Espèces menacées
Gafa, banques traditionnelles et Fintech à l’assaut des nouvelles solutions de paiement mobiles… mais la carte bancaire reste bien ancrée
“Il n’y a plus de frontières entre le paiement de proximité
et celui sur Internet. Le téléphone mobile a ouvert une autre façon de consommer, de comparer
les prix dans les magasins. La phase finale
de la consommation, qui est le paiement, doit
s’adapter” Non seulement la technologie a profondément redéfini le commerce, mais elle a créé une multitude de
nouvelles utilisations
Depuis quelque temps, les nouveaux moyens de paiement se multiplient grâce à la puissance des géants du net et la créativité des Fintech, ces start-up qui défient les banques traditionnelles en proposant des services peu coûteux et faciles d’utilisation. Cette révolution annoncée pourrait bouleverser nos habitudes de consommation et les stratégiesg des pprofessionnels du secteur. À condition toutefois de montrer patte blanche en matière de sécurité des transactions.
Carte bancaire sans contact, paiement mobile, portefeuille électronique, reconnaissance vocale… Le paysage des moyens de paiement est en pleine évolution. Le chèque et les espèces ont vu leur part décroître au cours des années 1990 et 2000, parallèlement à l’accroissement du nombre de paiements par carte bancaire qui, avec l’arrivée du e-commerce, opère sa mue dématérialisée, via également le sans-contact dans les commerces de proximité. Face aux modes de consommation qui changent, de nouvelles solutions de paiement se développent avec des maîtres mots : rapidité, commodité et sécurité. Dans les années 80, le Crédit Mutuel Arkéa était le premier à offrir la possibilité de la banque sur Minitel, le premier aussi à développer sur Internet en 1995 la banque en ligne, puis sur smartphone. “Nous assistons aujourd’hui à une importante mutation des modes de consommation. Il n’y a plus de frontières entre le paiement de proximité et celui sur Internet. Le téléphone mobile a ouvert une autre façon de consommer, de comparer les prix dans les magasins. La phase finale de la consommation, qui est le paiement, doit s’adapter”, souligne Jean-Luc Dubois, directeur des flux Crédit Mutuel Arkéa. Les évolutions réglementaires opérées ces cinq dernières années ont facilité l’arrivée de nouveaux acteurs dans cet écosystème. De nombreuses start-up, les “fintechs”, travaillent sur les nouveaux modes de paiement et obligent les acteurs
traditionnels à offrir de nouvelles solutions en cherchant une proximité avec ces moteurs d’innovation que sont les start-up utilisant les NTIC pour créer des services financiers plus simples et moins coûteux pour l’utilisateur. Paypal
en est l’exemple type. “La monnaie électronique, ce mode d’échange simplifié, rapide et sécurisé, est né chez nous. Nous sommes pionniers et leader des paiements en ligne depuis 1998. Avec nos 188 millions de comptes actifs, nous sommes une plateforme de paiements mondiale disponible sur plus de 200 marchés, permettant aux clients de recevoir des paiements dans plus de 100 devises. Nous réalisons 5 milliards de transactions par an et un tiers d’entre elles sont faites par le mobile, indique Damien Perillat, directeur général PayPal France. Il y a de moins en moins de barrière pour faire du commerce en ligne, échanger et faire des transactions. Avec l’économie du partage, nous assistons aussi au développement des activités commerciales secondaires.”
Un temps d’usage plus long
Non seulement la technologie a profondément redéfini le commerce, mais elle a créé de nouvelles utilisations. Le client dispose de plus de choix. Qui aurait pu prédire en 2007, au moment de la création du smartphone, l’écosystème qui allait se mettre en place autour des applications qui nous guident dans notre manière de consommer, communiquer auprès de nos amis, utiliser des services divers ? “La carte bancaire reste le premier moyen de paiement en France, car elle n’est pas restée sur ses acquis. Elle a su évoluer en proposant de nouveaux services
comme le paiement sans contact. Près de 50 % des cartes sont désormais sans contact et un peu moins de 30 % des commerces sont dotés de terminaux compatibles NFC [Near Field Communication, ndlr], constate Didier Descombes, associé KPMG, responsable des activités Strategy, Customer & Operations. Pourtant, les consommateurs sont encore mal informés du potentiel de cette technologie. Mais comme pour chaque nouvelle innovation, il faut du temps pour qu’elle s’installe. Il y a le temps de la technologie et celui de l’usage, plus long.” En effet, la digitalisation des process est devenue une véritable préoccupation au sein des entreprises. Non seulement elle doit apporter de la fluidité, mais également de l’automatisation, de la sécurité et de fait, entraîner une meilleure maîtrise des coûts. “La digitalisation des services bancaires et des paiements est inéluctable, car elle accompagne les nouveaux usages. Le mobile est sans aucun doute le vecteur commun à toutes ces évolutions. Nous comptons sur la DSP2 [directive européenne sur les services de paiement, ndlr] et l’arrivée de nouveaux acteurs – initiateurs de paiement, agrégateurs de comptes – pour révolutionner le monde des paiements”, constate Christophe Lesobre, président de la commission monétique et moyens de paiement de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise). Mais ces nouvelles solutions de paiement sont-elles plus sûres face aux menaces de fraude sur Internet et la protection des données ? “En Europe comme en France, face aux innovations, les usagers restent encore timides dans l’utilisation du paiement mobile. Malgré le déploiement du