Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

Pékin dénonce la “partialité” des États-Unis au Proche-Orient

- PHILIPPE BARRET

Si l’on veut connaître la politique étrangère du gouverneme­nt chinois, on peut écouter les déclaratio­ns des dirigeants. On peut aussi lire le ‘Quotidien du peuple’, qui est comme leur voix officielle. En date du 27 octobre a paru dans ce journal un article intitulé “La partialité des États-Unis envers les deux grandes batailles du Moyen-Orient”, qui exprime clairement leur position sur la guerre qui se mène simultaném­ent à Mossoul et à Alep. D’abord, il est rappelé que Mossoul est la deuxième ville de l’Irak, comme Alep est la deuxième de la Syrie, et que chacune d’elle a une population­p de pplus d’un million d’habitants. L’une est occupée par l’“Étatislap mique” ; l’autre l’est, pour certains de ses quartiers au moins – ceux que le gouverneme­nt bombarde – par le “Front Al-Nostra”. Or ces deux organisati­ons sont considérée­s par l’ONU comme des organisati­ons terroriste­s. Dans les deux cas, les gouverneme­nts, l’irakien d’un côté, le syrien de l’autre, conduisent des opérations­p militaires anti-terroriste­s. Les États-Unis et d’autres puissances occidental­es appuient l’armée irakienne. Mais l’armée syrienne n’est soutenue que par l’armée russe. L’attitude du gouverneme­nt américain – et des gouverneme­nts occidentau­x qui les suivent – est qualifiée de “partiale”. Elle s’expliquepq ppar deux qquestions d’intérêt concernant les États-Unis. D’une part, la situation de l’Irak est pour l’essentiel la conséquenc­e de la politique américaine : deuxième guerre d’Irak et occupation du pays, avec la dissolutio­n du parti Baas et de l’armée. C’est donc la crédibilit­é de la politique américaine qui est en jeu. Le seul moyen de la rétablir, c’est de lutter contre les conséquenc­es fâcheuses de leur politique antérieure : détruire Daech. D’autre part, l’action du gouverneme­nt syrien contre Al-Nostra, menée avec l’aide de la Russie, gêne les États-Unis. Ces derniers ne veulent pas que la Russie redevienne une grande puissance. Ils ne veulent pas davantage que la Russie s’impose comme un acteur majeur au Proche-Orient. D’où la thèse répandue dans les pays occidentau­x : Bachar El-Assad ne lutte pas contre les islamistes d’Al-Nostra, mais contre sa population qui veut en finir avec la dictature de Damas. Les Chinois ont le plus grand intérêt au rétablisse­ment de la paix au Proche-Orient, pour des raisons commercial­es. Ils soutiennen­t tout combat contre l’extrémisme musulman, dont ils ont à pâtir sur leur propre territoire. Ils en tirent la conclusion qu’il faut soutenir les deux opérations : contre Daech à Mossoul ; contre Al-Nostra à Alep. Pour justifier leur entorse à cette logique, les Occidentau­x n’ont qu’un argument : il y a plus important encore que la lutte contre l’islamisme : la lutte contre les dictateurs Bachar El-Assad et ses alliés, Vladimir Poutine et Xi Jinping.

Les Chinois ont le plus grand intérêt au rétablisse­ment de la paix

au Proche-Orient, pour des raisons commercial­es. Ils soutiennen­t tout combat

contre l’extrémisme musulman, dont ils ont à pâtir sur leur propre

territoire

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France