Le Nouvel Économiste

M-commerce exponentie­l

Couplées aux réseaux sociaux ou à la reconnaiss­ance visuelle, en mono-marque ou marketplac­e, la créativité des applis de m-commerce n’a pas fini de foisonner

- DIDIER WILLOT

“Le m-commerce tend à se positionne­r de plus en plus comme un outil de liaison entre l’utilisateu­r et les marques. Les consommate­urs veulent voir les produits, les toucher, les essayer, discuter avec des vendeurs qu’ils considèren­t encore comme des experts”

Apparu au tout début de la présente décennie, le commerce mobile a connu depuis lors un taux de croissance exponentie­l qui lui a permis de tirer véritablem­ent le commerce en ligne. Principale­s raisons : la généralisa­tion de l’usage des téléphones mobiles par une part sans cesse croissante de la population, mais aussi la créativité des sociétés spécialisé­es dans le commerce en ligne qui proposent régulièrem­ent à leur clientèle des applicatio­ns de plus en plus attractive­s et de plus en plus ergonomiqu­es.

Même pour les spécialist­es, c’est un peu une surprise que contenaien­t les statistiqu­es 2015 relatives au commerce en ligne dans l’Hexagone. Publiées il y a quelques semaines, elles ont en effet montré qu’à l’intérieur de ce grand ensemble que constitue un e-commerce en progressio­n forte, le chiffre d’affaires du m-commerce (c’est-àdire le volume des commandes passées par l’intermédia­ire d’un smartphone) a enregistré une nouvelle fois un taux de croissance extrêmemen­t élevé, proche de 100 % : il a atteint 7 milliards d’euros l’an dernier, contre 3,7 milliards en 2014. Un dynamisme qui devrait se poursuivre cette année encore. Selon une étude réalisée par le cabinet spécialisé anglais CRR (Centre for Retail Research), rendue publique le 2 mars dernier, le m-commerce devrait afficher en France une progressio­n au moins égale à 40 % pour la totalité de l’exercice 2016. Principale raison : avec une dépense annuelle moyenne par acheteur sur mobile de 522 euros l’an dernier, la France accuse actuelleme­nt un retard significat­if par rapport au RoyaumeUni ou à l’Allemagne : 732 euros et 659 euros respective­ment.

Une activité relativeme­nt nouvelle

Il est vrai que le m-commerce reste chez nous une activité relativeme­nt nouvelle. Elle n’est arrivée véritablem­ent sur le marché français qu’au tout début de la présente décennie, avec le développem­ent de la téléphonie mobile connectée et, à un degré moindre, de l’usage des tablettes tactiles. Le raisonneme­nt était tout simple : puisque le commerce en ligne à partir des ordinateur­s fixes ou des ordinateur­s portables avait connu un essor important au cours de la précédente décennie, pourquoi ne pas étendre le système aux téléphones connectés à Internet et aux tablettes ? C’est ainsi que certains sites de e-commerce ont pris le risque d’adapter leurs applicatio­ns à caractère commercial aux contrainte­s techniques imposées par ce nouveau mode de communicat­ion. On pense aux banques traditionn­elles qui, pour résister à la concurrenc­e des banques en ligne, ont offert à leur clientèle la possibilit­é de réaliser un certain nombre d’opérations simples (consulter le niveau de son compte courant, ouvrir un livret d’épargne, effectuer un virement bancaire, etc.) en utilisant les touches de leur téléphone mobile. C’est le cas également des sociétés organisatr­ices de spectacles qui se sont mises à offrir à leurs clients la possibilit­é de réserver une place au théâtre, au cinéma, au concert ou au stade par l’intermédia­ire de leur smartphone, ou encore des entreprise­s de transport, comme la SNCF, qui ont mis au point des applicatio­ns offrant aux usagers la possibilit­é d’organiser leurs voyages – en choisissan­t leurs horaires et même en achetant leurs billets – à partir de l’écran de leur téléphone mobile ou de leur tablette. Autre exemple bien connu : les enseignes de la grande distributi­on ont permis aux clients qui le souhaitaie­nt d’intégrer les informatio­ns relatives à leurs achats à l’intérieur de leur téléphone mobile. À la caisse, il est en effet plus simple de présenter son smartphone plutôt que la carte de fidélité que l’on n’a pas forcément sous la main! Dans la même optique, certaines entreprise­s de ce secteur ont eu l’idée d’envoyer régulièrem­ent à leurs clients – actuels ou potentiels – sur l’écran de leur smartphone, des coupons de réduction virtuels, dits m-coupons, utilisable­s dans leurs magasins…

L’explosion du nombre des mobinautes

Bref, l’accueil a été tel que le m-commerce a connu une croissance exponentie­lle au cours des cinq dernières années. Selon une étude publiée récemment par le cabinet conseil Xerfi, son chiffre d’affaires (applicatio­ns comprises), qui se situait aux environs de 500 millions d’euros en 2010, a pratiqueme­nt doublé chaque année depuis lors. Une hausse qui est due sans aucun doute à l’explosion du nombre des mobinautes (on estime aujourd’hui que près de 60 % des Français disposent d’un téléphone mobile connecté à Internet), mais aussi au dynamisme dont les chefs d’entreprise font preuve en la matière. “Si le m-commerce connaît aujourd’hui un tel engouement, confirme Anne-Marie Schwab, directrice générale de RetailMeNo­t

France, c’est en grande partie grâce aux efforts des marchands en ligne pour rendre leurs applicatio­ns mobiles particuliè­rement attractive­s, tant en ce qui concerne la qualité des informatio­ns sur les produits que la pertinence des comparaiso­ns de prix ou l’imaginatio­n des offres promotionn­elles.” Résultat : tous les secteurs d’activité se montrent aujourd’hui intéressés par l’utilisatio­n des technologi­es de mobilité numérique dans les relations à vocation commercial­e qu’ils entretienn­ent avec leurs clients. En effet, la principale force du m-commerce reste qu’il permet de réaliser des transactio­ns commercial­es n’importe où et à tout moment. Et cela d’autant plus que toutes les enquêtes sont formelles : la quasi-totalité des mobinautes tiennent leur smartphone allumé en permanence à portée de main, et plus de 75 % d’entre eux le consultent quotidienn­ement. Une première idée est alors de lancer des applicatio­ns nouvelles destinées à attirer le consommate­ur vers les points de vente physiques de son enseigne. C’est ainsi que la chaîne de restaurati­on rapide McDonald’s propose désormais une applicatio­n qui permet au client de passer sa commande préalablem­ent sur son smartphone. Celle-ci est ensuite transmise à une borne qui la prépare pour l’heure indiquée. On l’aura compris : un tel système permet de réfléchir tranquille­ment au choix son menu le temps et de réduire le temps d’attente à la caisse ! Autre exemple : celui de l’enseigne de vêtements Celio, qui a créé une applicatio­n permettant à ses clients de recevoir des SMS d’alerte lorsque les magasins où ils ont leurs habitudes organisent des journées de ventes promotionn­elles. “En effet,

confirme Nicolas Passalacqu­a, fondateur de la société Octipas, une start-up

spécialisé­e basée à Montpellie­r, le m-commerce tend à se positionne­r de plus en plus comme un outil de liaison entre l’utilisateu­r et les marques. Les consommate­urs veulent voir les produits, les toucher, les essayer, discuter avec des vendeurs qu’ils considèren­t encore comme des experts.”

L’arrivée des places de marché mobiles

Mais aujourd’hui ce qui semble dynamiser encore davantage l’expansion du m-commerce, c’est la création des “places de marché” – ou marketplac­es –, c’est-à-dire des plateforme­s informatiq­ues qui mettent en relation les acheteurs potentiels avec un nombre important de sites de commerce en ligne. Cette nouvelle approche s’est largement développée au cours des

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 ??  ?? “Le m-commerce tend à se positionne­r de plus en plus comme un outil de liaison entre l’utilisateu­r et le commerce physique.” Nicolas Passalacqu­a, Octipas.
“Le m-commerce tend à se positionne­r de plus en plus comme un outil de liaison entre l’utilisateu­r et le commerce physique.” Nicolas Passalacqu­a, Octipas.

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