Le Nouvel Économiste

6 Son enfance et sa jeunesse

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Il fut exposé, dès ses premiers ans, à beaucoup de fatigues et de dangers. Il accompagna­pg partoutp ses parentsp dans leur fuite. À Naples, tandis qu’ils s’embarquaie­nt secrètemen­t à l’approche de l’ennemi, il faillit deux fois les trahir par ses cris, d’abord quand on l’enleva du sein de sa nourrice, puis quand on l’arracha des bras de sa mère, que, dans ce moment critique, on voulait soulager d’un tel fardeau. Porté en Sicile et en Achaïe, il fut confié aux Lacédémoni­ens qui étaient sous la protection des Claudii. La nuit, en s’éloignant, il risqua de périr dans une forêt qui s’embrasa si subitement autour de lui et de toute sa suite, que le feu prit aux vêtements et aux cheveux de Livie. On montre encore à Baïes les présents que lui fit en Sicile Pompeia, soeur de Sextus Pompéep : une tunique,q une agrafe, et des bulles d’or. À son retour à Rome, le sénateur M. Gallius l’adopta par testament. Tibère recueillit son héritage; mais engagement de cent mille sesterces. Il donna aussi des jeux, mais en son absence, et déploya la plus grande pompe, aux frais de sa mère et de son beau-père. Il épousaAgri­ppine, fille de Marcus Agrippa, et petitefill­e de Caecilius Atticus, chevalier romain, à qui Cicéron a adressé des lettres. Il en avait eu déjà son fils Drusus, lorsqu’il se vit obligé, quoiqu’elle fût irréprocha­ble et enceinte pour la seconde fois, de la répudier, et d’épouser sur-le-champ Julie, fille d’Auguste. Il en ressentit d’autant plus de chagrin, qu’il aimaitAgri­ppine et n’estimait point Julie. Il s’était aperçu, du vivant de son premier époux, qu’elle avait du goût pour lui, et même ce penchant avait été le sujet d’un bruit public. Il regretta vivement Agrippine ; et, l’ayant rencontrée une fois par hasard, il la regarda avec des yeux si ardents et si passionnés, qu’on prit garde dans la suite qu’elle ne parût plus devant lui. Il vécut d’abord en assez bonne intelligen­ce avec Julie; mais bientôt il s’en éloigna d’une manière si sensible, qu’après avoir perdu au berceau le gage de leur amour, leur fils né à Aquilée, il coucha toujours à part.Son frère Drusus mourut en Germanie. Il ramena son corps à Rome, en marchant à pied pendant toute la route à la tête du convoi.

8 Ses premiers plaidoyers

Il défendit devant Auguste le roi Archelaüs, les habitants de Tralles et lui mit le diadème sur la tête devant son tribunal. il reçut aussi les enseignes que les Parthes avaient enlevées à M. Crassus. Il gouverna environ un an la Gaule chevelue, alors agitée par les incursions des Barbares et par les querelles des chefs. Il fit les guerres de Rhétie, de Vindélicie, de Pannonie et de Germanie. Dans celle de Rhétie et de Vindélicie, il soumit les peuples des Alpes; dans celle de Pannonie, les Breuces et les Dalmates ; dans celle de Germanie, il transplant­a dans les Gaules quarante mille hommes qui s’étaient rendus à discrétion, et leur assigna des demeures sur les bords du Rhin. Ces exploits lui valurent les honneurs de l’ovation, et, suivant quelques historiens, il fut le premier qui entra dans Rome porté sur un char avec les ornements du triomphe, honneur nouveau qui n’avait encore été accordé à personne. Non seulement il obtint les magistratu­res avant l’âge, mais il exerça presque sans interrupti­on la questure, la préture et le consulat. Peu de temps après, il fut créé consul pour la seconde fois, et revêtu de la puissance tribunitie­nne pour cinq ans.

10 Il prend la soudaine résolution de quitter Rome

Au milieu de tant de prospérité­s, dans la force de l’âge, et avec une santé florissant­e, il prit tout à coup le parti de se retirer et de s’éloigner le plus possible, soit par dégoût de n’embrassa même qu’un très petit nombre d’entre eux en les quittant.

11 Il se fixe à Rhodes. Ses occupation­s. Il demande la permission de revenir, qui lui est refusée

D’Ostie il allait côtoyant les bords de la Campanie, lorsqu’il apprit que la santé d’Auguste s’affaibliss­ait. Il s’arrêta quelques jours. Mais le bruit qu’il ne différait son départ que pour voir s’accomplir les plus grandes espérances s’étant accrédité de plus en plus, il s’embarqua pour Rhodes par un temps peu favorable. Il avait été charmé de l’agrément et de la salubrité de cette île où il avait abordé à son retour d’Arménie. Il se contenta d’un logement modeste et d’une maison de campagne qui n’était guère plus grande, et vécut comme le plus simple citoyen, se promenant de temps en temps dans les gymnases, sans licteur, sans huissier, et entretenan­t avec les Grecs un échange de devoirs mutuels presque sur le pied de l’égalité. Un matin, en réglant les occupation­s de la journée, il lui arriva de dire qu’il voulait visiter tous les malades de la ville. Ceux qui l’entendiren­t l’interprétè­rent différemme­nt, et l’on ordonna de porter tous les malades dans une galerie publique où ils furent disposés par genre de maladie. Frappé de ce spectacle imprévu, il demeura longtemps incertain. Enfin il s’approcha de rivalité avec Caius et Lucius ; et, comme il était tranquille de ce côté, depuis que l’âge leur assurait la possession facile de la seconde place, il demanda qu’il lui fût permis de venir renouer les liaisons qu’il regrettait. Mais ce fut en vain. On lui fit même entendre qu’il ne devait plus songer en aucune façon aux siens qu’il avait quittés avec tant d’empresseme­nt.

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