Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

Explosion des avantages catégoriel­s des fonctionna­ires en 2017

- FRANÇOIS ECALLE

Le projet de loi de finances prévoit une augmentati­on de 3,3 milliards d’euros (3,9 %)) de la masse salariale de l’État de 2016 à 2017, plus importante que la hausse constatée sur l’ensemble des années 2007 à 2012 (2,5 milliards d’euros). Elle résulte pour partie de la hausse des effectifs et de la revalorisa­tion du “point d’indice de la fonction publique”, mais aussi du coût exceptionn­el des “mesures catégoriel­les”, c’est-à-dire des mesures spécifique­s à des corps ou des ministères particulie­rs. Leur coût, alors qu’il n’avait jamais dépassé 0,9 milliard d’euros au cours des 20 dernières années, atteindra le montant record de 1,4 milliard d’euros en 2017. Environ la moitié de ce coût correspond à une hausse du traitement de base des fonctionna­ires et résulte de la réforme des grilles salariales qui servent à le fixer. L’autre moitié tient à une augmentati­on exceptionn­elle du coût des quelque 1 500 “primes et indemnités” spécifique­s à chaque corps ou ministère. Le “maquis indemnitai­re” de la fonction publique, pourtant régulièrem­ent dénoncé dans les rapports de la Cour des comptes, continue à prospérer. Ces primes et indemnités sont souvent injustes : elles peuvent être très différente­s pour des agents qui font le même travail, simplement parce qu’ils n’appartienn­ent pas au même corps ou ministère. Elles constituen­t un puissant frein à la mobilité : les fonctionna­ires qui appartienn­ent à des corps où les primes sont élevées ne veulent pas aller ailleurs. Leur fondement juridique est parfois fragile : certaines sont même illégales. Leur justificat­ion est parfois très faible : leur montant peut dépendre plus des capacités de blocage des personnels que de leurs véritables conditions de travail. Leur coût de gestion est excessif : certaines ne bénéficien­t qu’à quelques dizaines d’agents.

Louable tentative de réforme

Le gouverneme­nt a lancé en 2014 un projet d’harmonisat­ion des régimes indemnitai­res, mais le budget qui lui est consacré en 2017 est inférieur à 30 millions d’euros. Avec un budget aussi faible, aucune convergenc­e indemnitai­re significat­ive n’est envisageab­le. Cette louable tentative de réforme a été de fait abandonnée au profit d’une logique beaucoup plus traditionn­elle de corps et de ministères. C’est ainsi que les “encadrants” de la Direction générale des finances publiques vont bénéficier d’une nouvelle “prime de sujétion” et que les corps techniques du contrôle aérien ont obtenu une “améliorati­on de leur régime indemnitai­re”, alors que ces “catégories” de fonctionna­ires bénéficien­t déjà d’un statut très privilégié.

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