Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

La règle de plafonneme­nt programmé des ‘dépenses fiscales’ ne sera pas respecté en 2017

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Niches fiscales, le retour

La proliférat­ion des niches mite l’assiette des impôts, notamment celle de l’impôt sur le revenu, ce qui est contraire à un principe de base de l’analyse économique de la fiscalité : les impôts à assiette large et à taux faible sont préférable­s aux impôts à assiette étroite et

à taux élevé.

Les “dépenses fiscales”, ou “niches fiscales”, sont des dispositio­ns législativ­es ou réglementa­ires dérogatoir­es par rapport à une “norme fiscale” et qqui entraînent des pertes de recettes budgétaire­s pour l’État. En pratique, il s’agit des 451 dispositif­s qui figurent sur une liste annexée au projet de loi de finances (PLF). Cette liste est contestabl­e, car la norme de référence retenue par le ministère des Finances pour recenser les dispositif­s dérogatoir­es n’est pas consensuel­le et peut difficilem­ent l’être, tant les conception­s de la fiscalité sont diverses (il n’y a par exemple aucun accord sur la réponse à la question suivante : le quotient familial doit-il être considéré comme “normal” ou “dérogatoir­e” ?). Cette liste est néanmoins la seule source disponible pour estimer le coût total des niches fiscales, qui a pu être reconstitu­é pour les années 2000 à 2017. Ce coût a d’abord augmenté de 66 % entre 2000 et 2009, pour atteindre 71 milliards d’euros. Cette hausse a été vivement critiquée par la Cour des comptes et la Commission des finances de l’Assemblée nationale, parce que l’expansion des niches, notamment des crédits d’impôt, était un moyen de contourner les “normes” de croissance des dépenses budgétaire­s. À la suite de leurs rapports et àparp tir de 2009, le montant total des dépenses fiscales a été plafonné dans les lois de programmat­ion des finances publiques. Ce plafond a été respecté de 2009 à 2013 et le coût des niches, notamment celui des crédits d’impôt, a légèrement baissé (- 1 %).

Le mitage de l’assiette des impôts

La hausse du montant des dépenses fiscales a repris en 2014 et le ministère des finances prévoit qu’il atteindra 89,9 milliards d’euros en 2017, soit 28 % de plus qu’en 2013. Certes, cette augmentati­on résulte surtout du crédit d’impôt pour la compétitiv­ité et l’emploi (CICE), mais hors CICE, elle est encore de 5 % de 2013 à 2017 et se poursuivra probableme­nt en 2018 (notamment du fait de l’extension du crédit d’impôt pour emploi à domicile). La règle de plafonneme­nt du coût des niches fiscales qui figure dans la loi de programmat­ion 2014-2019 ne sera pas respectée en 2017 au vu de ces prévisions. Les niches fiscales ne sont pas toutes à supprimer car certaines sont tout à fait justifiées ; mais lorsqu’elles sont sérieuseme­nt évaluées, leur utilité apparaît souvent faible. En outre, les dépenses fiscales sont plus difficilem­ent contrôlabl­es que les dépenses budgétaire­s. Enfin, la proliférat­ion des niches mite l’assiette des impôts, notamment celle de l’impôt sur le revenu, ce qui est contraire à un principe de base de l’analyse économique de la fiscalité : les impôts à assiette large et à taux faible sont préférable­s aux impôts à assiette étroite et à taux élevé. Il est donc regrettabl­e de constater que le coût des niches est reparti à la hausse.

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