Attractivité
Entreprendre en région
Jusqu’à la suppression de la taxe professionnelle en 2010, les collectivités pouvaient se livrer à une sorte de dumping fiscal pour attirer les entreprises. Désormais,
les chefs d’entreprise sont avant tout attentifs au cadre de vie, pour eux, mais aussi leurs salariés Facteur très important mais plus difficile à cerner : la capacité à travailler ensemble des différents acteurs publics, qui ne sont pas forcément du même bord politique et qui n’ont pas forcément les mêmes besoins ou objectifs
Les facteurs d’attractivité économique d’un territoire sont multiples. Avec la fin de la taxe professionnelle, les entreprises recherchent en premier lieu un cadre de vie favorable pour leurs dirigeants et leurs salariés. La capacité des différents acteurs publics (ville, région, département, communauté de communes…) à s’entendre est cruciale pour mettre en oeuvre des dispositifs susceptibles d’attirer ces candidates à l’installation. Tout comme leur capacité à mettre en relation les entreprises avec les acteurs publics ou privés qui distribuent les pléthoriques aides et subventions qui sont à leur disposition. La naissance de lieux hybrides qui regroupent divers acteurs – entreprises, universités et chercheurs – est aussi un facteur d’attractivité important.
Les territoires, communes, agglomérations, départements, régions, cherchent à attirer deux types d’acteurs : les personnes physiques ou résidents, et les personnes morales ou entreprises, voire les administrations. Or le niveau d’attractivité d’un territoire est intimement lié à la présence des uns et des autres. Une personne physique s’installera volontiers dans une ville qui accueille des administrations pourvoyeuses de services publics et des entreprises pourvoyeuses d’emplois. Quant aux entreprises, elles s’installeront plus volontiers là où le solde migratoire est positif. Une équation qui vaut aussi pour les administrations, lesquelles désertent les territoires qui perdent des habitants pour se concentrer dans des villes plus importantes (fermetures de centres postaux, d’écoles, de centres des impôts, de casernes, etc.). Concernant les entreprises, ces dernières ne se basent évidemment pas sur un seul critère pour choisir mais sur une multitude : le coût et la qualification de la main-d’oeuvre, les infrastructures de transport ou de télécommunication, la disponibilité des aides, financements et subventions, les services proposés, les fournisseurs potentiels, la structure du marché… Et, depuis la réforme de la taxe professionnelle (qui en 2009 rapportait 31 milliards aux collectivités françaises), les entreprises ne sont plus dans une approche de carotte fiscale. Jusqu’à sa suppression en 2010, les collectivités pouvaient en effet se livrer à une sorte de dumping fiscal pour les attirer. Désormais, les chefs d’entreprise sont avant tout attentifs au cadre de vie, pour eux, mais aussi leurs salariés. “La politique de l’habitat est un des premiers leviers du développement économique, les chefs d’entreprise veulent savoir s’ils vont pouvoir loger l’ensemble de leurs salariés, explique David Samzun, maire de SaintNazaire et président de Carene Saint-Nazaire Agglomération. Il faut donc leur proposer une gamme d’habitats qui va du social au grand luxe.” Mais cette attention au cadre de vie va plus loin. Les chefs d’entreprise cherchent aussi à savoir si la ville a une politique du logement, une politique culturelle, s’il y a des équipements sportifs, des écoles, des universités, une politique de la mobilité… Autre critère qui retient l’attention des décideurs : les infrastructures comme les ports, les aéroports, les ponts, autoroutes, lignes de chemin de fer… Bien souvent, celles-ci sont un héritage des Trente glorieuses. “Il faut continuer à investir dans des grands travaux d’infrastructures, sans opposer le développement économique et l’écologie, prévient
David Samzun. Aujourd’hui, dès qu’on parle d’infrastructure, on est regardé d’un mauvais oeil. Je pense notamment à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Or, si nous n’avions pas eu le grand port par exemple, STX et Airbus ne se seraient peut-être pas installés à Saint-Nazaire.”
Un dédale d’aides
Autre facteur très important mais plus difficile à cerner : la capacité à travailler ensemble des différents acteurs publics, communes, agglomérations, départements,p régions, État, qui ne sont pasforgg cément du même bord politique et qui n’ont pas forcément les mêmes besoins ou objectifs. Dans la suite logique, la capacité des acteurs venus de sphères différentes – chefs d’entreprise d’un côté et pouvoirs publics de l’autre, mais aussi corps constitués, clusters… – de se parler et de se comprendre est essentielle. C’est dans le but de servir de courroie de transmission que Fréderic Schnur et onze autres entrepreneurs ont créé Grand Est Numérique, une association destinée à promouvoir l’apport du secteur du digital dans la redynamisation économique du grand-est de la France (voir encadré). “Le numérique est un secteur encore assez atomisé, tout le monde avait des revendications et il fallait une structure qui concentre toutes ces initiatives”, raconte le président de l’association. Une entreprise en quête d’aides, de financements et de conseils pourra donc passer par Grand Est Numérique pour toucher directement les bonnes personnes. “D’un côté, il y a des porteurs de projets, et en face des partenaires qui ont des aides à donner ; mais les uns et les autres ont parfois du mal à se rencontrer”, poursuit-il. On dit souvent qu’il est difficile de porter un projet de création d’entreprise en France, et pourtant les aides existent. Elles sont même légion. Missionné par l’ancienne présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des expertscomptables, pour renseigner les fiches Franchise du ‘Guide du routard du financement’, Michel Kahn, dont le métier consiste à aider les réseaux de commerce associés à naître et perdurer, a eu une surprise