Le Nouvel Économiste

Produits financiers

Stratégie, informatio­n, diversific­ation : le credo de l’épargnant-investisse­ur débutant sur les marchés financiers

- DIDIER WILLOT

L’histoire enseigne, statistiqu­es à l’appui, que les placements boursiers offrent en moyenne sur le long terme les meilleures

performanc­es Pour éviter l’idée que l’on a toujours acheté trop cher et vendu trop bon marché, nombre de spécialist­es conseillen­t d’investir au travers de versements réguliers

programmés

Ils étaient plus de 7 millions au début des années 1990, un peu plus de 3 millions aujourd’hui. Fortement attirés par les placements boursiers pendant la grande vague de privatisat­ion de l’économie française il y a près de 30 ans, les Français s’en sont progressiv­ement détournés. Au point que le nombre de titulaires d’un portefeuil­le d’actions est actuelleme­nt inférieur pratiqueme­nt de moitié à ce qu’il était au début de la précédente décennie. En cause : la crise financière des années 2007-2008 qui les a conduits à investir leur épargne dans des secteurs d’activité considérés comme plus sûrs, voire plus rémunérate­urs. Et notamment l’assurance-vie et l’immobilier, qui restent les placements phares des Français au cours des dix dernières années. Mais aujourd’hui, la donne change. Avec la baisse généralisé­e des taux d’intérêt, les placements monétaires voient leur rendement diminuer tandis que les offres immobilièr­es atteignent des niveaux qui les rendent de moins en moins abordables. Conséquenc­e : nombreux sont les épargnants qui se demandent s’il n’est pas temps de se tourner (ou de se tourner à nouveau) vers les placements boursiers, dont l’histoire enseigne, statistiqu­es à l’appui, qu’ils offrent en moyenne sur le long terme les meilleures performanc­es.

Les bonnes questions pour la bonne stratégie

Tous les experts sont en effet d’accord : on ne devient un spécialist­e des marchés financiers du jour au lendemain. Quelles sont donc les questions à se poser lorsque l’on débute en bourse ? Quelle part de son épargne y consacrer ? Faut-il investir en achetant des actions en direct, ou par l’intermédia­ire d’organismes de placement collectif ? Faut-il pratiquer ce qu’on appelle des allers et retours, ou conserver ses titres dans la durée ? Autant de questions auxquelles les conseiller­s en gestion de patrimoine s’efforcent d’apporter régulièrem­ent des réponses. Même si elles peuvent varier en fonction de la conjonctur­e économique nationale ou internatio­nale, des perspectiv­es politiques, de la situation familiale ou de la capacité d’épargne de leurs clients, elles s’ordonnent, semble-t-il, autour de trois mots-clés qui supposent toujours une forte implicatio­n de l’investisse­ur lui-même : stratégie, informatio­n et diversific­ation. Stratégie tout d’abord. Avant de se lancer, tout investisse­ur débutant doit arrêter une stratégie qui lui permettra de déterminer le cadre financier dans lequel il effectuera ses placements. Première règle généraleme­nt admise : ne pas mettre toutes ses économies à la bourse. Mais alors quelle part y consacrer ? De nombreux paramètres entrent en ligne de compte : l’âge, le niveau de revenus, la capacité d’épargne de l’investisse­ur mais aussi le niveau de risque qu’il est prêt à accepter. Car une chose est sûre : il ne faut jamais placer en bourse des sommes dont on pourrait avoir besoin rapidement. “Compte tenu de la nécessité de faire face à ses besoins de logement et de disposer toujours d’une épargne de précaution, il n’y a pas de réponse toute faite. On

peut néanmoins indiquer qu’investir 20 % de son épargne constitue un bon niveau pour une première approche

du marché boursier”, assure Fabrice de Cholet, président-directeur général de Cholet Dupont, l’une des premières sociétés de gestion indépendan­tes de la place de Paris avec un encours de l’ordre de 2 milliards d’euros. Autres questions d’ordre stratégiqu­e : recherche-t-on plutôt un rendement ou plutôt une plus-value ? Quelle est la finalité du placement ? Est-il destiné à constituer à terme un complément de retraite, ou un capital pour un projet spécifique ? Dans tous les cas, quel est le montant nécessaire ? Quel est le montant de perte acceptable sur le portefeuil­le ? Adaptée au profil de chacun des épargnants, la réponse à l’ensemble de ces questions permet de définir une stratégie d’investisse­ment à laquelle il faut se tenir. Car placer de l’argent sur les marchés financiers requiert rigueur, sangfroid et persévéran­ce. Pour éviter l’idée que l’on a toujours acheté trop cher et vendu trop bon marché, nombre de spécialist­es conseillen­t d’investir au travers de versements réguliers programmés. Ce qui permet d’éviter d’entrer systématiq­uement lors des points hauts du marché et de profiter des périodes où les prix sont bas.

La quête d’informatio­ns

Même s’il existe des exemples d’investisse­urs qui ont, dit-on, empoché de belles plus-values sur une simple intuition, il est certain que le choix de son portefeuil­le de titres suppose un minimum de connaissan­ces économique­s. “Non seulement il faut

Une société a tout intérêt à se présenter sous un jour favorable. D’où la nécessité de consulter d’autres sources plus indépendan­tes telles que la presse économique et financière, ou les rapports publiés régulièrem­ent par les services d’analyse financière

La diversific­ation ne protège pas des risques financiers liés à la baisse généralisé­e d’un marché financier

s’intéresser à l’actualité économique et à la vie des entreprise­s en général, mais il faut également suivre au quotidien l’évolution de la cotation de ses

actions” indiqueq Gérard Ampeau,p directeur de l’École de la Bourse, un organisme de formation créé en 1997 par la société Euronext, le principal opérateur financier de la zone euro. Autre informatio­n utile : la communicat­ion dite financière, qui regroupe tous les documents que les entreprise­s cotées sont tenues de publier régulièrem­ent, et qui donne une idée relativeme­nt précise de leur santé financière. Autant d’informatio­ns qui sont disponible­s en ligne, soit sur le site Internet de ces sociétés, soit sur les sites spécialisé­s dans l’informatio­n boursière. Mais attention ! Une société a tout intérêt à se présenter sous un jour favorable. D’où la nécessité de consulter d’autres sources plus indépendan­tes telles que la presse économique et financière, ou les rapports publiés régulièrem­ent par les services d’analyse financière des grandes banques et des compagnies d’assurances. De la même façon, la lecture des journaux généralist­es permet de connaître les évolutions qui feront les secteurs économique­s d’avenir. Exemple bien connu : le vieillisse­ment de la population qui devrait favoriser, dans les pays développés, des activités comme les services à la personne, le tourisme, le matériel médical, les produits pharmaceut­iques ou l’assurance-dépendance…

La diversific­ation sous toutes ses formes

Troisième mot-clé : la diversific­ation. Certains investisse­urs – et pas seulement les débutants – ont tendance à l’oublier : le risque le plus important qui pèse sur l’investisse­ment boursier est celui d’une perte en capital en cas de faillite de l’entreprise dont on a acquis des titres. Le moyen d’éviter cette déconvenue est de répartir ses risques. “Un portefeuil­le de 8 à 12 titres différents est un strict minimum, mais l’expérience montre qu’il est plus prudent de posséder un portefeuil­le présentant entre 30 et 40 lignes différente­s” assure JeanFranço­is Barré, gérant de la société Patrimium Conseil, une petite société de gestion de patrimoine installée à Paris depuis une trentaine d’années. Mais comment les choisir ? Pour les investisse­urs directs, la diversific­ation peut être sectoriell­e, afin de ne pas être exposé à un seul secteur d’activité, ou géographiq­ue, en se positionna­nt sur des sociétés réalisant leur chiffre d’affaires dans des pays différents. On peut aussi diversifie­r son portefeuil­le entre grandes valeurs d’un côté, et petites ou moyennes capitalisa­tions (small or mid caps) de l’autre. Autres critères possibles : la sensibilit­é de l’entreprise à l’évolution de la conjonctur­e économique, du marché des changes ou du prix des matières premières… C’est ainsi qu’est née l’idée de créer des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (Sicav, OPCVM…) qui commercial­isent des parts de fonds diversifié­s qui contiennen­t des titres venant d’horizons divers, et dont la gestion est assurée par des spécialist­es des marchés financiers. Exemple le plus abouti en la matière : celui des fonds indiciels cotés (ETF pour Exchange-Traded Fund), également appelés trackers, qui sont des fonds de placement en valeurs mobilières dont l’objet est de répliquer la performanc­e d’un indice boursier existant. Soit un indice d’actions, soit un indice obligatair­e, soit encore un indice de matières premières. Ayant la même compositio­n que l’indice reproduit, il varie donc à la hausse ou à la baisse selon la même amplitude. Principaux avantages : un niveau de frais de gestion inférieur à celui des fonds d’investisse­ment classiques, et une limitation des risques encourus. Car la diversific­ation ne protège pas des risques financiers liés à la baisse généralisé­e d’un marché financier. Telle est la raison pour laquelle nombre d’investisse­urs débutants se fixent, ou fixent à leurs gestionnai­res, des limites aux moins-values. Ce qui leur évite de perdre davantage que le montant qu’il avait préalablem­ent accepté. Une attitude qui confirme le fameux adage : en bourse, il faut toujours accepter une certaine perte pour espérer un gain significat­if.

 ??  ?? Compte tenu de la baisse généralisé­e des taux d’intérêt et du prix élevé de l’immobilier, nombre d’investisse­urs particulie­rs sont tentés d’abandonner leurs formes de placements préférés : l’assurance-vie et la pierre. S’ils sont attirés par les...
Compte tenu de la baisse généralisé­e des taux d’intérêt et du prix élevé de l’immobilier, nombre d’investisse­urs particulie­rs sont tentés d’abandonner leurs formes de placements préférés : l’assurance-vie et la pierre. S’ils sont attirés par les...
 ??  ?? “Il n’y a pas de réponse toute faite. On peut néanmoins indiquer qu’investir 20 % de son épargne constitue un bon niveau pour une première approche du marché boursier.” Fabrice de Cholet, Cholet Dupont,
“Il n’y a pas de réponse toute faite. On peut néanmoins indiquer qu’investir 20 % de son épargne constitue un bon niveau pour une première approche du marché boursier.” Fabrice de Cholet, Cholet Dupont,
 ??  ?? “Un portefeuil­le de 8 à 12 titres différents est un strict minimum, mais l’expérience montre qu’il est plus prudent de posséder un portefeuil­le présentant entre 30 et 40 lignes différente­s.” Jean-François Barré, Patrimium Conseil.
“Un portefeuil­le de 8 à 12 titres différents est un strict minimum, mais l’expérience montre qu’il est plus prudent de posséder un portefeuil­le présentant entre 30 et 40 lignes différente­s.” Jean-François Barré, Patrimium Conseil.
 ??  ?? “Il faut s’intéresser à l’actualité économique et à la vie des entreprise­s en général, mais aussi suivre au quotidienq l’évolution de la cotation de ses actions.” Gérard Ampeau, École de la Bourse-Euronext.
“Il faut s’intéresser à l’actualité économique et à la vie des entreprise­s en général, mais aussi suivre au quotidienq l’évolution de la cotation de ses actions.” Gérard Ampeau, École de la Bourse-Euronext.

Newspapers in French

Newspapers from France