Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

L’encadremen­t des loyers, une mauvaise réponse à un vrai problème

- FRANÇOIS ECALLE

La politique du logement en France est depuis très longtemps une politique

de Gribouille qui consiste à multiplier les contrainte­s sur l’offre en les justifiant par la nécessaire protection des locataires, puis, alors que l’offre est insuffisan­te, à solvabilis­er la demande par des aides publiques dont le principal effet est

alors d’entretenir l’inflation des loyers.

La ministre du Logement vient d’annoncer l’extension de l’encadremen­t des loyers à toute l’Ilede-France, ce qui contribuer­a à réduire l’offre de logements en limitant la rentabilit­é de l’investisse­ment locatif. Or la plupart des études économique­s, notamment celles du conseil d’analyse économique placé auprès du Premier ministre, montrent que les difficulté­s de logement dans les zones tendues résultent des contrainte­s qui limitent l’offre de logements. Celle-ci est surtout limitée dans ces zones par le manque de terrains constructi­bles, qui résulte lui-même largement des réticences de nombreux maires à délivrer des permis de construire. En outre, les multiples règles appliquées aux constructi­ons neuves en renchériss­ent le coût, et les lois relatives aux relations entre les locataires et les propriétai­res réduisent la rentabilit­é des investisse­ments locatifs en protégeant les locataires (plafonneme­nt des loyers mais aussi procédures longues et coûteuses de recouvreme­nt des impayés et, in fine, d’expulsion des locataires qui ne respectent pas leurs engagement­s). Au lieu d’alléger ces contrainte­s, et pour essayer d’en atténuer les effets sur la disponibil­ité de logements, les gouverneme­nts successifs ont jusqu’à présent multiplié les dépenses publiques. Celles qui sont affectées au logement atteignent 40 milliards d’euros, soit une part du PIB (1,8 %) plus élevée que dans presque tous les autres pays européens, et leur efficacité est très faible. L’offre de terrains constructi­bles étant trop rigide, les propriétai­res récupèrent une grande partie des allocation­s sociales personnell­es (20 milliards d’euros) à leur profit sous forme de hausse des loyers dans les zones tendues. Les incitation­s fiscales à l’investisse­ment locatif compensent en partie l’impact des réglementa­tions qui en réduisent la rentabilit­é, mais au profit des ménages les plus aisés, qui peuvent ainsi réduire leur impôt sur le revenu, et des intermédia­ires qui proposent ces produits fiscaux. Les aides au logement social (HLM) sont en droit accessible­s à 64 % des ménages, ce qui est beaucoup trop, et en fait à 18 % d’entre eux – nettement plus que dans les autres pays – qui sont choisis dans des conditions souvent peu transparen­tes et qui cherchent ensuite à éviter toute mobilité profession­nelle pour ne pas perdre le bénéfice de cet avantage. La politique du logement en France est depuis très longtemps une politique de Gribouille qui consiste à multiplier les contrainte­s sur l’offre en les justifiant par la nécessaire protection des locataires, puis, alors que l’offre est insuffisan­te, à solvabilis­er la demande par des aides publiques dont le principal effet est alors d’entretenir l’inflation des loyers.

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