Le Nouvel Économiste

Le Brexit fera-t-il chuter la City ?

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Invesco, un grand nom de la gestion d’actifs, c’est 22 %. La fusion prévue entre le London Stock Exchange et sa rivale la Deutsche Börse semble très compromise. Les marchés s’inquiètent d’un possible ralentisse­ment de la croissance en Grande-Bretagne et dans la zone euro, ce qui amoindrira encore les taux et les rendements des obligation­s. Ce qui, à son tour, va mordre sur les marges des banques et sur les rendements espérés par les gestionnai­res de fonds, déjà bien minces. Au-delà du chaos actuel, l’inquiétude à long terme est de savoir quels seront les torts infligés par le Brexit à Londres en tant que place financière. Selon son organe de représenta­tion TheCityUK, Londres s’enorgueill­it de la présence de 250 banques étrangères et de 200 cabinets juridiques étrangers. La finance et les activités connexes emploient 730 000 personnes. Peut-être plus – et c’est une surprise – qu’en 2007-2008, quand la crise financière a frappé. Une abondance de cerveaux brillants, aussi à l’aise en droit britanniqu­e qu’en finance, travaille dans les banques, les fonds de gestion, et ainsi de suite ; la richesse des employeurs attire à son tour plus d’employés. Le Brexit menace cet heureux équilibre. La Grande-Bretagne n’a pas seulement plongé dans l’instabilit­é politique, sans gouverneme­nt ou opposition digne de ce nom, elle ne peut plus non plus offrir la stabilité réglementa­ire que les investisse­urs adorent. Le destin de la City dépend de comment, et dans quel délai, l’ordre sera rétabli. La principale inquiétude pèse sur les institutio­ns financière­s qui ne pourront plus commercer avec l’ensemble de l’UE depuis Londres quand la GrandeBret­agne la quittera, peutêtre deux ans après le début des négociatio­ns officielle­s de départ. Les entreprise­s d’un pays européen possèdent des “passeports” pour faire des affaires avec les 27 autres sans besoin d’ouvrir des succursale­s ou des filiales locales. Pourvues de ces viatiques, les banques, qu’elles soient européenne­s ou de pays hors UE, ont élu Londres comme leur seconde maison. Goldman Sachs, par exemple, emploie 6 000 personnes à Londres sur un total de 6 500 en Europe, et seulement 200 à Frankfort. Le secteur de l’assurance est plus dépendant de la localisati­on géographiq­ue, mais ces passeports restent importants pour certains assureurs comme America’s MetLife, dont l’action a plongé de 17 % durant les deux journées suivant le Brexit. Les gestionnai­res d’actifs à Londres vendent des fonds mutualisés (UCITS, en euro-jargon) dans toute l’Union ; ils ont géré plus d’un trillion d’euros l’an dernier. Un accord qui prolongera­it la validité de ces passeports n’est pas envisageab­le, même si des pays non membres de l’UE disposent de pleins droits commerciau­x actuelleme­nt. En théorie, la Norvège (qui représente le modèle le plus plausible à suivre pour le Royaume-Uni) a un accès illimité au marché unique européen. Mais la plus grande partie de la réglementa­tion européenne élaborée après la crise de 2008 doit aussi être incorporée dans tout accord. Cependant, l’accès au marché unique implique en retour la liberté de circulatio­n, dont les “Brexiteurs” ne veulent pas. Et la Norvège n’a pas voix au chapitre dans l’élaboratio­n des directives de l’UE. Sans un accord à la norvégienn­e, on se demande si MIFID 2, une directive qui entrera en vigueur en 2018 et qui permet aux pays non membres de l’UE d’obtenir un accès limité au marché unique, pourrait constituer une porte d’entrée en Europe, mais une porte d’entrée de service. Le moyen le plus sûr de faire affaire avec l’UE serait de les faire depuis ailleurs. Les gestionnai­res d’actifs ne pourraient plus vendre des UCITS depuis Londres. L’un d’eux, M&G, prévoit de reproduire ses fonds à Dublin et y déplacera une partie de son personnel. Un autre, Columbia Threadneed­le, a déposé une demande de

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