En argent, en temps, en compétences
La moitié des grandes entreprises a développé une politique active dans ce domaine, tandis que la proportion est de 25 % pour les PME et autour de 12 % pour les très petites entreprises (TPE).
La part des entreprises mécènes augmente pour la première fois depuis 2008. La France en compte environ 170 000, soit 14 % de leur nombre total, contre 12 % il y a deux ans. Quelles sont les entreprises concernées et pour quels types d’actions ?
L’appétence pour le mécénat est proportionnelle à la taille de l’entreprise. La moitié des grandes sociétés a développé une politique active dans ce domaine, tandis que la proportion est de 25 % pour les PME et autour de 12 % pour les très petites entreprises (TPE). Cette tendance positive devrait se poursuivre en 2016. “Nous constatons une progression sensible de l’intérêt des entreprises pour les initiatives d’intérêt général, alors que nous nous trouvons encore dans une période difficile avec des entreprises qui ont plutôt tendance à couper dans leur budget”, assure Charlotte Dekoker, déléguée générale d’Admical, une association représentant les entreprises mécènes. La fiscalité du mécénat, incitatrice, est demeurée la même depuis 2003. L’entreprise peut défiscaliser 60 % de la somme de son mécénat en les déduisant du montant de l’impôt, dans la limite de 0,5 % de son chiffre d’affaires. Le dirigeant ne se transformera certes pas en bienfaiteur pour ces seules raisons, mais sera tenté de donner davantage. Par ailleurs, 80 % des entreprises exercent leur mécénat sous forme financière, alors que d’autres possibilités existent. Les PME offrent souvent des dons en nature sous forme de produits qu’elles fabriquent ou possèdent, comme des ordinateurs ou des véhicules de fonction.
La percée du mécénat de compétence
Un autre type d’action également prisé par les PME, le mécénat de compétence, peut s’exercer sous la forme de missions qui correspondent aux qualifications professionnelles du collaborateur. Un expertcomptable aidera une association à faire sa comptabilité, une équipe de consultants travaillera avec une association pour créer ou reformuler son business plan, etc. Les compétences humaines peuvent également être mises à contribution avec, par exemple, une équipe de salariés qui aide à distribuer des repas aux Restos du coeur ou à nettoyer une plage. “Au sein d’une PME, l’absence d’un salarié pratiquant le mécénat de compétence durant une semaine peut se ressentir assez fortement. Dès lors, ce dernier va plutôt prendre une heure par jour pour travailler sur une mission depuis sa propre entreprise”, poursuit Charlotte Dekoker. Comment cela fonctionne-t-il concrètement ? La Fondation Visio, qui oeuvre pour les déficients visuels, travaille avec un cabinet d’ingénierie, AC Tech, une PME locale à l’origine d’une étude sur le harnais du chien guide. Cette PME a pratiqué pour partie le mécénat de compétence, offrant du temps de travail de ses collaborateurs. Pour l’entreprise, cette prestation est valorisée afin qu’elle puisse opérer une déduction sur son impôt sur les sociétés. “Notre objectif est de favoriser le rayonnement économique local en se rapprochant des PME pour leur proposer de nous accompagner soit par du mécénat financier, soit par le biais du mécénat de compétence”, explique Pascale Humbert, responsable du mécénat de la Fondation Visio. À travers sa fondation d’entreprise, Accenture fait également du mécénat de compétence qui représente chaque année 5 000 jours/homme. Ce temps de travail des collaborateurs est payé par l’entreprise. Il s’organise sous forme de missions au profit d’une vingtaine d’associations partenaires comme Passeport RH ou Emmaüs. “Nous aidons ces associations à mieux s’organiser, ou à changer d’échelle. En complément, nous leur offrons un soutien financier représentant environ 20 % de l’effort global de notre mécénat”, précise Bernard Le Masson, président de la Fondation Accenture.