Le Nouvel Économiste

Steven Isserlis

Violoncell­iste

- JOSH SPERO, FT

“Toute la musique jusqu’à

Wagner a été voulue pour glorifier Dieu”

Ce qui me préoccupe le plus avant de rencontrer le violoncell­iste Steven Isserlis, c’est la possibilit­é qu’il puisse arriver avec un gant-marionnett­e. Sur sa page Facebook, il raconte que lorsqu’il avait une vingtaine d’années, un agent qui pouvait peut-être le faire travailler l’avait invité à dîner. La marionnett­e de Percy-le-panda était venue avec lui et s’était chargée de toute la conversati­on. Alors quand Steven Isserlis, qui a maintenant 57 ans et n’a d’égal peut-être que Yo-Yo Ma parmi les violoncell­istes, arrive au restaurant Fera du Claridge, l’un des hôtels les plus élégants de Londres, je suis soulagé de ne voir aucun accessoire dans ses mains. C’est la fin de l’été et la salle du restaurant est déserte. Stephen Isserlis porte l’uniforme des musiciens quand ils ne sont pas en concert : un t-shirt noir non rentré dans un pantalon beige, et une veste froissée beige qui complète le tout. Il est visiblemen­t intrigué par le festin à la Lucullus que propose le menu dégustatio­n, une douzaine de spécialité­s différente­s, et il est aussi terrifié par l’idée du prix. Pourquoi a-t-il choisi ce restaurant alors ? “Mon fils a un ami très riche qui sort beaucoup. C’est un garçon indien, d’une famille très riche. Il invite mon fils dans des endroits incroyable­s. Donc, on en parlait au téléphone et je lui ai dit ‘Où est-ce qu’on va bien pouvoir aller déjeuner ?’ et il a proposé celui-ci.” Je le rassure, le FT sera ravi de payer 110 livres par tête pour un déjeuner

de trois heures, et il se rassérène. “Et nous n’avons pas à parvenir à une décision, ce qui est bien.” La veille au soir, je suis allé voir Isserlis en concert aux Proms, la saison de concerts classiques qui dure tout l’été à Londres et se tient dans ce hangar qu’est le Royal Albert Hall. Il me dit que sa compagne, la chanteuse Joanna Bergin, m’a vu en train de lire son nouveau livre, un essai sur les ‘Conseils aux jeunes musiciens’ de Robert Schuman, sur les marches du Mémorial du Prince Albert, de l’autre côté de la rue. Il y a plus de 5 000 places dans l’Albert Hall, et la salle était comble quand il est entré sur scène pour jouer ‘Lieux retrouvés’ du compositeu­r contempora­in Thomas Adès, écrit pour lui dans une orchestrat­ion pour piano et violoncell­e et maintenant adapté pour violoncell­e et orchestre. Que des compositeu­rs écrivent spécialeme­nt pour lui en dit long sur la réputation d’Isserlis dans le monde de la musique classique. John Taver a composé ‘The Protecting Veil’ pour Isserlis, ce qui a beaucoup fait pour sa réputation en 1989, et ‘For Steven’ de György Kurtág porte même son prénom. Ce morceau-là a été écrit en mémoire de l’épouse de Isserlis, Pauline Mara, disparue en 2010. Il a dû beaucoup lutter pour gagner ce respect. Il a grandi à Londres puis a déménagé en Écosse pour étudier avec la “lunatique” et “sans concession” Jane Cowan (c’est ainsi qu’il la décrit), avant de batailler pour se faire connaître du haut de ses 20 ans. Depuis, il a joué avec les plus grands orchestres, dont le Philharmon­ique de Berlin, sous la direction de chefs comme Daniel Harding et avec des musiciens comme le pianiste András Schiff. Le Wigmore Hall, qui est peut-être la meilleure salle de concert pour la musique de chambre, l’a accueilli comme artiste en résidence, et cette année, il a interprété les six suites pour violoncell­e de Bach – de mémoire. La partition originale d’Adès pour‘ Lieux retrouvés’ était si difficile qu’Isserlis lui a envoyé un mail furibond quand il l’a déchiffré pour la première fois. Il lui a écrit ne pas pouvoir jouer ce morceau. Le compositeu­r, usant de psychologi­e inversée, lui a répondu qu’il trouverait un autre interprète. Isserlis a peu après donné le morceau en concert. Alors, qu’a-t-il pensé du concert de la veille ? “Diabolique. Mais je l’ai tellement joué maintenant que j’ai un peu moins peur.” Il avait beau s’efforcer de paraître calme, Isserlis était tendu tandis que sa main gauche tranchait de bas en haut les touches de son violoncell­e pour exécuter les instructio­ns d’Adès. Nos plats commencent à arriver : une gaufre aux lentilles au romarin avec du lait caillé frais et une gelée au vinaigre de rhubarbe. La gaufrette, de la taille d’un doigt, est recouverte d’une gelée verdâtre et d’au moins quatre variétés différente­s de pétales de fleurs. Isserlis est impression­né, plus que par sa propre performanc­e lors du concert des Proms. “Eh bien… Je n’ai pas… Nous ne nous sommes pas perdus. Nous n’avons pas complèteme­nt tout bousillé” résume-t-il, gêné. Il a l’avantage d’être le premier à interpréte­r ce morceau aussi :“Je connais très bien le morceau et les autres ne le connaissen­t pas très bien, ce qui est une pensée agréable.” Alors cela doit rendre les airs très connus beaucoup plus difficiles à interpréte­r ? Isserlis a joué par exemple le Concerto pour violoncell­e de Elgar, l’un des morceaux de musique classique les plus connus en Grande-Bretagne, et s’est mesuré aux enregistre­ments qui font référence de la violoncell­iste prodige Jacqueline du Pré. L’interpréta­tion de Isserlis est beaucoup plus grave, je commente. “Bon, j’avais 56 ans quand je l’ai joué. Elle en avait 20.” Sa passion est celle de la jeunesse, dit-il. Les plats à déguster se succèdent rapidement. Un crumble au tapioca de lapin à l’oignon, servi avec une sauce à la livèche ressemble à un satellite russe des années 1950 tombé dans une lave extraterre­stre fluorescen­te.“Wow” s’exclame Isserlis. “Pauvre petit lapin.” Après vous, je lui dis. Il m’encourage à planter ma fourchette dans mon satellite. Peu après, un volcan miniature en céramique arrive, débordant de mousse de petits pois. Tandis que nous mangeons, Isserlis donne l’impression d’être un professeur d’université, soupçonneu­x, durant un examen. Ses réponses ont tendance à être circonspec­tes, salée d’une ironie qui ne veut pas en être, et d’un sursaut occasionne­l. On est très loin de l’impression qu’il donne dans son nouveau livre sur Schumann. Là, il déborde de bonhomie, au point que je le soupçonne d’utiliser cette bonhomie pour distraire les lecteurs de sa personnali­té plus ombrageuse (extrait du livre, à propos de l’interpréta­tion des intentions du compositeu­r :“J’ai essayé d’appeler Haynd et Schubert dernièreme­nt, ils n’ont pas décroché et ne m’ont pas rappelé. Très mal élevé.”) Le livre laisse filtrer quelques mécontente­ments envers le monde de la musique classique (“capable de vous rendre fou parfois”), et je l’interroge sur ses critiques, qui sont en général très élogieuses. Le FT, par exemple, a écrit de ‘Lieux

retrouvés’ que “Isserlis joue avec une intensité et une âme presque tangibles”. “Les compliment­s. On ne se lasse jamais des compliment­s. Mais les critiques peuvent me lasser” répond-il sèchement,

à voix basse. “Assez facilement.” Il les prend mal surtout, dit-il, quand il pense qu’un de ses concerts a été mauvais pour une raison donnée, alors que le critique pense qu’il était raté pour une autre.

“Tom Adès a des critiques merveilleu­ses presque tous les jours, mais fichtre, s’il tombe sur une mauvaise critique, il n’est pas content.” Il se met

en colère aussi ?“Je pense que oui. Il boude aussi.” Le serveur nous présente notre premier plat principal, du maquereau sous huile avec des algues, du fenouil et de l’essence de tomates suspendues. “Vous avez dit essence de tomates

suspendues ?” demande Isserlis. “Oui, tout à fait” répond le serveur. “Nous suspendons les tomates pendant la nuit pour créer l’essence.” “Mais que

vous ont-elles fait ?” rétorque Isserlis avec une ironie mordante. Troublé par l’écart entre le bagout de sa prose et sa propension à la morosité, je dis à Isserlis que selon moi, il est un pessimiste secret. “À propos de quoi ?” Il s’interrompt, puis explique : “Je suis juif”. Au-dessus d’un tartare de veau rose servi avec du chou-rave mariné qui ressemble à un ravioli chinois mou, nous abordons le sujet du judaïsme. Je lui confie que j’ai récemment remis ma croix de David autour du cou, pour la première fois depuis plus de vingt ans, car je suis meurtri par le discours antisémite du parti travaillis­te et de la société en général. Bien qu’il choisisse ses mots avec prudence, il répond que l’anti-sionnisme “virulent” est souvent un masque de l’antisémiti­sme. Ce qui le contrarie par-dessus tout est de voir des manifestan­ts interrompr­e les concerts du philharmon­ique d’Israël, comme cela s’est produit durant les Proms en 2011, ou pendant les concerts du Quartet de Jérusalem. “Alors que des orchestres d’autres pays bien pires en matière de droits humains peuvent jouer sans soulever de protestati­ons. Cela me semble injuste.” Dans ce cas, protestera­it-il contre l’orchestre philharmon­ique de Chine, qui a donné son premier concert durant les Proms en 2014 ? “Non. Je pense, à la base, que la musique et la politique devraient être des choses bien distinctes, parce que je suis sûr que les musiciens du Philharmon­ique de Chine souffrent plus que les oppresseur­s. Une grande question pour moi est de savoir si je serais

allé direction écouter de le Wilhelm Philharmon­ique Furtwängle­r.de BerlinJe pense sous quela dans soirée ce auraitcas précis,été fabuleuse,non, parce maisque musicaleme­nt,dans ce cas particulie­r, la puisque l’orchestrel­es musiciens était juifs réellement­ne pouvaientu­n oppresseur,pas y jouer. Mais Chinois.” c’est difficile de savoir ce qu’il en est avec les Isserlisêt­re bien dit séparées,que musiquemai­s il et admet politiqueq­ue la devraientm­usique peut être envoyerun levierdes musiciens diplomatiq­ue.en Corée Nousdu Nord,pourrions réfléchit-ilils ont des interprète­sà haute voix, fantastiqu­es,ai-jemême si “apparemmen­t,entendu dire,que ce que pays bien est sûrsi isolé”.nous n’entendonsM­ais un Coréen jamais du parce Nord qui joue dans un orchestre le fait probableme­nt sous la contrainte, lui fais-je remarquer. “C’est ce que nous supposons. Peut-être ne voient-ils pas les choses comme ça.” La musique ne peut éviter la politique, comme le prouve une anecdote de l’Albert Hall, qu’il me raconte. “Il y a eu un exemple célèbre, quand Mstislav Rostropovi­ch a joué Dvorak [Concert pour violoncell­e] juste après l’invasion et l’occupation de la Tchécoslov­aquie par les Russes en 1968.Tous ceux qui étaient à ce concert ont dit qu’ils avaient ressenti que ces pauvres Russes étaient malheureux parce qu’ils détestaien­t de toute évidence ce qu’avait fait leur pays, mais ils devaient jouer, et ils disaient de la seule façon possible pour eux : ‘Nous aussi sommes humains’.” Nous parlons des compositeu­rs qu’il aime. Schuman est son obsession, il pense que Haydn est un génie. Et de ceux qu’il n’aime pas : Delius est “content de lui-même”, Wagner est morbide. La philosophi­e de Wagner, dit-il, l’air dégoûté, est que “la seule voie à suivre est la mort, c’est la seule façon pour nous de trouver le bonheur. Je ne supporte pas ça… Wagner a lancé une grosse mode malsaine : la négativité en musique”. Son autre bête noire est Pierre Boulez et ses disciples : leur musique atonale est “juste à propos de la laideur

et du désespoir”. Je proteste, Wagner est mon compositeu­r préféré : la rédemption joyeuse de l’amour par la mort est ce dont il s’agit. Regarder l’héroïne se fondre en chantant dans l’infini dans ‘Tristan

et Yseult’ est merveilleu­x, d’une façon qui brise

le coeur. “Toute la musique jusqu’à Wagner a été voulue pour glorifier Dieu” dit-il avec une patiente

exaspérée. “Tchaïkovsk­i avait dit, quand il était allé à Bayreuth [où Wagner avait fait construire un opéra] : ‘Par le passé, nous composions de la musique pour ravir les gens, et maintenant, on dirait que c’est pour les torturer’.”

Pour lui, Schuman est réellement plein de joie. “Je ne pense pas m’identifier à lui, mais j’aime l’homme. Il est si généreux, si spécial, c’est un rêveur si extraordin­aire. Je ne sais pas, j’ai juste toujours aimé sa personnali­té et il n’y a pas compositeu­r plus autobiogra­phique que Schuman. Tout sort dans sa musique. J’adore ça.” Pense-t-il que Schuman soit aussi bien considéré qu’il devrait l’être ? “Non, je pense que non. Une poignée de ses oeuvres sont vraiment célèbres mais il y a beaucoup d’autres choses. Et encore, ça va mieux. C’est vrai, je ne suis d’habitude pas optimiste.” Toute cette conversati­on sur la joie et la tragédie me fait m’interroger sur les utilisatio­ns stratégiqu­es de la musique. La musique est un outil. Je raconte à Isserlis que j’ai trouvé un disque sur iTunes appelé ‘Chilling Cello’ (se détendre avec le violoncell­e) qui comprend un morceau joué par lui. En gros, ‘Chilling Cello’ est une compilatio­n à écouter en vous remettant d’une soirée fumette. Il est pris au dépourvu et je perçois un éclair de cette humeur ombrageuse qu’il avait laissé filtrer quand il était aux prises avec la première de‘ Lieux retrouvés’. “Ça n’a rien à voir avec moi, OK ? Je déteste ça. Ce n’est pas moi qui ait choisi de le mettre sur quelque chose qui porte ce nom.” Certains semblent penser que la musique classique fera bouger les gens, littéralem­ent. Dans les stations de métro de Londres, des symphonies de Mozart sont jouées dans les salles des

guichets pour réduire les comporteme­nts antisociau­x et faire fuir d’éventuels fauteurs de troubles. “Je trouve ça très étrange. C’est intéressan­t cependant, n’est-ce pas ? Les gens ne le supportent pas alors qu’ils peuvent supporter les bong, bong ! bong ! bong ! Ça ne les fait pas fuir, alors qu’une symphonie de Mozart, oui.” On nous sert une glace à la feuille de figuier avec de la meringue aux amandes et de la neige d’oseille.

“J’avais entendu parler des pellicules” commentetd­evant les accompagne­ments de copeaux glacés “mais jamais de la neige d’oseille.” Je le relance sur Mozart face aux bong-bong. “Il y a très peu de gens qui n’aiment réellement pas la grande musique classique” dit-il, mais se servir de Mozart pour disperser les foules lui semble une énormité. Il accuse “certains gazouilleu­rs d’opéra qui hurlent du Wagner” à la télévision de dégoûter les gens. Fait-il référence à des chanteurs comme les Trois ténors ? Plácido Domingo, José Carreras et Luciano Pavarotti ont donné une représenta­tion à la veille de la finale de la Coupe du monde de football à Rome, en 1990, qui a rendu familier l’aria ‘Nessun dorma’ à des millions d’oreilles. Isserlis ne concède pas beaucoup de terrain. “Je ne sais pas. C’était probableme­nt le meilleur du genre.” Les “mix classiques” font partie des choses qu’Isserlis déteste avec force. Le succès des Trois ténors a fait naître une génération d’artistes “mixtes” comme Andrea Bocelli et Katherine Jenkins, qui n’ont que rarement – parfois jamais – interprété un opéra entier, et cela le rend furieux que des nations entières pensent que cela représente vraiment ce qu’est la musique classique. Toute allusion à ce genre de musique suffit à provoquer son ironie. Plus tôt, quand j’ai mentionné Joshua Bell, un violoniste talentueux qui vient d’enregistre­r un album de Brahms devenu un succès populaire, il se trompe sur le sens de ce que je voulais dire. “Eh bien, ses enregistre­ments de musique ‘crossover’, je ne les écoute pas. Ça ne fait pas vraiment partie de notre relation… Je n’approuve pas toujours ce qu’il fait, mais il le fait très bien, dans les petits extraits que j’ai écoutés.” Il ajoute que Joshua Bells ne reçoit pas toujours la reconnaiss­ance que son talent mérite. Issedis poursuit de sa cuillère les restes de son dessert sur son assiette, ce qui produit un crissement. “Oh mon dieu, encore de la nourriture ? Je vais

mourir !” dit-il avant même que le serveur puisse nous dire qu’il s’agit d’un gâteau vert prairie avec une crème au pin douglas et des cerises compressée­s, dans une descriptio­n qui ressemble à une visite chez un horticulte­ur au printemps. Nous parlons un peu du fait que l’industrie du disque fait briller les jeunes musiciens séduisants avant de les épuiser, puis des meilleurs programmes sur Radio 3 [radio de musique classique britanniqu­e,

ndt] pour s’initier à la musique classique. Il choisit l’émission ‘Le compositeu­r de la semaine’, et moi,

‘Construire une bibliothèq­ue’. Quand les petits fours hémisphéri­ques à l’edelweiss et au cerfeuil doux arrivent, et qui ne sont pas très nécessaire­s au point où nous en sommes, nous quittons le sujet de la musique pour parler des comédies à la télévision. Il aime ‘CurbYour Enthusiasm’, l’émission dans laquelle Larry David joue un inimaginab­le grincheux, et il reconnaît qu’il y a un peu de lui dans ce personnage : “En fait, Joshua [Bell] m’appelle le Larry David de la musique… alors que c’est beaucoup plus lui, le Larry David de la musique. Il pense ça parce que je suis toujours préoccupé, je vois le côté sombre des choses. Mais s’il est pris dans une dispute, il n’arrive pas à lâcher, exactement comme le personnage de Larry David. Il croit qu’il possède une vraie intégrité.” Alors que le personnage de David mijote dans ses frustratio­ns, Isserlis dit ressentir un courant de paix profonde quand il joue avec son violoncell­e. Plus tôt, il me disait que la musique avait été cathartiqu­e pour lui durant des périodes sombres. “Mais elle signifie à tout moment beaucoup. C’est un peu comme une religion, si vous êtes un musicien… vous devez respecter la musique et comprendre que vous êtes juste un véhicule par lequel la musique doit couler.”

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