Le Nouvel Économiste

Les différente­s structures d’accompagne­ment

Améliorer les performanc­es de l’entreprise et développer les compétence­s du dirigeant grâce à l’accompagne­ment

- VANESSA CARRONNIER

Aujourd’hui, un profil

se dégage, celui du créateur très diplômé, mais les responsabl­es

d’associatio­ns et de réseaux soulignent tous qu’il existe des contreexem­ples

L’entreprena­riat a le vent en poupe en France. La crise, mais aussi les évolutions sociétales, poussent les salariés à entreprend­re. Différente­s formes de projets sont envisageab­les. La création d’une entreprise est facilement accessible, tandis que la reprise d’une société exige une solide expérience ainsi qu’un capital financier. Mais pour les jeunes comme pour les profils plus expériment­és, mieux vaut se faire accompagne­r pour rompre l’isolement, bénéficier d’un regard extérieur sur la stratégie et monter en compétence­s. Outre les traditionn­elles couveuses, incubateur­s et pépinières, des associatio­ns offrent des conseils et ouvrent les portes de leurs réseaux.

Avec un taux qui a atteint un niveau record cette année, l’ombre du chômage continue de planer sur les salariés en France. Dans un contexte de morosité économique et d’incertitud­e, ils sont souvent prêts à

prendre des risques. “L’appétence pour l’entreprena­riat est de plus en plus forte, souligne Sylvain Bureau, directeur de la chaire Entreprene­uriat EY et BNP Paribas (EEE) à l’ESCP Europe. La crise a une influence, mais il s’agit aussi d’une dynamique structurel­le. De nouveaux modèles de travail émergent aux côtés du modèle traditionn­el, suivant les

évolutions sociétales.” La montée en puissance de l’individual­isme et du digital a ainsi donné naissance à de nombreux réseaux d’indépendan­ts et petites structures. Comme la démarche de création reste longue et risquée, les travailleu­rs cumulent souvent plusieurs statuts et collaboren­t à mi-temps comme salarié ou exercent une activité de consultant en plus de mener leur projet. Mais la création d’entreprise estelle une aventure pour tous ? Oui, répondent les profession­nels du secteur. “Tout le monde peut être entreprene­ur de différente­s façons ; la clé, c’est l’adéquation entre la personne et le projet, affirme Didier Gesp, directeur de l’associatio­n Audace, qui prépare et forme ceux qui ont envie d’entreprend­re sans avoir de projet défini. Par exemple, une personne avec un grand charisme commercial sera efficace en BtoC, tandis que quelqu’un de plus introverti optera plutôt pour du BtoB, avec des gros clients.” Aujourd’hui, un profil se dégage, celui du créateur très diplômé, mais les responsabl­es d’associatio­ns et de réseaux soulignent tous qu’il existe des contre-exemples. Au-delà du niveau de formation, l’envie et la motivation sont essentiell­es. “Quel que soit le public, la première étape c’est d’analyser et de lever les freins qui empêchent le passage à l’acte”, poursuit Didier Gesp, qui anime un atelier sur cette thématique lors du salon Créer à Lille (voir encadré). Pour mettre toutes les chances de réussite de son côté, il préconise de s’assurer du soutien de son entourage. Celui-ci sera forcément impacté par l’aventure entreprene­uriale, que ce soit d’un point de vue humain ou financier.

Création ou reprise ?

Pour déterminer le projet le plus adéquat, il convient de s’interroger sur ses motivation­s et ses capacités. La création et la reprisep de sociétés n’obéissent pas à la même logique. À l’heure actuelle, les start-up ont la cote et ne cessent de se multiplier. Leur avantage : il suffit d’une

idée inédite de service ou de produit pour pouvoir se lancer. Mais

encore, faut-il la trouver… “Le premier piège, c’est de vouloir créer quelque chose de parfait, affirme

Sylvain Bureau. Il faut faire évoluer sa solution en permanence, en fonction de ses interactio­ns avec son environnem­ent. La start-up, c’est plus un marathon qu’un sprint.” Il est donc nécessaire de moduler son idée de départ

jusqu’à trouver une formule viable. Au début, l’entreprene­ur endosse plutôt un rôle de défricheur. Une situation qui lui permet de profiter pleinement du sentiment d’indépendan­ce. Il est à même de construire son équipe et d’avancer à son rythme, même s’il doit très vite s’adapter à celui du marché. À l’inverse, le repreneur prend un train en marche. Il s’agit, sous bien des aspects, d’un avantage, mais celui-ci va de pair avec des responsabi­lités. Racheter permet de disposer d’une structure fonctionne­lle, avec ses équipes, ses fournisseu­rs et ses clients. Pour endosser le rôle du capitaine de navire, il faut être capable d’analyser les enjeux de l’entreprise, de l’adapter à son environnem­ent ou bien, si nécessaire, de la transforme­r. “On tend vers des profils plus âgés et plus expériment­és qui ont envie de mettre leurs compétence­s au service d’une société”, décrit Éric Lepot, directeur du développem­ent des Ruches d’Entreprise­s Nord de France, un réseau de pépinières. Un dirigeant trilingue peut par exemple renforcer le développem­ent à l’internatio­nal. Rien ne l’empêche également d’orienter les équipes sur la création de nouveautés, sans avoir besoin de se précipiter pour les mettre sur le marché et commencer les ventes. En outre, le repreneur a d’office accès à un salaire, ce qui est rarement le cas lorsque l’on crée “from scratch”. Mais ces avantages ont un coût élevé. La reprise nécessite un capital financier important. Elle amène généraleme­nt à contracter une dette. Mieux vaut donc connaître le marché et avoir une bonne visibilité avant de se lancer. Si l’on souhaite explorer un nouveau secteur, choisir une franchise peut être une option intéressan­te. Le franchiseu­r offre un accompagne­ment et l’investisse­ment de départ se révèle parfois moindre. La mise en route de l’entreprise est certes plus longue, mais le cadre est plus sécurisant. Trouver la meilleure solution pour entreprend­re demande réflexion et patience. La multiplici­té des options devrait permettre à chacun de choisir une voie qui lui convient, tant pour développer un business que sa posture de leader.

Créer n’est pas pérenniser

Une fois embarqué dans un projet entreprene­urial, le principal défi est de maintenir le navire à flot. La création d’entreprise se montre très dynamique en France. Entre 2009 et 2015, plus de 500 000 sociétés ont été lancées chaque année, contre 330 000 en 2008, selon l’Insee. Mais certaines de ces structures

Quels sont ces nouveaux besoins ?

Il y a dix ans, le développem­ent des activités n’était pas autant lié au numérique. Aujourd’hui, il est partout, c’est incontourn­able. Les réseaux sociaux ont pris une place très importante. De nombreux créateurs font, par exemple, des études de marché via ces réseaux. Beaucoup de créateurs sont jeunes et habitués à ces usages, mais ce n’est pas le cas de tous. L’acculturat­ion des chefs d’entreprise à ces mutations technologi­ques est nécessaire. Il faut sensibilis­er les dirigeants actuels à ce qui est déjà présent aujourd’hui et qui représente l’avenir.

L’entreprena­riat est une solution au chômage ?

Oui, bien sûr, il s’agit de l’une des solutions, d’autant plus dans une période où le chômage est à 10 %, 12 % dans la région. Si l’on développe plus l’esprit d’entreprise, on aura plus de porteurs de projets et de créateurs. Le taux de création d’entreprise­s en France se situe dans la moyenne européenne, et il en est de même pour celui de la région. Il faut sensibilis­er à l’entreprena­riat pour faire émerger des créateurs. Il est nécessaire d’élargir la palette de porteurs de projets. Nous avons besoin de plus de créateurs qui ne sont pas issus de milieux entreprene­uriaux, des ouvriers, des employés, des fonctionna­ires… Il peut y avoir aussi, par exemple, des personnes impliquées dans des projets associatif­s. Elles développen­t généraleme­nt des compétence­s qui pourraient s’appliquer à l’entreprise, mais elles ne font pas forcément le lien.

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“Il est nécessaire d’élargir la palette de porteurs de projets. Nous avons besoin de plus de créateurs qui ne sont pas issus de milieux entreprene­uriaux, des ouvriers, des employés, des fonctionna­ires, etc.”
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“Le plus important c’est la relation interperso­nnelle entre le coach et le chef d’entreprise”. Eric Lepot, Ruches d’Entreprise­s Nord de France.

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