Le Nouvel Économiste

La vie des douze Césars (5/12) : Galba

En ces temps électoraux primaires, nous poursuivon­s notre feuilleton d’été avec le septième des Douze Césars de Suétone : Galba, dont vous ne saviez rien, avouez-le, avant de lire ces lignes.

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I. Prodiges qui annoncèren­t l’extinction de la race des Césars

La famille des Césars s’éteignit en Néron. Parmi beaucoup de présages qui annoncèren­t sa mort, il y en eu deux surtout d’une complète évidence. Immédiatem­ent après le mariage de Livie avec Auguste, elle était allée visiter sa villa de Véies, lorsqu’un aigle en volant laissa tomber sur ses genoux une poule blanche qu’il avait prise, et qui tenait dans son bec une branche de laurier. Livie fit nourrir la poule, et planter le laurier. La poule fit tant de poussins, que la villa en prit le nom de “Ad Gallinas”, et le plant de lauriers devint tel que les Césars y cueilliren­t dans la suite ceux de leurs triomphes. L’usage s’établit de les replanter sur-le-champ à la même place, et l’on a remarqué qu’à la mort de chacun d’eux, les lauriers qu’ils avaient plantés dépérissai­ent. Or, dans la dernière année de Néron, tout le plant se dessécha jusqu’aux racines, et toutes les poules moururent. Bientôt après, la foudre frappa le temple des Césars, les têtes de leurs statues tombèrent toutes à la fois, et le sceptre d’Auguste s’échappa de ses mains.

II. Origine de Galba

Galba, successeur de Néron, ne tenait en aucun degré à la maison des Césars, mais il était d’une très haute noblesse, et d’une famille aussi illustre qu’ancienne. Il s’inscrivait toujours sur ses statues arrière- petit- fils de Quintus Catulus Capitolinu­s ; et, lorsqu’il fut empereur, il exposa dans le vestibule du palais sa généalogie qui faisait remonter son origine paternelle à Jupiter et son origine maternelle à Pasiphaé, épouse de Minos.

III. Étymologie­s diverses de ce surnom. Les ancêtres de cet empereur

Il serait trop long de citer ici tous ses titres d’illustrati­on : je dirai un mot de sa famille. On ne sait quel fut le premier des Sulpicius qui porta le surnom de Galba, ni pourquoi il le prit. Selon les uns c’était pour avoir embrasé avec des torches enduites de “galbanum”, une ville d’Espagne qui avait résisté à un long siège. Selon d’autres, c’était parce que, dans une maladie chronique, il faisait un fréquent usage de “galbeum”, c’est-àdire de remèdes enveloppés de laine. Quelques-uns prétendent qu’il était fort gras, et qu’en langue gauloise le mot “galba” signifie “gras”. Quelques autres soutiennen­t au contraire qu’il était très maigre, et que son surnom lui venait d’un insecte qui naît dans le chêne et qu’on appelle “galba”. Parmi ceux qui illustrère­nt cette famille, on nomme le consulaire Servius Galba, le plus éloquent de ses contempora­ins. On rapporte qu’ayant obtenu, après sa préture, le commandeme­nt de l’Espagne, il fit massacrer par trahison trente mille Lusitanien­s et qu’il causa ainsi la guerre de Viriathe. Son petit-fils, irrité d’avoir été repoussé du consulat, conspira avec Brutus et Cassius contre Jules César dont il avait été le lieutenant dans la Gaule, et fut condamné d’après la loi Pedia.Après lui vinrent l’aïeul et le père de Galba. L’aïeul, plus célèbre par ses études que par ses dignités, n’alla pas au-delà de la préture ; mais il publia une histoire fort étendue et pleine d’intérêt. Le père, petit de taille et bossu, après avoir été consul, fut un avocat laborieux, mais peu éloquent. Il eut deux femmes, Mummia Achaïca, petite-fille de Catulus, et arrièrepet­ite-fille de Lucius Mummius qui détruisit Corinthe ; puis Livia Ocellina, fort riche et fort belle, qui le rechercha, dit-on, à cause de sa noblesse, et même avec beaucoup plus d’empresseme­nt, depuis que, à sa demande réitérée, ayant quitté son habit en secret, il lui eut fait voir sa difformité de peur de paraître vouloir la tromper. Il eut d’Achaïca deux fils, Gaius et Sergius. Gaius, l’aîné, quitta Rome après avoir dissipé sa fortune, et, n’ayant pu obtenir à son tour un proconsula­t de Tibère, il se donna la mort.

IV. Sa naissance. Des présages lui promettent l’empire

L’empereur Servius Galba naquit sous le consulat de M. Valerius Messala et de Cn. Lentulus, le neuvième jour avant les calendes de janvier, dans une villa située au pied d’un coteau, près deTerracin­e, à gauche de la route de Fondi. Adopté par sa belle-mère, il prit le nom de Livius et le surnom d’Ocellus, en changeant de prénom ; car il porta celui de Lucius au lieu de Servius jusqu’à son avènement au trône. On sait que, dans son enfance, étant venu saluer Auguste avec d’autres garçons de son âge, ce prince lui prit la joue et lui dit :“Toi aussi, mon fils, tu goûteras de notre pouvoir.” Tibère, ayant appris que

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