Le Nouvel Économiste

Dispositif­s et accessoire­s de sécurité

Airbag, ABS, innovation­s connectées… constructe­urs et équipement­iers s’emparent du problème de la sécurité et de son prix

- BENJAMIN PRUNIAUX

Au premier janvier 2016, la législatio­n française a rendu obligatoir­e l’équipement de toutes les motos neuves d’un système de frein ABS

Sur les 11 premiers mois de l’année 2015, le nombre de tués sur la route a augmenté de plus de 2 % par rapport à la même période en 2014. Si le nombre d’accidents corporels et de blessés est, lui, en légère baisse, le bilan n’est pas rose après des années de recul de la mortalité entre 2000 et 2013. Les chiffres de la mortalité pour les conducteur­s de deux-roues sont en légère hausse sur un an ; pourtant, ils s’inscrivent dans une période où les constructe­urs redoublent d’efforts pour améliorer les conditions de sécurité en proposant des innovation­s intéressan­tes mais encore peu répandues. ABS, airbag, électroniq­ue embarquée et autres accessoire­s font malgré tout entrer le motard dans une nouvelle ère plus sécuritair­e.

Du début des années 2000 à aujourd’hui, la baisse de la mortalité sur les routes a été très importante en France. En effet, entre 2000 et 2013, le nombre de morts par an a chuté de plus de la moitié (58,5 %). Mais depuis 2013, les statistiqu­es repartent à la hausse, frappant l’opinion publique qui avait perdu l’habitude des courbes ascendante­s. Ces chiffres comprennen­t tous les types de véhicules et les piétons. Les deuxroues, considérés comme plus accidentog­ènes et vulnérable­s, sont aussi concernés par cette hausse ; toutefois, ils ne concentren­t pas l’ensemble des critiques, puisque la catégorie la plus concernée est la voiture. Pour les constructe­urs de motos, qui suivent avec attention ces publicatio­ns, cette augmentati­on récente ne doit cependant pas être dramatisée ni extraite de l’évolution globale de la courbe. “Il faut toujours prendre les chiffres sur une longue période, et là, on constate une baisse considérab­le, que ce soit pour la voiture ou la moto, corrobore Jean-Luc Mars, directeur général de Triumph

France. Mais sur toute courbe, il y a des stagnation­s et d’autres moments où c’est moins bon. Il faut relativise­r les choses, même si cela demeure une vraie préoccupat­ion.” La relativisa­tion est de mise également chez Suzuki : “il faut mettre en avant les changement­s de conditions météorolog­iques, qui sont essentiell­es pour la moto, insiste Dominique Li-Pat-Yuen, directeur de la communicat­ion du constructe­ur japonais. Il suffit de quelques mois, d’une année où la météo n’est pas bonne pour que l’on roule beaucoup moins. À l’inverse, une année où le temps est particuliè­rement clément, les sorties à moto explosent et il y a donc plus de risques d’accidents”. Autre facteur important à prendre en compte, l’augmentati­on du parc de deux-roues, notamment dans les grandes agglomérat­ions, où le côté pratique et rapide du deux-roues a été privilégié ; ainsi, le nombre d’accidents s’est mécaniquem­ent accru. “Le parc roulant moto a considérab­lement augmenté depuis 10 ans ; la hausse des accidents est 5 à 6 fois moins forte pendant la même période”, assure JeanLuc Mars. Les morts sur la route sont devenus une cause nationale au début des années 2000, pendant la présidence de Jacques Chirac, et les effets bénéfiques ont été largement ressentis depuis. “Il y a eu une prise de conscience à force d’en parler. Les usagers ont compris que la route n’était pas un terrain de jeu. Et je pense aussi que nous vivons à une époque où l’on roule différemme­nt, reprend le directeur de Triumph en France. Il y a eu une époque, dans les années 1980 et 1990, où rouler vite était un mode de déplacemen­t.” L’attrait de la vitesse a cédé peu à peu la place au confort de conduite et à la sécurité. La moto de sport ne fait plus partie du coeur du marché comme dans les années 1990. Aujourd’hui, ce sont le plaisir et l’aventure qui ont pris le pas, comme en atteste la percée du vintage. “Les années folles sont révolues, mais l’on peut toujours rouler vite sur circuit avec des motos rapides. De plus en plus de motards font ça”, lance JeanLuc Mars pour les amateurs de sensations fortes mais maîtrisées.

Accélérati­on technologi­que

Au premier janvier 2016, la législatio­n française a rendu obligatoir­e l’équipement de toutes les motos neuves d’un système de frein ABS. Jusqu’ici, l’ABS était en option sur de nombreux modèles et connaissai­t une belle popularité chez les clients. La prise de conscience et un certain vieillisse­ment de la population des motards ont fait le succès de cette technologi­e devenue obligatoir­e. “Nous avons mis l’ABS en série sur tous les modèles BMW depuis 2013, avant même que la loi nous y oblige, explique Sébastien Lorentz, chef du service communicat­ion de BMW Motorrad. Les innovation­s sécurité sont une longue tradition chez BMW. Nous avons été les premiers à proposer l’ABS sur une moto en 1988.” Soit dans les années 1980, à une tout autre époque où l’ABS était considéré comme une aberration destinée aux mauvais pilotes. Depuis, à l’instar des mentalités, le système de freinage a grandement évolué. “La nouvelle génération d’ABS fonctionne même en virage. Avant, cela ne fonctionna­it que sur une ligne droite”, analyse Jean-Luc Mars. Du côté des scooters de plus de 125 cm3, la loi s’appliquera également et Peugeot s’enorgueill­it d’avoir été le précurseur en la matière. “Nous avons été les premiers à proposer l’ABS sur un scooter 125 cm3, il y a une qquinzaine d’années, place Éric Mougin, directeur produit et style chez Peugeot Scooters. Le segment des 125 cm3 est beaucoup plus dynamique au niveau des ventes et les constructe­urs se focalisent dessus pour la sécurité.” Au rayon des innovation­s, BMW n’est pas en reste avec son système de détection de présence dans les angles morts, une première sur le marché du deux-roues. Pour le moment, ce système n’existe que sur un modèle de la marque, le scooter C 650 GT 2016, mais il pourrait donner des idées en cas d’adoption massive. Des témoins lumineux dans le rétroviseu­r attirent l’attention du conducteur en cas de présence d’un véhicule. De son côté, Suzuki propose un système d’antipatina­ge de la roue arrière, le Traction Control. “Nous le proposons en série sur notre modèle phare de trail et sur notre roadster sportif depuis 2015, détaille

Dominique Li-Pat-Yuen. À l’avenir, nous allons travailler avec cet antipatina­ge en série, car il permet d’utiliser sa moto par tous les temps en toute sécurité : la machine gère la puissance de la roue arrière même sur route humide.” Autre piste très développée actuelleme­nt par les constructe­urs, la visibilité du motard. En effet, les autres conducteur­s ne se rendent parfois pas compte de sa présence. Triumph a mis en vente un blouson avec des LED pour le rendre davantage visible. D’autres pistes sont à l’étude, comme la connectivi­té des motos entre elles pour prévenir d’éventuels croisement­s ou collisions avec une coopératio­n entre BMW, Honda et Yamaha. La marque allemande a par ailleurs présenté des innovation­s au CES de Las Vegas en janvier, notamment un casque connecté qui affiche des informatio­ns sur la visière, permettant ainsi de garder la tête haute.

Gilets gonflables pour tous ?

La dernière révolution pour les motards reste indiscutab­lement le gilet airbag qui se gonfle automatiqu­ement en cas d’accident. Toutefois, il

doit encore se démocratis­er. “L’airbag à moto est un sujet sur lequel nous travaillon­s, intervient Sébastien Lorentz. À partir du mois de mars, nous proposeron­s un blouson avec airbag intégré, en collaborat­ion avec Dainese pour les circuits et Alpinestar­s pour la route.” C’est l’équipement­ier italien Dainese qui a planché le premier sur ce concept en 1998 pour sortir sa première mouture en 2000. Le dernier en date, le D-air

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“Le parc roulant moto a considérab­lement augmenté depuis 10 ans ; la hausse des accidents est 5 à 6 fois moins forte pendant la même période.” Jean-Luc Mars, Triumph France

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