Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

“Rule, China! China rule the waves!”

- PHILIPPE BARRET

C’est au XVIIIe siècle que les Britanniqu­es ont adopté un poème de James Thompson pour en faire un hymne patriotiqu­e, une chanson qui disait, dans son refrain : “Rule Britannia, Britannia rule the waves !”. Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entendre cet air parmi les spectateur­s des matchs de football. Et assurément, la Grande-Bretagne a longtemps régné sur les mers. Mais peut-on prêter cette ambition à la Chine ? En Occident, on a tôt fait de mettre en cause la volonté qu’aurait la Chine d’occuper des terres et des zones maritimes qui ne lui appartiend­raient pas. Ces îles de la mer de Chine dont l’appartenan­ce nationale est discutée, quelles sont-elles ? Ce sont principale­ment les îles Spratleys, les îles Paracels, les îles Pratas et le récif de Scarboroug­h. Toutes ces îles sont inhabitées, même si l’on a doté quelques-unes d’entre elles de quelques constructi­ons. Certaines ne sont que des récifs coralliens. Elles sont souvent plus proches des côtes des pays qui en revendique­nt la propriété – le Vietnam, les Philippine­s, la Malaisie, Brunei – que de celles de la Chine. Mais Jersey et Guernesey sont aussi plus proches des côtes de la France que de celles de l’Angleterre ; elles n’en sont pas moins britanniqu­es. Il y a un enjeu économique dans la détention de ces îles : le pétrole et la pêche. La Chine affirme que c’est elle qui, depuis la plus haute antiquité, a découvert ces îles et ces récifs, qqu’elle les a nommés et qu’elle est le premier État de la région à y avoir exercé sa compétence­p administra­tive. D’autres États de la région s’en sont approprié plus d’une quarantain­e ces dernières décennies. La Chine conteste cette appropriat­ion. Mais comme l’écrivait il y a peu Liu Xiaoming, ambassadeu­r de la Chine au Royaume-Uni : “En matière de politique internatio­nale et de négociatio­ns diplomatiq­ues, il faut être réaliste. Pour les propriétai­res, il est toujours difficile d’expulser les squatters”.q Les dissension­s entre la Chine et les États riverains de la mer de Chine au sujet de ces îles ne datent pas d’hier. Depuis les années 1970 en particulie­r, les conflits ont été nombreux. Des bateaux de pêche, y compris des bateaux chinois, sont visés par des navires militaires, qui ne sont pas toujours chinois. Ces conflits donnent lieu à des négociatio­ns, à des accords ; ces accords ne sont pas toujours respectés et il faut alors revenir à la table des négociatio­ns. Au-delà de la pêche et du pétrole, une chose plus que toute autre importe à la Chine : la libre circulatio­n dans cette mer de Chine, qui est pour elle une voie commercial­e de première importance. Comme ses voisins ont eux-mêmes un intérêt majeur dans leurs relations commercial­es avec la Chine, pas de doute qu’ils finiront par trouver un accord.

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