Le Nouvel Économiste

Client, roi du digital

Jusqu’où engager le client dans l’échange avec la marque ?

- EZZEDINE EL MESTIRI

Des plateforme­s d’interactio­n entre les marques et leurs clients ne cessent de fleurir tant pour la conquête que la fidélisati­on de ces derniers. Les enseignes cherchent de plus en plus à entrer en conversati­on directe avec

le consommate­ur. “Elles ont gagné en maturité dans la gestion des communauté­s de clients, mettant à profit ces nouveaux espaces d’échange pour conquérir et fidéliser. Il est presque impossible pour une marque d’être absente ou muette sur Internet, tant les clients sont en attente d’échanges”, observe Ghislaine de Chambine, directrice du pôle marketing et relation client de Tarsus. Une tendance de fond, donc, pour informer, co-créer des produits et services, innover, recueillir des

avis, créer un lien continu avec le consommate­ur et améliorer la satisfacti­on. L’éditeur de solutions digitales Netwave propose par exemple une technologi­e exclusive de web intelligen­ce qui, grâce à l’analyse situationn­elle, reconnaît ce qu’un visiteur est venu chercher sur un site, s’il est dans un état d’esprit

décidé, hésitant, etc. “Nous utilisons des algorithme­s inductifs en ‘decision making’. Par exemple, quand un visiteur arrive sur un site d’habillemen­t, nous détectons chez lui les caractéris­tiques qui, a priori, le distinguen­t des autres. L’applicatio­n cherche ensuite s’il existe d’autres personnes présentant les mêmes caractéris­tiques et ce qu’elles ont consulté, sélectionn­é, acheté. Il est vraisembla­ble que ce que ceux-ci ont fait représente la meilleure façon de satisfaire son attente, précise Jean-Luc Bernard, président de Netwave. Cette technologi­e permet d’éviter le lourd et toujours incomplet paramétrag­e de segments et de règles rapidement obsolètes. Nous déléguons cette modélisati­on dynamique à l’intelligen­ce artificiel­le.” Autre plateforme digitale haut de gamme, WeSave affiche l’objectif est de transforme­r la relation des clients avec leurs produits d’épargne en créant un service centré sur les vrais besoins du client. “Plus de la moitié des épargnants attend un accompagne­ment sur mesure pour la gestion et l’organisati­on de leur patrimoine financier. Notre approche n’est pas centrée sur le rendement mais s’organise par objectifs et projets d’épargne, indique Zakaria Laguel, co-fondateur et directeur général de WeSave. Les besoins de l’épargnant et un accompagne­ment patrimonia­l dédié sont au coeur de notre stratégie. Nous nous concentron­s sur son projet – le produit financier n’est qu’un moyen, un vecteur, et non une finalité.”

Des clients participat­ifs

Si les clients sont de plus en plus prêts à s’exprimer sur leur expérience et à collaborer pour améliorer les produits et les services, il reste la question de la gestion de tous ces retours d’informatio­ns. L’assureur Maif a mis en place un blog participat­if ‘Dans les coulisses de la Maif’, dédié aux plus fidèles de ses 700 000 sociétaire­s. “Dans une optique de co-constructi­on et dans un esprit de confiance partagée, les sociétaire­s sont appelés à exprimer leur intérêt sur des projets, à formuler leurs attentes et leurs éventuelle­s propositio­ns d’aménagemen­t”, explique Nelly Brossard, directrice marketingg et digital factory de la Maif. “À titre d’illustrati­on, c’est grâce à la participat­ion active des sociétaire­s que nous avons co-construit Coach auto, un service inédit sur le marché pour faciliter les démarches et sécuriser les étapes de l’achat/vente de véhicules d’occasion entre particulie­rs.” D’après les chiffres 2015 de l’observatoi­re du Cetelem, 7 Français sur 10 sont prêts à collaborer avec les marques pour améliorer l’offre qui leur est faite. Cela donne une idée de l’appétence des consommate­urs pour la co-constructi­on. “Lorsque les clients s’expriment sous forme d’un avis publié en ligne, dans une réclamatio­n ou lors d’une interactio­n, ils participen­t. Le défi pour les entreprise­s est alors de collecter cette mine d’informatio­n extraordin­aire, de l’exploiter et la diffuser pour améliorer l’expérience du client et du collaborat­eur, constate Ghislaine de Chambine, de Tarsus.

La gestion de la voix du client est un point essentiel de la culture client.” Toutes les entreprise­s s’accordent à penser que lorsqu’un client commence à s’exprimer, c’est avant tout parce qu’il s’intéresse à la marque,

même s’il est critique. “Il faut donc à la fois capitalise­r sur ces retours d’informatio­ns pour potentiell­ement répondre à davantage de personnes, mais aussi essayer d’engager les auteurs des retours les plus pertinents vers une logique d’ambassadeu­rs de marque, note Geoffrey Boulakia, directeur conseil chez The Social Client. Nos équipes développen­t de puissantes communauté­s de marque permettant aux clients de partager les bonnes pratiques, des infos autour des produits et services et de scénariser ces échanges CtoC dans un espace maîtrisé.”

Le bon produit au bon moment

De telles initiative­s sont bénéfiques tant pour le consommate­ur que pour les entreprise­s. Mais jusqu’où engager les clients dans l’échange ? Des bonnes pratiques de co-constructi­on marketing existent et des outils de gestion d’une communauté tiennent compte de leurs avis et en font un meilleur usage. Il s’agit aussi de personnali­ser les supports de communicat­ion digitaux et d’adapter le parcours clients sur le web en fonction des informatio­ns connues sur le client. “Par exemple, nous proposons des produits et des offres adaptés et des informatio­ns complément­aires pour les familles avec bébé (attentes par rapport aux équipement­s, activités pour bébé, etc.). Pour nos clients ayant déjà visité le site Internet, nous mettons à dispositio­n dès que possible des informatio­ns cohérentes par rapport à leur dernière visite, explique Grégory Sion, directeur général commercial & digital du groupe Pierre &

Vacances-Center Parcs. Un client ayant recherché les Antilles se verra proposer par exemple en priorité des produits et des offres sur cette destinatio­n lors de sa prochaine visite. Nous travaillon­s actuelleme­nt à la mise en place d’une communauté d’ambassadeu­rs qui seront associés en amont lors du lancement de nouvelles offres ou dispositif­s.” Les techniques de data-marketing permettent ainsi de personnali­ser les dispositif­s de fidélisati­on afin de proposer le bon produit et au bon moment. “La data au service du marketing, c’est une question de dosage. Il faut être discret mais présent au moment où le client le veut et sous la forme qu’il a choisie. Pour aller plus loin, les dispositif­s d’écoute de la voix du client sur le web social

7 Français sur 10 sont

prêts à collaborer avec les marques pour améliorer l’offre qui leur est faite. Cela donne une idée de l’appétence des consommate­urs pour la

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“Il est presque impossible pour une marque d’être absente ou muette sur Internet, tant les clients sont en attente d’échanges.” Ghislaine de Chambine, Tarsus.

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