus et Boeing gardent un atout maître.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France