Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

Finances publiques, l’erreur de la droite

- FRANÇOIS ECALLE

Le gouverneme­nt prévoit un déficit public de 3,3 % du PIB en 2016, de 2,7 % en 2017 et 2,0 % en 2018. Il n’est pas certain que le déficit soit de 3,3 % du PIB en 2016 et il est très peu probable qu’il soit réduit de 0,6 point pour être ramené à 2,7 % en 2017, où il sera sans doute un peu supérieur à 3,0 % du PIB. En 2018, le plus vraisembla­ble, à politique inchangée, est qu’il remonte pour se rapprocher de 3,5 % du PIB, mais sans aller audelà. Le site www.fipeco.fr analyse plus précisémen­t les prévisions de déficit pour 2016 à 2018 Les candidats à la primaire de la droite et du centre ne peuvent pas dire qu’ils hériteront de déficits beaucoup plus élevés que 3,0 et 3,5 % du PIB en 2017 et 2018. Ils risquent en fait de creuser euxmêmes les déficits plus fortement, parce qu’ils veulent réduire rapidement les prélèvemen­ts obligatoir­es et plus progressiv­ement les dépenses, ce qui est une grave erreur. La baisse rapide et massive des prélèvemen­ts obligatoir­es qu’ils annoncent pour 2017 aura un impact positif sur l’investisse­ment et l’emploi seulement si les agents économique­s sont persuadés qu’elle sera durable, c’est-à-dire qu’elle ne creusera pas le déficit et n’obligera pas à faire machine arrière deux ans plus tard. Or les Français savent qu’il est très facile de baisser les impôts (il peut suffire de modifier un chiffre dans le code fiscal) et très difficile de diminuer les dépenses publiques (chaque dépense publique va dans la poche de quelqu’un). Même si les réformes qui permettent de faire des économies sont inscrites dès l’été 2017 dans une loi, ils savent également qu’une loi peut toujours défaire ce qu’une autre loi a fait. Il n’y aura donc probableme­nt pas de choc de confiance. Nos partenaire­s européens n’y croiront pas plus car nous avons perdu toute crédibilit­é en matière de politique budgétaire. En 2003, la France et l’Allemagne ont obtenu une suspension de la procédure de correction des déficits excessifs en échange de promesses de réformes. L’Allemagne a mis en oeuvre ces réformes, pas la France. Si le dernier quinquenna­t a été marqué par la crise de 2008-2009, la France a seulement infléchi la croissance de ses dépenses publiques à partir de 2010, alors que les autres pays européens les ont diminuées. Le risque n’est pas d’être soumis aux sanctions prévues par le traité de Maastricht, qui ne seront probableme­nt jamais appliquées. Il est de contribuer à creuser le fossé entre une Europe du Nord qui gère sérieuseme­nt ses finances publiques, et ce qu’elle appelle parfois “les pays du Club Med”. Une plus grande coordinati­on des politiques économique­s, notamment budgétaire­s, est souhaitabl­e au sein de la zone euro, mais les pays d’Europe du Nord n’accepteron­t pas de coordonner plus largement leur politique économique avec des pays aussi peu sérieux. C’est à terme l’existence même de la zone euro, voire de l’Union européenne, qui est en jeu.

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