Les différentes structures d’accompagnement
Améliorer les performances de l’entreprise et développer les compétences du dirigeant grâce à l’accompagnement
Aujourd’hui, un profil
se dégage, celui du créateur très diplômé, mais les responsables
d’associations et de réseaux soulignent tous qu’il existe des contreexemples
L’entreprenariat a le vent en poupe en France. La crise, mais aussi les évolutions sociétales, poussent les salariés à entreprendre. Différentes formes de projets sont envisageables. La création d’une entreprise est facilement accessible, tandis que la reprise d’une société exige une solide expérience ainsi qu’un capital financier. Mais pour les jeunes comme pour les profils plus expérimentés, mieux vaut se faire accompagner pour rompre l’isolement, bénéficier d’un regard extérieur sur la stratégie et monter en compétences. Outre les traditionnelles couveuses, incubateurs et pépinières, des associations offrent des conseils et ouvrent les portes de leurs réseaux.
Avec un taux qui a atteint un niveau record cette année, l’ombre du chômage continue de planer sur les salariés en France. Dans un contexte de morosité économique et d’incertitude, ils sont souvent prêts à
prendre des risques. “L’appétence pour l’entreprenariat est de plus en plus forte, souligne Sylvain Bureau, directeur de la chaire Entrepreneuriat EY et BNP Paribas (EEE) à l’ESCP Europe. La crise a une influence, mais il s’agit aussi d’une dynamique structurelle. De nouveaux modèles de travail émergent aux côtés du modèle traditionnel, suivant les
évolutions sociétales.” La montée en puissance de l’individualisme et du digital a ainsi donné naissance à de nombreux réseaux d’indépendants et petites structures. Comme la démarche de création reste longue et risquée, les travailleurs cumulent souvent plusieurs statuts et collaborent à mi-temps comme salarié ou exercent une activité de consultant en plus de mener leur projet. Mais la création d’entreprise estelle une aventure pour tous ? Oui, répondent les professionnels du secteur. “Tout le monde peut être entrepreneur de différentes façons ; la clé, c’est l’adéquation entre la personne et le projet, affirme Didier Gesp, directeur de l’association Audace, qui prépare et forme ceux qui ont envie d’entreprendre sans avoir de projet défini. Par exemple, une personne avec un grand charisme commercial sera efficace en BtoC, tandis que quelqu’un de plus introverti optera plutôt pour du BtoB, avec des gros clients.” Aujourd’hui, un profil se dégage, celui du créateur très diplômé, mais les responsables d’associations et de réseaux soulignent tous qu’il existe des contre-exemples. Au-delà du niveau de formation, l’envie et la motivation sont essentielles. “Quel que soit le public, la première étape c’est d’analyser et de lever les freins qui empêchent le passage à l’acte”, poursuit Didier Gesp, qui anime un atelier sur cette thématique lors du salon Créer à Lille (voir encadré). Pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, il préconise de s’assurer du soutien de son entourage. Celui-ci sera forcément impacté par l’aventure entrepreneuriale, que ce soit d’un point de vue humain ou financier.
Création ou reprise ?
Pour déterminer le projet le plus adéquat, il convient de s’interroger sur ses motivations et ses capacités. La création et la reprisep de sociétés n’obéissent pas à la même logique. À l’heure actuelle, les start-up ont la cote et ne cessent de se multiplier. Leur avantage : il suffit d’une
idée inédite de service ou de produit pour pouvoir se lancer. Mais
encore, faut-il la trouver… “Le premier piège, c’est de vouloir créer quelque chose de parfait, affirme
Sylvain Bureau. Il faut faire évoluer sa solution en permanence, en fonction de ses interactions avec son environnement. La start-up, c’est plus un marathon qu’un sprint.” Il est donc nécessaire de moduler son idée de départ
jusqu’à trouver une formule viable. Au début, l’entrepreneur endosse plutôt un rôle de défricheur. Une situation qui lui permet de profiter pleinement du sentiment d’indépendance. Il est à même de construire son équipe et d’avancer à son rythme, même s’il doit très vite s’adapter à celui du marché. À l’inverse, le repreneur prend un train en marche. Il s’agit, sous bien des aspects, d’un avantage, mais celui-ci va de pair avec des responsabilités. Racheter permet de disposer d’une structure fonctionnelle, avec ses équipes, ses fournisseurs et ses clients. Pour endosser le rôle du capitaine de navire, il faut être capable d’analyser les enjeux de l’entreprise, de l’adapter à son environnement ou bien, si nécessaire, de la transformer. “On tend vers des profils plus âgés et plus expérimentés qui ont envie de mettre leurs compétences au service d’une société”, décrit Éric Lepot, directeur du développement des Ruches d’Entreprises Nord de France, un réseau de pépinières. Un dirigeant trilingue peut par exemple renforcer le développement à l’international. Rien ne l’empêche également d’orienter les équipes sur la création de nouveautés, sans avoir besoin de se précipiter pour les mettre sur le marché et commencer les ventes. En outre, le repreneur a d’office accès à un salaire, ce qui est rarement le cas lorsque l’on crée “from scratch”. Mais ces avantages ont un coût élevé. La reprise nécessite un capital financier important. Elle amène généralement à contracter une dette. Mieux vaut donc connaître le marché et avoir une bonne visibilité avant de se lancer. Si l’on souhaite explorer un nouveau secteur, choisir une franchise peut être une option intéressante. Le franchiseur offre un accompagnement et l’investissement de départ se révèle parfois moindre. La mise en route de l’entreprise est certes plus longue, mais le cadre est plus sécurisant. Trouver la meilleure solution pour entreprendre demande réflexion et patience. La multiplicité des options devrait permettre à chacun de choisir une voie qui lui convient, tant pour développer un business que sa posture de leader.
Créer n’est pas pérenniser
Une fois embarqué dans un projet entrepreneurial, le principal défi est de maintenir le navire à flot. La création d’entreprise se montre très dynamique en France. Entre 2009 et 2015, plus de 500 000 sociétés ont été lancées chaque année, contre 330 000 en 2008, selon l’Insee. Mais certaines de ces structures
Quels sont ces nouveaux besoins ?
Il y a dix ans, le développement des activités n’était pas autant lié au numérique. Aujourd’hui, il est partout, c’est incontournable. Les réseaux sociaux ont pris une place très importante. De nombreux créateurs font, par exemple, des études de marché via ces réseaux. Beaucoup de créateurs sont jeunes et habitués à ces usages, mais ce n’est pas le cas de tous. L’acculturation des chefs d’entreprise à ces mutations technologiques est nécessaire. Il faut sensibiliser les dirigeants actuels à ce qui est déjà présent aujourd’hui et qui représente l’avenir.
L’entreprenariat est une solution au chômage ?
Oui, bien sûr, il s’agit de l’une des solutions, d’autant plus dans une période où le chômage est à 10 %, 12 % dans la région. Si l’on développe plus l’esprit d’entreprise, on aura plus de porteurs de projets et de créateurs. Le taux de création d’entreprises en France se situe dans la moyenne européenne, et il en est de même pour celui de la région. Il faut sensibiliser à l’entreprenariat pour faire émerger des créateurs. Il est nécessaire d’élargir la palette de porteurs de projets. Nous avons besoin de plus de créateurs qui ne sont pas issus de milieux entrepreneuriaux, des ouvriers, des employés, des fonctionnaires… Il peut y avoir aussi, par exemple, des personnes impliquées dans des projets associatifs. Elles développent généralement des compétences qui pourraient s’appliquer à l’entreprise, mais elles ne font pas forcément le lien.