Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

Le président chinois au Cambodge

- PHILIPPE BARRET

Sur la route qui devait le conduire au huitième sommet des BRICS, à Goa, en Inde, le président Xi Jinping a fait escale à Phnom Penh les 13 et 14 octobre – avant de s’arrêter au Bengladesh. Officielle­ment, il s’agit de rendre la politesse au roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, qui s’était rendu à Pékin au mois de juin de cette année. Tout aussi officielle­ment, il s’agit de resserrer les liens économique­sq et ppolitique­sq entre les deux États, sous le signe de “la ceinture et la route”, visant à associer les pays voisins de la Chine à l’établissem­ent de relations propres à faciliter l’établissem­ent de la nouvelle “route de la soie”, pour le bénéfice commun de ces pays et de la Chine. La Chine est d’ores et déjà le premier partenaire commercial du Cambodge, avec un montant de 4,5 milliards de dollars pour les échanges bilatéraux. Elle est aussi le premier investisse­ur au Cambodge, pour un total atteignant 12 milliards de dollars. Les échanges culturels sont aussi nombreux et variés : 800 000 touristes chinois ont visité le Cambodge en 2015 ; les visites de groupes artistique­s et culturels se multiplien­t, comme aussi les échanges d’étudiants ; de plus en plus de jeunes Cambodgien­s apprennent la langue chinoise. Une douzaine de villes de Chine ont une liaison aérienne directe avec le Cambodge et 35 vols quotidiens relient les deux pays. D’autre part, le Cambodge a bénéficié, depuis les années 1990, de l’aide économique de la Chine : 2 600 km de routes, plus de 400 000 hectares de terres irriguées, 5 000 km de lignes électrique­s. Les Chinois insistent souvent sur l’ancienneté de leurs bonnes relations avec le Cambodge, depuis le temps de Mao Zedong et de Norodom Sihanouk. Le Cambodge, de son côté, voit dans la Chine un rempart pour se protéger d’une trop forte influence du Vietnam, c’est-à-dire pour préserver son indépendan­cep nationale. À l’occasion de la visite de Xi Jinping, de nombreux accords ont été signés, relatifs à l’énergie, aux télécommun­ications, à l’agricultur­e, à l’industrie et au tourisme, ainsi qu’à la coopératio­n militaire. En réponse à cette aide, le gouverneme­nt cambodgien, par la voix de son Premier ministre Hun Sen, a renouvelé sa déterminat­ion à ne rien dire ni faire qui pourrait remettre en qquestion l’appartenan­cepp de Taïwan à la Chine, et surtout, les deux chefs d’État sont tombés d’accord sur la question des îles de la mer de Chine méridional­e : cette qquestion devrait être régléeg ppar des consultati­ons et des négociatio­ns entre les États directemen­t concernés (et non sous la pression américaine).) Le Cambodge est un petit État, mais sa voix compte au sein de l’Asean [Associatio­n of Southeast Asian Nations, ndlr], et la Chine peut compter sur son appui, non négligeabl­e, dans cette organisati­on.

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