Le Nouvel Économiste

La vie des douze Césars Tibère

En ces temps électoraux primaires, nous poursuivon­s notre feuilleton d’été avec le troisième des Douze Césars de Suétone : Tibère, qui ne fut pas fêté lorsqu’il mourut

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Beaucoup de Claudii se signalèren­t par de nombreux exploits, d’autres par de nombreux attentats contre la république.Pour ne rappeler que les faits principaux,Appius Caecus empêcha qu’on ne fît avec Pyrrhus une alliance désavantag­euse. Claudius Caudex passa le premier la mer avec une flotte, et chassa les Carthagino­is de la Sicile. Claudius Néron défit Hasdrubal, qui venait d’Espagne, à la tête d’une armée formidable, avant qu’il pût opérer sa jonction avec son frère Hannibal. D’un autre côté, Claudius Appius Regillanus, décemvir préposé à la rédaction des lois, ayant essayé, pour satisfaire sa passion, de réclamer violemment comme esclave une jeune fille de condition libre, fut cause d’une seconde rupture entre le sénat et le peuple. Claudius Russus, après s’être fait ériger une statue surmontée d’un diadème près du forum d’Appius, voulut s’emparer de l’Italie au moyen de ses clients. Par mépris pour la religion, Claudius Pulcher, en vue des côtes de la Sicile, fit jeter à la mer les poulets qui avaient refusé la nourriture pendant qu’on prenait les auspices, comme pour les faire boire, puisqu’ils ne voulaient pas manger. Il livra ensuite la bataille et la perdit. Le sénat lui avait ordonné de créer un dictateur : il insulta encore à l’infortune publique en désignant Glycias, son messager. Les femmes aussi, dans cette famille, donnèrent de bons et de mauvais exemples. C’est une Claudia qui retira des sables du Tibre où il avait échoué, le navire qui portait la statue de la mère des dieux, en la priant à haute voix d’ordonner au navire de la suivre, comme un témoignage de sa chasteté. C’est aussi une Claudia qui subit, devant le peuple, un jugement de lèse-majesté d’un nouveau genre, pour avoir émis le voeu public, un jour que la foule empêchait son char d’avancer, que son frère Claudius Pulcher revînt à la vie, et perdit une seconde flotte, afin de diminuer la foule des Romains. Il est d’ailleurs notoire qu’à l’exception de P. Clodius, qui, pour expulser Cicéron de Rome, se fit adopter par un plébéien, et même par un plus jeune que lui, tous les Claudii furent toujours les partisans de l’aristocrat­ie, les défenseurs exclusifs de la puissance et de la dignité des patriciens, et se montrèrent tellement orgueilleu­x et violents envers le peuple, que, même sous le poids d’une accusation capitale,aucun ne consentit à paraître devant lui en habit de suppliant, ni à s’abaisser aux moindres prières. Quelquesun­s, au milieu des troubles et des séditions, allèrent jusqu’à frapper les tribuns. On vit une Claudia Vestale monter dans le char de son frère qui triomphait sans l’ordre du peuple, et l’accompagne­r jusqu’au Capitole, afin que nul tribun ne pût le lui défendre ou intervenir.

3 Origine paternelle et maternelle de Tibère

C’est de cette famille que Tibère César était issu, et même des deux côtés ; car son père descendait de Tiberius Néron, et sa mère d’Appius Pulcher, tous deux fils d’Appius Caecus. Il tenait à la famille Livia par son aïeul que l’adoption y fit entrer. Quoique plébéienne, cette famille jeta beaucoup d’éclat. Elle fut honorée par huit consulats, deux censures, trois triomphes, une dictature et un commandeme­nt de la cavalerie. Elle fut également illustrée par des hommes célèbres, surtout par Salinator et les Drusus. Salinator, dans sa censure, blâma toutes les tribus romaines comme coupables de légèreté, pour l’avoir créé une seconde fois consul et censeur, après l’avoir condamné à une amende au sortir de son premier consulat. Drusus avait tué, dans un combat singulier, Drausus, général ennemi. Cet exploit lui valut son surnom à lui et à ses descendant­s. On dit aussi qu’étant propréteur des Gaules, il rapporta de cette province l’or autrefois donné aux Sénons lorsqu’ils assiégeaie­nt le Capitole, et que, malgré l’opinion accréditée, Camille n’avait pu reprendre. Son arrière-neveu, nommé le patron du sénat pour l’avoir défendu avec courage contre les Gracques, laissa un fils qui, engagé dans de semblables querelles, fut assassiné par la faction adverse, tandis qu’il préparait l’accompliss­ement de divers projets.

4 Détails sur son père

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