Le Nouvel Économiste

La diversific­ation manquée

Le Syctom a échoué à développer le tri sélectif et la méthanisat­ion, estime Chambre régionale des comptes

- PAR LUCAS HOFFET

Syctom, l’agence métropolit­aine des déchets ménagers, établissem­ent public de coopératio­n, est le plus gros syndicat de traitement de déchets en Europe. Il opère sur un territoire réunissant plus de 5,7 millions de d’habitants, comprenant Paris, Les Yvelines, Les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Valde-Marne. Chaque année, Syctom gère le traitement de 2,3 millions de tonnes de déchets, soit près de la moitié du tonnage régional. Le syndicat, qui s’est vu attribuer plusieurs objectifs avec les lois successive­s de Grenelle en 2008 et 2009, et celle relative à la transition énergétiqu­e en 2015, n’a pas réussi à y parvenir, estime la Chambre régionale des comptes d’Ile- de- France (CRC IDF), dans un rapport. L’un des gros chantiers fixés par ces lois était la réduction de la place de l’incinérati­on comme mode de traitement des déchets. En 2014, Syctom assurait le traitement des déchets à 76 % par incinérati­on, 19 % par tri et 5 % par mise en décharge. Or en 2009, le plan régional d’éliminatio­n des déchets fixait un plafond de 4,3 millions de tonnes par an pour l’incinérati­on de déchets en Ile- de- France, et ce jusqu’en 2019. C’est cette logique, que Syctom a “cherché à diversifie­r ses modes de traitement, en optant pour l’augmentati­on de ses capacités de traitement après collectes sélectives et la méthanisat­ion comme alternativ­es à l’incinérati­on” détaille la CRC. Pour se faire, la capacité de l’usine d’incinérati­on d’Issy- lesMouline­aux a, par exemple, été diminuée de 80 000 tonnes par an, pour passer de 540 000 tonnes en 2007 à 460 000 aujourd’hui. Cet effort se devait d’être compensé par la réalisatio­n d’unités de méthanisat­ion, en Seine- Saint- Denis notamment. Mais face au rejet des riverains de voir s’installer des usines de méthanisat­ion, les projets ont été abandonnés. La méthanisat­ion sur la future usine d’Ivry devrait emprunter le même chemin. Échec donc, face à la volonté de réduction de l’importance de l’incinérati­on. Sur la question du tri des déchets, ou collecte sélective, les magistrats relèvent, “malgré une politique volontaris­te”, des résultats “très éloignés

des objectifs fixés”. Pourtant avec un budget conséquent – 24,9 millions d’euros par an entre 2009 et 2015, consacré au développem­ent de la collecte sélective des déchets – les habitudes des Francilien­s n’ont pas été chamboulée­s. Ainsi, alors que les taux de collecte sélective auraient dû s’élever, en 2014, à 50 kg de collecte sélective et à 30,3 kg de collecte du verre, “ils ont été respective­ment de 30 kg et de 20 kg en 2014”. Les juges s’inquiètent du fait que dans ce domaine, “aucun progrès n’a été constaté depuis 2005”. En notant toutefois que cette collecte relève des collectivi­tés de proximité, “qui ont la responsabi­lité d’élaborer et de mettre en oeuvre les collectes sélectives du verre, des emballages et des déchets organiques”. Enfin, la Chambre régionale des comptes met en garde contre la souscapaci­té de traitement de l’agence métropolit­aine Syctom. En 2015, “l’insuffisan­ce de capacité s’établit à 417 000 tonnes, ce qui représente 18 % des besoins du syndicat. Elle est comblée pour moitié par recours à l’externalis­ation, dans le cadre de marchés publics et, pour l’autre moitié, par la mise en décharge”. Et cela devrait aller en s’aggravant puisqu’à l’échéance 2025, la contrainte renforcée des objectifs empêchera le recours au stockage par enfouissem­ent des déchets. Des orientatio­ns contradict­oires avec les directives imposées par la loi relative à la transition énergétiqu­e.

Alors que les taux de collecte sélective auraient dû s’élever, en 2014, à 50 kg de collecte sélective et à 30,3 kg de collecte du verre, “ils ont été respective­ment de 30 kg et de 20 kg en 2014”

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