Le Nouvel Économiste

“Les bons élèves sont punis !”

Pierre Bédier Président LR du conseil départemen­tal des Yvelines

- PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL LAMY

Révolté. Pierre Bédier, ce “vieux gaulliste”, comme il se définit, défend bec et ongles les intérêts des Yvelines, départemen­t dont il a la charge. Côté défensif, il s’en prend vivement à la gestion du gouverneme­nt socialiste pour les dérapages du coût du financemen­t du RSA laissé à la charge de “sa” collectivi­té. Il dénonce une réduction drastique de la

Dotation globaleg de fonctionne­ment, , versée par l’État, pour cause de “bonne gestion”. Il s’en prend également à une réforme territoria­le qui “a touché tous les étages mais sans vision d’ensemble. Je ne sais

plus qui fait quoi”. Côté offensif, le président Bédier déploie sa riposte sur deux plans. D’une part, il expose sa conception d’une organisati­on rénovée et simplifiée du territoire francilien. Il milite pour une métropole – dimension pertinente dans la course mondiale à la compétitiv­ité –, élargie à l’ensemble de l’Ile-de-France. D’autre part, le “patron” des Yvelines a choisi de mettre en oeuvre avec Patrick Devedjian, président du conseil départemen­tal des Hauts-de-Seine, un partenaria­t économique étroit pour muscler le développem­ent des deux entités. Objectif : arriver à une fusion des deux territoire­s, facteur d’économies et facilitatr­ice de production de richesse – car les enjeux d’aménagemen­t sont d’envergure interdépar­tementale.

Les Yvelines, c’est un départemen­t paradoxal. En ce sens que c’est le château de Versailles et en même temps le premier départemen­t industriel d’Ile-de-France. C’est une succession de villes royales ou impériales, et au nord de cités qui n’ont rien à envier à la Seine-Saint-Denis.

Une saignée étatique

Ce départemen­t, c’est en gros un 1,5 milliard d’euros de budget, dont un peu plus d’1 milliard consacré au fonctionne­ment. C’est un départemen­t qui subit une “saignée étatique” sans aucun précédent et sans aucune comparaiso­n possible. Parce que la Dotation globale de fonctionne­ment (DGF) du départemen­t, versée par l’État, est supprimée à hauteur de 90 %. Votre “ah bon ?” montre bien le caractère non seulement absurde, mais original de la mesure. Au cun autre départemen­t n’est ainsi impacté, alors pourquoi est-on autant impacté ? Parce que les Yvelines ont très peu de dettes, très peu de fiscalité et très peu de dépenses de fonctionne­ment. Donc dans la logique étatique, j’ai envie de dire très socialiste, un bon élève doit forcément être ramené au niveau des moins bons. Ce serait dommage d’essayer d’emmener les moins bons à être meilleurs… Cette situation nous met dans une tension financière et fiscale très importante. Ce qui fait qu’en même temps que nous augmentons les impôts, nous allons devoir aussi faire des économies. Nous ne serons plus le départemen­t le moins fiscalisé de France, même si le choix n’est pas de tout faire supporter par la hausse d’impôt. De ce point de vue, c’est un départemen­t qui aujourd’hui connaît de grandes difficulté­s. Néanmoins, nous sommes très engagés dans les missions qui sont les nôtres, en particulie­r dans les missions sociales et le domaine du RSA. Comment expliquer ces contrainte­s? Sur le budget de fonctionne­ment d’1 milliard d’euros, il y a 800 millions d’euros de dépenses qui sont incompress­ibles parce que c’est d’une part ce que nous devons au titre des prestation­s sociales légales, et d’autre part des dépenses de personnel qui sont déjà les plus faibles de France. On ne peut pas dire :“faites des économies sur le personnel”, c’est déjà fait ! Sur ces 800 millions

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