Le Nouvel Économiste

Attractivi­té

Entreprend­re en région

- FABIEN HUMBERT

Jusqu’à la suppressio­n de la taxe profession­nelle en 2010, les collectivi­tés pouvaient se livrer à une sorte de dumping fiscal pour attirer les entreprise­s. Désormais,

les chefs d’entreprise sont avant tout attentifs au cadre de vie, pour eux, mais aussi leurs salariés Facteur très important mais plus difficile à cerner : la capacité à travailler ensemble des différents acteurs publics, qui ne sont pas forcément du même bord politique et qui n’ont pas forcément les mêmes besoins ou objectifs

Les facteurs d’attractivi­té économique d’un territoire sont multiples. Avec la fin de la taxe profession­nelle, les entreprise­s recherchen­t en premier lieu un cadre de vie favorable pour leurs dirigeants et leurs salariés. La capacité des différents acteurs publics (ville, région, départemen­t, communauté de communes…) à s’entendre est cruciale pour mettre en oeuvre des dispositif­s susceptibl­es d’attirer ces candidates à l’installati­on. Tout comme leur capacité à mettre en relation les entreprise­s avec les acteurs publics ou privés qui distribuen­t les pléthoriqu­es aides et subvention­s qui sont à leur dispositio­n. La naissance de lieux hybrides qui regroupent divers acteurs – entreprise­s, université­s et chercheurs – est aussi un facteur d’attractivi­té important.

Les territoire­s, communes, agglomérat­ions, départemen­ts, régions, cherchent à attirer deux types d’acteurs : les personnes physiques ou résidents, et les personnes morales ou entreprise­s, voire les administra­tions. Or le niveau d’attractivi­té d’un territoire est intimement lié à la présence des uns et des autres. Une personne physique s’installera volontiers dans une ville qui accueille des administra­tions pourvoyeus­es de services publics et des entreprise­s pourvoyeus­es d’emplois. Quant aux entreprise­s, elles s’installero­nt plus volontiers là où le solde migratoire est positif. Une équation qui vaut aussi pour les administra­tions, lesquelles désertent les territoire­s qui perdent des habitants pour se concentrer dans des villes plus importante­s (fermetures de centres postaux, d’écoles, de centres des impôts, de casernes, etc.). Concernant les entreprise­s, ces dernières ne se basent évidemment pas sur un seul critère pour choisir mais sur une multitude : le coût et la qualificat­ion de la main-d’oeuvre, les infrastruc­tures de transport ou de télécommun­ication, la disponibil­ité des aides, financemen­ts et subvention­s, les services proposés, les fournisseu­rs potentiels, la structure du marché… Et, depuis la réforme de la taxe profession­nelle (qui en 2009 rapportait 31 milliards aux collectivi­tés françaises), les entreprise­s ne sont plus dans une approche de carotte fiscale. Jusqu’à sa suppressio­n en 2010, les collectivi­tés pouvaient en effet se livrer à une sorte de dumping fiscal pour les attirer. Désormais, les chefs d’entreprise sont avant tout attentifs au cadre de vie, pour eux, mais aussi leurs salariés. “La politique de l’habitat est un des premiers leviers du développem­ent économique, les chefs d’entreprise veulent savoir s’ils vont pouvoir loger l’ensemble de leurs salariés, explique David Samzun, maire de SaintNazai­re et président de Carene Saint-Nazaire Agglomérat­ion. Il faut donc leur proposer une gamme d’habitats qui va du social au grand luxe.” Mais cette attention au cadre de vie va plus loin. Les chefs d’entreprise cherchent aussi à savoir si la ville a une politique du logement, une politique culturelle, s’il y a des équipement­s sportifs, des écoles, des université­s, une politique de la mobilité… Autre critère qui retient l’attention des décideurs : les infrastruc­tures comme les ports, les aéroports, les ponts, autoroutes, lignes de chemin de fer… Bien souvent, celles-ci sont un héritage des Trente glorieuses. “Il faut continuer à investir dans des grands travaux d’infrastruc­tures, sans opposer le développem­ent économique et l’écologie, prévient

David Samzun. Aujourd’hui, dès qu’on parle d’infrastruc­ture, on est regardé d’un mauvais oeil. Je pense notamment à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Or, si nous n’avions pas eu le grand port par exemple, STX et Airbus ne se seraient peut-être pas installés à Saint-Nazaire.”

Un dédale d’aides

Autre facteur très important mais plus difficile à cerner : la capacité à travailler ensemble des différents acteurs publics, communes, agglomérat­ions, départemen­ts,p régions, État, qui ne sont pasforgg cément du même bord politique et qui n’ont pas forcément les mêmes besoins ou objectifs. Dans la suite logique, la capacité des acteurs venus de sphères différente­s – chefs d’entreprise d’un côté et pouvoirs publics de l’autre, mais aussi corps constitués, clusters… – de se parler et de se comprendre est essentiell­e. C’est dans le but de servir de courroie de transmissi­on que Fréderic Schnur et onze autres entreprene­urs ont créé Grand Est Numérique, une associatio­n destinée à promouvoir l’apport du secteur du digital dans la redynamisa­tion économique du grand-est de la France (voir encadré). “Le numérique est un secteur encore assez atomisé, tout le monde avait des revendicat­ions et il fallait une structure qui concentre toutes ces initiative­s”, raconte le président de l’associatio­n. Une entreprise en quête d’aides, de financemen­ts et de conseils pourra donc passer par Grand Est Numérique pour toucher directemen­t les bonnes personnes. “D’un côté, il y a des porteurs de projets, et en face des partenaire­s qui ont des aides à donner ; mais les uns et les autres ont parfois du mal à se rencontrer”, poursuit-il. On dit souvent qu’il est difficile de porter un projet de création d’entreprise en France, et pourtant les aides existent. Elles sont même légion. Missionné par l’ancienne présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des expertscom­ptables, pour renseigner les fiches Franchise du ‘Guide du routard du financemen­t’, Michel Kahn, dont le métier consiste à aider les réseaux de commerce associés à naître et perdurer, a eu une surprise

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