7 Commencements de sa vie publique. Ses mariages. Ses enfants
Lorsqu’il eut pris la robe virile, voici à peu près comment il passa son adolescence et tout le temps qui s’écoula jusqu’au début de son principat. Il donna deux fois des combats de gladiateurs,l’un en mémoire de son père, l’autre en l’honneur de son aïeul Drusus. Ces combats furent célébrés en divers temps et en divers lieux: le premier dans le forum, le second dans l’amphithéâtre. Il y fit paraître des gladiateurs émérites, moyennant un et les Thessaliens, tous dans des causes diverses : ce fut son apprentissage des devoirs civils. Il intercéda dans le sénat en faveur des habitants de Laodicée, de Thyatirène et de Chio, qui avaient essuyé un tremblement de terre, et qui demandaient du secours. Il accusa de lèse- majesté et fit condamner devant les tribunaux Fannius Cépion, qui avait conspiré contre Auguste avec Varron Murena. Dans le même temps, il était chargé des provisions de grains qui commençaient à manquer, et de la revue de tous les ateliers d’esclaves dont les maîtres avaient encouru la haine publique, parce qu’on les soupçonnait de s’emparer non seulement des voyageurs, mais encore de ceux que la crainte du serment militaire forçait à se cacher dans ces espèces de retraites.
9 Ses services militaires. Ses dignités
Il fit ses premières armes dans l’expédition contre les Cantabres, en qualité de tribun militaire.Il conduisit ensuite une armée en Orient,rendit àTigrane le royaume d’Arménie, sa femme qu’il n’osait ni accuser ni répudier, et que pourtant il ne pouvait plus souffrir, soit pour éviter une assiduité fastidieuse, et non seulement affermir son autorité par l’absence, mais l’accroître même, dans le cas où la république aurait besoin de lui. Quelques-uns pensent que, les enfants d’Auguste étant adultes, Tibère leur abandonna de son plein gré le second rang qu’il avait longtemps occupé,à l’exemple d’Agrippa, qui, lorsque Marcellus eut été appelé aux charges publiques, s’était retiré à Mytilène, pour que sa présence ne lui donnât point l’air d’un concurrent ou d’un censeur. Tibère lui-même avoua, mais plus tard, ce dernier motif. Pour le moment, prétextant la satiété des honneurs et le besoin de repos, il demanda la liberté de se retirer, et ne se rendit ni aux vives instances de sa mère, ni à celles de son beau-père qui se plaignit dans le sénat d’être abandonné.Voyant qu’on s’opposait obstinément à son départ, il s’abstint de nourriture pendant quatre jours. Enfin on lui permit de partir. Il laissa à Rome sa femme et son fils, et prit aussitôt la route d’Ostie. Il ne répondit pas un mot à ceux qui l’accompagnaient, et de chacun en faisant à tous, même à ceux du rang le plus bas et aux inconnus, des excuses de cette méprise. On n’a remarqué qu’une seule circonstance où il ait paru exercer la puissance tribunicienne. Comme il fréquentait les écoles, et qu’il assistait aux conférences des professeurs, il intervint un jour dans une discussion fort chaude, entre des sophistes. L’un d’eux le croyant favorable à son adversaire, s’emporta contre lui en propos injurieux. Tibère retourna chez lui sans rien dire, reparut tout à coup avec des huissiers, cita devant son tribunal par un crieur public celui qui l’avait insulté, et le fit traîner en prison. Bientôt il apprit que sa femme Julie avait été condamnée pour ses désordres et ses adultères, et que, de sa propre autorité,Auguste lui avait notifié le divorce en son nom. Quoique charmé de cette nouvelle, il crut devoir écrire lettres sur lettres pour apaiser le père envers sa fille, et obtenir qu’il lui laissât tous les dons qu’il lui avait faits, quelque indigne qu’elle en fût. Lorsque le temps de sa puissance tribunicienne fut écoulé, il avoua enfin qu’en s’éloignant, il n’avait eu d’autre but que d’éviter le soupçon